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Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Titel: Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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des victoires de
Chebreiss, des Pyramides, de Sédiman, de Thèbes, de Beyrouth, du
Mont-Thabor, de l’expédition de Syrie, de la dernière bataille
d’Aboukir, des proclamations de Bonaparte, membre de l’Institut
national, général en chef…, etc., etc !
    Tout cela nous avait rapporté grand-chose.
    Mais de la destruction de notre flotte, de
l’horrible pillage de Jaffa, du massacre des prisonniers et des
habitants de cette malheureuse ville ; de l’épuisement de
notre armée, de la peste qui la décimait, des dangers qui la
menaçaient du côté de la mer et du désert, pas un mot. Que
voulez-vous ? la comédie, toujours la comédie ! Et puis
l’ignorance, la bêtise épouvantable du peuple ; la bassesse
des écrivains qui se vendent pour flagorner et glorifier ceux qui
leur graissent la patte ; la lâcheté de la foule, qui ne peut
vivre sans maître ; l’égoïsme de ceux qui veulent avoir part
au gâteau ; qu’on appelle cela chance, bonheur, génie, comme
on voudra, tout cela réuni fait que les nations deviennent la proie
des êtres rusés et cruels, qui les méprisent et les traitent à
coups de botte et de cravache.
    Enfin l’enthousiasme du peuple grandissait,
quand, juste un mois après le retour de Bonaparte, on lut dans le
Moniteur :
    Bonaparte, général en chef, aux citoyens
composant la garde sédentaire de Paris
    « Du 18 brumaire an VIII de la République
une et indivisible.
    » Citoyens,
    » Le conseil des Anciens, dépositaire de
la sagesse nationale, vient de rendre le décret ci-joint. Il y est
autorisé par les articles 102 et 103 de l’acte constitutionnel.
    » Art. 1 er . Le Corps
législatif est transféré dans la commune de Saint-Cloud ; les
deux conseils y siégeront dans les deux ailes du palais.
    » Art. 2. Ils y seront rendus demain 19
brumaire, à midi. Toute continuation de fonctions, de délibération
est interdite ailleurs et avant ce terme.
    » Art. 3. Le général Bonaparte est chargé
de l’exécution du présent décret. Il prendra toutes les mesures
nécessaires pour la sûreté de la représentation nationale. Le
général commandant la 17 e division militaire (c’était
alors Lefèvre), la garde du Corps législatif, les gardes nationales
sédentaires, les troupes de ligne qui se trouvent dans la commune
de Paris, dans l’arrondissement constitutionnel, et dans toute
l’étendue de la 17 e division, sont mis immédiatement
sous ses ordres et tenus de le reconnaître en cette qualité. Tous
les citoyens lui prêteront main-forte à sa première
réquisition.
    » Art. 4. Le général Bonaparte est appelé
dans le sein du conseil, pour y recevoir une expédition du présent
décret et prêter serment. (À quoi ?) Il se concertera avec les
commissions des inspecteurs des deux conseils.
    » Art. 5. Le présent décret sera de suite
transmis par un message au conseil des Cinq-Cents et au Directoire
exécutif ; il sera imprimé, affiché, promulgué, et envoyé dans
toutes les communes de la République par des courriers
extraordinaires. »
    Bonaparte continuait :
    « 
Le conseil des Anciens me
charge de prendre les mesures pour la sûreté de la représentation
nationale ; sa translation est nécessaire et momentanée. Le
Corps législatif se trouvera à même de tirer la représentation du
danger imminent, où la désorganisation de toutes les parties de
l’administration nous conduit. Il a besoin, dans cette circonstance
essentielle, de l’union et de la confiance des patriotes.
Ralliez-vous autour de lui ; c’est le seul moyen d’asseoir la
République sur les bases de la liberté civile, du bonheur
intérieur, de la victoire et de la paix.
    » 
Vive la République !
    »  Bonaparte.  »
    » Pour copie conforme,
    » ALEXANDRE BERTHIER. »
    Ensuite arrivait une proclamation de Bonaparte
aux soldats :
    « Soldats,
    » Le décret extraordinaire du conseil des
Anciens est conforme aux articles 102 et 103 de l’acte
constitutionnel.
Il m’a remis le commandement de la ville et de
l’armée.
    » Je l’ai accepté, pour seconder les
mesures qu’il va prendre,
et qui sont tout entières en faveur
du peuple.
    » La République est mal gouvernée depuis
deux ans. Vous avez espéré que mon retour mettrait un terme à tant
de maux ; vous l’avez célébré avec une union qui m’impose des
devoirs que je remplis. Vous remplirez les vôtres, et vous
seconderez votre général avec l’énergie, la fermeté et la

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