Histoire du Japon
brillants âgés de treize à seize ans, issus des familles des princes et des nobles du cinquième rang et au-dessus, et un certain nombre de places étaient également allouées aux membres des familles de lettrés qui avaient traditionnellement servi l’État. Dans les provinces, l’entrée était réservée aux parents des gouverneurs de district (« gunshi »).
Il n’y avait donc pas de possibilités d’études pour les fils des classes inférieures, et quoique des efforts aient été tentés (par Kûkai et autres maîtres bouddhistes) pour fonder des écoles privées, ceux-ci n’eurent que peu de succès. En réalité, malgré bien des encouragements, il n’y avait pas suffisamment de gens capables pour enseigner dans les provinces, et l’on vit certains kuni no hakase (directeurs de collèges provinciaux) qui, à trente ans, n’avaient pas le moindre diplôme, et d’autres qui étaient nommés sur un simple examen de lecture. Enfin, certains enseignants provinciaux ne remplissaient pas leurs fonctions, préférant encaisser leur salaire et rester chez eux.
Mais dans la capitale, l’enthousiasme était général. Les grands clans Ion-dèrent des collèges à l’intention de leurs garçons, qui y résidaient tout en allant à l’université. Ainsi, les Fujiwara (Fuyutsugu) construisirent le Kan-gaku-in, qu’ils fournirent en livres et dotèrent largement. Dans l’ensemble, le traitement des lettrés s’améliora, et l’on reconnut leur importance. On dit qu’un grand ministre (Fujiwara Otsugu) démissionna parce qu’il ne connaissait pas le yin-yang de façon suffisante pour remplir convenablement sa charge. On raconte même qu’un autre ministre Fujiwara descendait de cheval lorsqu’il croisait des étudiants. Ce genre d’anecdotes montrent du moins que le savoir était respecté, et (quoiqu’on puisse dire qu’une bonne partie de la doctrine confucéenne n’était pas du goût japonais) il ne fait pas de doute que certains membres de la classe dirigeante se laissèrent convaincre que le gouvernement devait suivre les principes confucéens et que, dans la vie privée, la loi de la piété filiale devait être considérée comme le fondement de toute morale. Cette dernière croyance était si puissante que l’empereur Nimmyô se prosternait chaque jour devant sa mère, face au nord, comme un sujet devant le trône.
La compilation et la révision des lois, la rédaction de commentaires, et même la composition de vers et de prose, étaient des tâches d’inspiration confucéenne. Parmi les grands noms de l’époque (outre les poètes déjà mentionnés) figurent ceux de juristes tels que Kiyowara Natsuno, auteur du Grand Commentaire sur les codes (Ryô no gige), mais aussi du lettré-homme d’État Miyoshi Kiyotsura (847-918), qui était féru de culture chinoise et ennemi du bouddhisme. On lui doit un mémoire célèbre attirant l’attention de l’empereur sur les abus courants, qu’il impute souvent à la cupidité du clergé bouddhiste, mais sans épargner pour autant les officiers de la cour et les prêtres shintoïste’. C’est l’un de ces confucianistes d’esprit élevé et rigoureux qu’on retrouve tout au long de l’histoire du Japon, appelant en prose chinoise une réforme politique et sociale.
Lorsqu’on évalue l’importance du savoir chinois au Japon, il ne faut pas oublier qu’il ouvrait les portes de la fonction publique. Dans le chapitre traitant des nominations et des promotions, le code administratif (de Yôrô, en vigueur à partir de 757) recommande comme sujets d’examen d’attitude certaines parties d’ouvrages classiques comme le Zhouli, le Zuochuan, le Shi-jing, les Entretiens et le Classique de la piété filiale. Cela, au niveau le plus élevé. Quant aux examens ordinaires (« shinshi »), ils exigeaient une parfaite connaissance du Wenxuan, le candidat devant réciter et analyser des extraits de divers chapitres. Ces règles étaient les mêmes que celles des codes chinois, et il est intéressant de relever l’importance accordée à la poésie chinoise. Il semble que, dans les deux pays, l’accent mis sur le Wenxuan était tel qu’un étudiant qui en connaissait bien le contenu était considéré comme ayant à moitié réussi ses examens.
Bien qu’à l’époque du Keikokushû (la dernière des trois anthologies officielles de poèmes en chinois) le genre poétique du Wenxvan ne fût plus en faveur et que les Japonais
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