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Histoire du Japon

Titel: Histoire du Japon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Sansom
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pouvoir, le Trône resta au cours des siècles l’arbitre de l’élégance en matière de littérature et de comportement. C’est pour de telles raisons que la compilation d’histoires nationales aussi bien que de codes de lois était considérée comme une tâche gouvernementale essentielle, accomplie sur l’ordre du souverain.
    Alors qu’il n’y a pas d’anthologies de vers chinois d’auteurs japonais commandées avant l’empereur Saga, trois recueils célèbres se succèdent alors – le Ryôunshû (815), le Bunka shüreishü (vers 818) et le Keikokushü (827) –, qui sont aussi les derniers écrits en chinois sur commande impériale. Ils sont suivis en 922 par le grand Kokinshü, une anthologie de vers japonais ; le plus important de tous les recueils de poésie indigène, le Manyöshü, ayant été achevé après 750, il semble que le goût de la poésie chinoise ait pendant un siècle dominé la scène littéraire, et cela sans doute sous l’influence des empereurs Saga et Junna. Le Ryôunshû fut composé à la demande de Saga par un groupe de lettrés et de connaisseurs, qui soumirent leur choix à son approbation. En Chine, les empereurs commandaient ce genre de recueils depuis fort longtemps, et Saga imita certainement leur exemple. Le mot ryôun signifie « touchant les nuages » et traduit l’idée d’excellence. Dans cet ouvrage, les pièces sont classées selon le rang de l’auteur. Plusieurs sont de l’empereur Heijô, ainsi que de Saga et de son jeune frère Junna. Ensuite viennent des poèmes du chef de la famille Fujiwara et d’une vingtaine d’autres nobles.
    Les deux recueils suivants sont du même type. La liste de leurs sujets donne une certaine idée du registre et de la nature du sentiment poétique :
    Banquets Histoire
    Musique
    Religion (idées bouddhistes)
    Séparations
    Vues
    Chagrin
    Regrets Amour
    Réception et envoi de cadeaux
    Cette classification est pratiquement la même que celle de la grande anthologie chinoise Le Wenxuan (Monzen en japonais) qui était bien connue au Japon au vine siècle et joua un rôle important dans la formation du goût national. Les trois recueils de vers chinois d’auteurs japonais classés par rang social sont très symboliques de l’esprit qui régnait alors dans la classe dirigeante, petit groupe suivant les modèles littéraires et philosophiques de la Chine, mais obstinément attaché à sa conception aristocratique.
    Des signes de luxe et de prodigalité se manifestent dès le début du ixe siècle en dépit des principes de rigueur défendus par les moralistes confucéens qui, en règle générale, n’étaient pas suffisamment puissants pour imposer leur pureté de conduite à une classe supérieure désœuvrée amoureuse du plaisir. Cependant, le savoir était tenu en haute estime, comme il l’a toujours été depuis lors. En plus des talents poétiques mentionnés plus haut, l’empereur Saga était un grand calligraphe, Junna excellait en écriture cursive, et le prince héritier Tsunesada, non content de les imiter, était un lecteur inlassable. Par ailleurs, ces monarques étaient musiciens. Ils tenaient à ce que leurs fils aient une éducation soignée, ainsi qu’en témoignent les études du prince héritier, qui comprenaient l’histoire, le bouddhisme (à la fois courant et ésotérique), la littérature chinoise, la calligraphie et la musique, le tout avec les plus grands professeurs. Nous savons même de quelle façon il écrivait : son pinceau avait « l’ossature » de Saga et la « chair » de Junna.
    Sans doute les historiens exagèrent-ils, mais il n’en reste pas moins que les courtisans suivirent l’exemple donné par les souverains, voyant le fin du fin dans l’étude du bouddhisme ou du confucianisme, voire un peu des deux, considérant que l’écriture et la musique étaient des grâces indispensables. Leur enthousiasme était en bonne partie affaire de mode, mais à part la contrainte de la rivalité sociale, il y avait dans l’air un goût réel pour le savoir, et pour le savoir tel que le prônaient les maîtres de la société Tang. Le système d’éducation défini par les codes prévoyait un collège central (« daigaku »), qu’on peut qualifier d’université, dans la capitale, avec un maximum de quatre cents étudiants, et un collège provincial (« kokugaku ») dans chacune des provinces, avec entre vingt et cinquante étudiants. Les étudiants devaient être des garçons

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