Histoire du Japon
départements et bureaux réguliers constitués selon le code de Taihô, et de permettre que des décisions soient prises arbitrairement par les plus puissants courtisans. Au-dessous du régent, mais à un niveau encore très influent échappant au contrôle des chefs de département et des conseillers, se trouvait une institution appelée Kurando-dokoro, qui fut d’abord une sorte de secrétariat du palais s’occupant des affaires et de la cassette personnelles de l’empereur. Le kurando (le mot signifie quelque chose comme « officiers du Trésor ») était à l’origine responsable des biens et des archives privés du souverain, mais sans aucun pouvoir dans le domaine administratif. Cependant, en 810, alors qu’un empereur abdicataire (Heijô) conspirait pour reprendre le trône, à des fins de secret et comme une mesure temporaire, le souverain régnant donna des ordres et prit certaines dispositions non pas par les canaux habituels mais par l’entremise d’amis sûrs, que, dans ce but, il nomma au secrétariat.
C’est à partir de là que le Kurando-dokoro devint peut-être l’organe particulier le plus important du gouvernement, remplissant la plupart des fonctions du Nakatsukasa, ou bureau médiateur, qui, selon le code de Taihô, était le premier des huit ministères de l’État, chargé notamment des relations entre le souverain et les services purement exécutifs. Les devoirs de son ministre comprenaient l’examen des rescrits et édits impériaux, et impliquaient une connaissance intime des idées et des intentions de l’empereur. Mais à la fin du ixe siècle, le Kurando-dokoro était devenu une institution permanente, très appréciée des dictateurs Fujiwara, qui pouvaient grâce à lui éviter la routine administrative et gouverner selon leur volonté. L’influence du nouvel organe était telle qu’il attirait les gens les plus doués, qui pouvaient être sûrs d’atteindre un poste élevé. Il en vint à être officiellement connu sous le nom de Jöryümon, ou Porte du Dragon ascendant.
Une autre création, tout aussi caractéristique, fut celle du Kebiishi-chô, branche spéciale de la police métropolitaine adjointe à l’état-major des Gardes ( Emon-fu ) aux environs de 810, alors que les troubles qui régnaient dans la capitale et a ^x alentours nécessitaient un travail de police particulier. Comme on l’a vu, c’était l’année où la conspiration de l’ex-empereur Heijô valut un surcroît de pouvoir au Kurando-dokoro. La nouvelle troupe de police se révéla efficace et devint alors une organisation indépendante plus vaste, chargée de dépister et d’arrêter les criminels. En 816, on commença de nommer officiellement des kebiishi (commissaires de police) à titre régulier, et par la suite, son action prompte et efficace conféra au nouvel organisme une importance croissante. Bientôt, il exécuta la plupart du travail policier que le ministère de la Justice et ses organes traditionnels n’avaient pas su effectuer de façon satisfaisante. Le chef du Kebiishi-chô était d’ordinaire un haut fonctionnaire, et des assistants spécialement qualifiés occupant d’autres postes, militaires et civils, étaient mis en disponibilité pour collaborer avec lui. Du point de vue du cercle intérieur du palais, leur travail était accompli avec tant d’efficacité que les opérations du Kebiishi-chô furent étendues à la province. Parallèlement, il commença à remplir des fonctions judiciaires, avec un personnel ayant une formation juridique. On raconte que, dans certaines provinces, les kebiishi exerçaient un pouvoir excessif, se moquaient des gouverneurs, empiétaient sur la compétence des autorités locales et opprimaient le peuple. Dans maintes régions, le désordre semble avoir exigé des mesures draconiennes, et justifié ainsi une certaine extension de leurs fonctions originelles. Dans des provinces plus reculées, le banditisme et la piraterie causaient de tels ravages qu’il fallut recruter localement une espèce de gendarmerie pour assister la police régulière. Ses agents étaient censés être nommés à titre temporaire, mais dans les zones les plus troublées, leur fonction se perpétua. Ils étaient en étroit contact avec les kebiishi, grâce auxquels ils prirent une importance et une autorité qui n’avaient pas été prévues. Ici encore, nous voyons un organe extra-légal né de la nécessité engendrer d’importantes fonctions permanentes
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