Histoire du Japon
de sa mort. Au milieu du ix e siècle, la branche nord (Hokke) avait pris l’avantage sur les autres tant sur le plan de la richesse qu’en matière de pouvoir politique. Les membres des autres clans s’installèrent alors en province, où ils devinrent guerriers, ou restèrent dans la capitale, occupant des postes mineurs. L’habitude de marier des filles Fujiwara dans la famille impériale remontait à l’époque de Nara. Dans l’Antiquité, l’impératrice était censée être de sang royal, mais l’empereur Shômu fut marié à la troisième fille de Fubito, qui, par la suite, devint elle-même l’impératrice Kômyô.
En règle générale, les Fujiwara arrivèrent à leurs fins non par la violence, mais en recourant constamment aux pressions politiques qu’ils étaient en
mesure d’exercer grâce à leurs liens matrimoniaux avec le Trône, ou à leur grande richesse et à l’influence qui en découlait en province, où leurs propriétés se multiplièrent rapidement. Ils étaient très conscients de l’importance que revêtait la terre comme source de pouvoir, et ils agrandirent leurs domaines grâce à la protection qu’ils pouvaient offrir aux petits propriétaires disposés à placer leurs champs sous leur « garde ». Presque toujours, la terre est la clé de l’histoire politique du Japon.
Yoshifusa, qui épousa une fille de l’empereur Saga, fut le premier Fuii-wara à devenir régent. Il dirigea les affaires de l’État en tant que sesshô (régent pour un mineur) de 858 à 872, le souverain étant alors Seiwa, qui monta sur le trône à l’âge de neuf ans.
Il convient de relever que Seiwa fut le premier empereur enfant, et le premier souverain mâle placé sous la tutelle d’un régent. De son côté, Yoshifusa fut le premier régent à ne pas être de sang impérial.
Il fut suivi par son neveu Mototsune, qui fut régent durant la minorité de Yôzei puis devint kampaku, ou dictateur civil, et le resta jusqu’à sa mort, en 891. C’était une charge qui, contrairement à la véritable régence (la charge de sesshô), ne se limitait pas aux périodes de minorité ou d’incapacité. C’était une réelle dictature, le kampaku donnant des ordres comme s’il était l’empereur, dont il était censé être le porte-parole. Mototsune était un homme de beaucoup de talent et de force de caractère – en réalité, le premier des grands autocrates Fujiwara. Son ascension fut rapide. Il est intéressant de noter qu’il était secrétaire du Kurando-dokoro quand le jeune empereur Seiwa fut intronisé, en 858, car ce poste conférait à son titulaire un grand avantage politique. En 877, lors de l’avènement de Yôzei, mineur, l’empereur Seiwa, abdicataire, ordonna que Mototsune demeurât régent 13 .
Mototsune eut des difficultés avec Yôzei, qui était fou et criminel. Il quitta ses fonctions pour protester mais les reprit bientôt et s’efforça de purger la cour de certains de ses éléments les plus indésirables. Yôzei fut contraint d’abdiquer en 884, alors qu’il avait dix-sept ans, et le vieux monarque qui lui succéda abandonna à Mototsune le soin de gouverner. L’empereur mourut en 887, et, faute d’autre prétendant, il fut, très exceptionnellement, remplacé par un prince qui n’était pas de mère Fujiwara. Il régna sous le nom d’Uda entre 887 et 897. Il n’aimait pas le comportement autoritaire de Mototsune. Celui-ci était devenu kampaku en 880, et, tout en « ordonnant » qu’il continuât d’assumer cette fonction, Uda s’offusquait de sa dictature et tenta contre lui des manœuvres de toutes sortes. Mais le régent était un maître de la stratégie politique et sociale, et le souverain dut s’incliner, laissant à Mototsune son titre et son pouvoir de kampaku jusqu’à sa mort, en 891. Cette épreuve de force était nécessaire au prestige de la maison Fujiwara, car l’empereur avait obtenu le soutien de certaines familles qui souffraient de la position dominante du clan du régent. Parmi les mécontents se trouvaient un Tachibana, un Minamoto, et le célèbre Sugawara Michizane, dont la chute devint une nécessité pour les Fujiwara.
Après le décès de Mototsune, dont le fils Tokihira avait alors vingt ans, personne ne fut nommé au poste de kampaku, et l’on put croire pendant quelques années que la famille impériale s’était débarrassée des dictateurs.
Règnes des empereurs en titre durant la période des régents
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