Histoire Romaine
les
bâtiments de la métairie anglo-saxonne équivalaient à un dixième du domaine, il
faut, en tenant compte, et de la différence du climat, et de la contenance de l’ heredium romain de 2 jugères [ou 5 a. 4 cent.], décider que la charrue romaine (ou
domaine plein) devait être égale à environ 20 jugères [ou 5 hect. 40 cent., le
jugère valant, comme on sait, hect. 0, 252]. Regrettons d’ailleurs de n’avoir
rien à apporter ici que des conjectures. La tradition même est muette.
[78] Il convient de noter une autre analogie. La
constitution servienne rappelle singulièrement le régime sous l’empire duquel
vivaient les métœques de l’Attique. Athènes a fait de bonne heure comme la cité
romaine. Elle a ouvert ses portes aux simples domiciliés, puis les a fait
contribuer aux charges publiques. Que si l’on ne veut point admettre l’existence
de certaines relations plus ou moins directes entre les deux villes, encore
faudra-t-il reconnaître combien les mêmes causes, – la centralisation et les
progrès de la Cité, – amènent partout et toujours, les mêmes résultats
politiques.
[79] Tite Live, V, 46 ; VIII, 9.
[80] Les antiques évocations et dévotions contre Gabies et
Fidènes sont aussi à noter (Macrobe, Saturnales , 3, 9). A vrai dire, on
ne trouve trace nulle part, et il nous semble hautement improbable, qu’il ait
été jamais dressé contre ces villes une formule [ carmen ] pareille à
celles qui se réfèrent à Véies, Carthage ou Frégelles. Très probablement, les
deux villes tant haïes ont été mentionnées après coup dans quelque vieille
formule, ou les antiquaires romains auront ensuite cru découvrir un document
historique.
[81] Mais je ne vois nul motif de douter, avec tel grave
critique moderne, du fait même de la destruction d’Albe. Assurément, le récit
des historiens n’offre qu’un tissu d’invraisemblances et d’impossibilités ;
il en est toujours ainsi des faits historiques enveloppés dans la légende. Quelle
fut l’attitude du Latium pendant la lutte ? Question oiseuse et sans
intérêt certain. Ne l’avons-nous pas fait voir ailleurs ? La fédération
latine n’interdisait pas, ce semble, la guerre individuelle entre deux fédérés.
Soutiendra-t-on que la transportation à Rome d’un certain nombre de familles
albaines serait en contradiction avec la destruction de la ville d’Albe par les
Romains ? Mais d’abord, pourquoi n’y aurait-il pas en là, comme à Capone
plus tard, un parti favorable à Rome ? La question est tranchée, suivant
moi, par cette circonstance, que Rome s’est toujours dite l’héritière d’Albe
dans les choses de la religion et de la politique : une telle prétention
ne saurait se concilier avec l’introduction de quelques familles albaines
seulement dans la cité : elle n’a pu se fonder et ne s’est fondée, en
effet, que sur une véritable conquête.
[82] C’est sur ces bases que se forma le système des
colonies maritimes et civiles ( colonia civium Romanorum ). Séparées de
fait de la métropole, ces colonies demeuraient légalement et politiquement dans
sa dépendance : elles n’avaient point de volonté à elles, et elles se
fondaient dans la capitale, comme le pécule du fils se fond dans le patrimoine
du père. Elles étaient d’ailleurs affranchies du service militaire, mais à
titre de garnisons permanentes.
[83] Pomœrium ( pone murum ) espace consacré
en dedans et en dehors du mur d’enceinte, et sur lequel il était interdit de
bâtir. – Il y avait là une véritable zone de servitude militaire et religieuse.
– V. Aulu-Gelle, 13, 14.
[84] De là est venue sans nul doute la disposition qu’on
lit dans la loi des Douze Tables : Nex (i mencipiique) forti sanatique
idem jus esto : suivant laquelle, dans les relations du droit privé, la
loi est la même (mot à mot) pour l’homme fort et pour l’homme guéri. Il ne
pouvait s’agir ici des alliés latins, dont l’état légal était régi par des
traités d’alliance : les XII Tables d’ailleurs ne règlent que le droit
romain proprement dit : les Senates sont donc évidemment les Latini
prisci cives romani anciens Latins (devenus citoyens romains), ceux que les
Romains avaient amenés des pagi latins, et dont ils avaient ainsi fait des
plébéiens.
[85] Il paraît même que la cité de Bovilles a été formée d’une
fraction de l’ancien territoire albain, et qu’elle est entrée dans la ligue des
villes latines
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