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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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comprendre les classiques, étaient désormais en mesure d’écrire des histoires, des poèmes et des lettres intimes dans un style proche de la langue quotidienne. C’est à ces circonstances que l’on doit des œuvres aussi importantes que le Taketori monoga-tari, une sorte de conte de fées qui parut peu après l’interruption des missions en Chine, et le Kokinshü, ou Recueil d’hier et d’aujourd’hui, la grande anthologie de poésie indigène composée après le Manyöshü.
    Ce serait une erreur que de chercher à ce nouveau mouvement des causes très définies. Il était naturel qu’il y eût avec le temps des signes de réaction contre la supériorité chinoise. Le nouveau syllabaire ne créa pas une tendance nouvelle, mais il rendit possible, et de fait inévitable, une littérature indigène en donnant un moyen d’expression nécessaire. Toutefois, il ne faut pas imaginer que la littérature chinoise passa de mode pour autant. Il n’y eut certes plus d’anthologies de poèmes écrits en chinois par des Japonais, mais la poésie chinoise demeura populaire, et Bai Juyi en particulier connut au Japon un très vif succès grâce à son style aisé, coulant et naturel. La littérature japonaise fait souvent allusion à un recueil de ses œuvres connu sous le titre de Hakushi monjü. Dans le classique qu’est le Roman de Genji, lorsque Genji part en exil, c’est, parmi les quelques livres qu’il choisit d’emporter, celui qu’il juge indispensable. C’était l’ouvrage en vers le plus admiré des personnes de goût, mais aussi, il faut bien le dire, des gens à la mode. Bai Juyi fut largement imité, et un écrivain japonais de l’époque laisse entendre que, dans leur engouement pour les maîtres chinois, ses compatriotes ont copié leurs faiblesses sans leurs mérites, et qu’on trouve ainsi dans leurs œuvres la « légèreté » de Yuan Zhen et la « banalité » de Bai Juyi, mais sans le talent de l’un ni de l’autre.
    Cette accusation n’est pas sans fondement, mais il ne fait aucun doute que les grands poètes de la Chine, et notamment ceux de l’époque Tang, eurent sur la littérature japonaise un effet bénéfique d’une portée considérable, lui donnant plus de variété et de profondeur qu’elle n’en avait auparavant. On retrouve dans maints vers japonais l’écho des grands maîtres chinois, et la plupart des critiques s’entendent à reconnaître que, pour ce qui est du sentiment et de la manière, la prose japonaise est redevable elle aussi aux écrivains chinois connus au Japon au ixe et au xe siècle. Parfois, la langue du grand roman qu’est le Roman de Genji semble inspirée de certains poèmes de Bai Juyi, notamment le célèbre Éternelle douleur , auquel il est fait allusion dans le premier chapitre. On dit même que l’épisode entier du chagrin de l’empereur à la mort de Kiritsubo, sa maîtresse bien-aimée, est basé sur l’œuvre de Bai Juyi, qui traite de la mort de la belle Yang « guifei », maîtresse de l’empereur de Chine. En tous les cas, l’auteur du Genji aime à montrer qu’elle connaît la littérature chinoise, bien qu’il lui arrive de parler – et qui pouvait le faire mieux qu’elle ? – en faveur du style indigène, et de se moquer de ce qui est prétentieux et « chinoisant ».
    Le passage suivant donnera une idée de son style :
    « Kono goro ake-kure goranzuru Chô-gonka no on-ye, Teiji-in no kakashita-maite Ise, Tsurayuki no yomasetamaeru Yamato kotonoha wo mo Morokoshi-uta wo mo tada sono suji wo zo makuragoto ni nasasetamau. »
    A cette époque, c’était le désir de Sa Majesté d’étudier matin et soir une image de l’Éternelle douleur, le texte écrit par Teiji no In avec des poèmes d’Ise et de Tsurayuki, à la fois dans la langue du Yamato et dans celle des hommes d’outre-mer ; et l’histoire de ce poète était le sujet ordinaire de ses propos.
    D’après la traduction d’Arthur Waley.
    On notera que, à part deux noms propres, ce passage ne renferme aucun mot chinois.
    Quant à des récits comme le Taketori monogatari et Vise monogatari, on trouve sans peine des ouvrages chinois auxquels ils ressemblent, et dont il se peut qu’ils soient inspirés. Les historiens de la littérature s’efforcent de découvrir des sources, et il ne devrait pas leur être difficile de prouver que toute œuvre en prose japonaise doit quelque chose à un modèle chinois. Mais ce qui importe ici, c’est

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