Histoire Romaine
dans les émancipations et les adoptions .
Des deux côtés nous voyons, maintenue dans toute sa rigueur la règle de l’indivisibilité
substantielle des pouvoirs du haut fonctionnaire. Tenons-le donc pour certain :
les tribuns consulaires, plébéiens comme patriciens, ont reçu virtuellement et
dans leur entier la puissance judiciaire, et la puissance militaire, ou mieux, la
pleine puissance de magistrature, pour ne point établir ici ces distinctions
abstraites inconnues des Romains de ces temps. Mais j’admettrai volontiers
comme probable l’opinion mise en avant par Becker ( Handb : [ Manuel ],
2, 2, 137). Suivant lui, et par la même raison qui a fait que, plus tard, la
préture patricienne est venue se placer à côté du consulat désormais ouvert à
tous, on a vu dans la pratique de l’institution du tribunat consulaire les
membres plébéiens du collège tribunitien, demeurer étrangers aux fonctions
judiciaires et sous ce rapport un partage des attributions, qui se réalisera, dans
les temps ultérieurs, entre les préteurs et les consuls.
[224] On a prétendu qu’en luttant pour l’exclusion des
plébéiens, la noblesse obéissait à des préventions purement religieuses. Mais c’est
méconnaître entièrement la religion de Rome, que d’aller ainsi transporter dans
l’antiquité l’idée moderne de la séparation de l’Église et de l’État. Il se
peut qu’aux yeux du Romain orthodoxe l’admission du non citoyens aux actes de
sa religion civile eût été chose condamnable, mais ce même Romain n’a
jamais hésité a accorder l’égalité religieuse la plus complète à tout individu
reçu dans la communauté politique par l’État, à qui seul il appartenait de
conférer les droits civiques. Tous ces scrupules de conscience, quelque
honorables en-soi qu’ils pussent être, disparaissaient nécessairement, dès qu’on
faisait, pour les plébéiens pris en masse ce que l’on avait fait jadis pour
Appius Claudius ; dès qu’à l’heure opportune on les admettait tous au
patriciat. La noblesse en s’opposant d’abord à l’égalité civile, ne se préoccupait
pas le moins du monde d’une question de conscience pieuse : bien plus, on
la vit parfois, sans prendre garde même à des opinions et a des préjugés qu’elle
froissait, sans nul doute admettre les non citoyens aux actes privilégiés de la
vie civile, tandis qu’elle refusait la péréquation des droits aux citoyens de l’ordre
inférieur.
[225] Jus imaginum .
[226] Sella curulis , de currus , char . V.
Smith, Dict .
[227] De ambitu .
[228] Gabies , à douze milles de Rome, non loin de Lago
di Castiglione : Libici , non loin de Tusculom , près du
lieu aujourd’hui appelé Colonna .
[229] Ut legum quœ comitiis centuriatis ferrerentur ante
initum suffragium patres auctores fierent . La loi Mœnia en décida
autant pour les élections : Ante auctores fieri .
[230] V. dans les Rœmische Forschungen (Études
romaines), tout récemment publiées par M. Mommsen, le chap. relatif à la gens
Claudia , I, p. 285 et suiv. – Nous donnons à l’appendice du présent volume
un extrait d’un autre et savant travail appartenant au même ouvrage sur le partage
des droits politiques entre les deux ordres, partage dont les résultats
viennent d’être sommairement exposés.
[231] Mais posséder le salinum et la patera d’argent,
qui se transmettaient ensuite de père en fils, était l’ambition, même des plus
pauvres. – Valer. Max. IV, 4, 3. – Tite-Live, XXVI, 36. – V. Rich. Dict. des
antiq. His V is .
[232] La pauvreté des consulaires d’alors, pauvreté tant
vantée, comme on sait, dans les recueils d’anecdotes morales des temps
postérieurs, est loin d’avoir été ce qu’on l’a faite. A cet égard, on interprète
à faux, tantôt les habitudes frugales des anciens temps, lesquelles se
conciliaient très bien avec la possession d’une fortune considérable ; tantôt
l’antique et noble usage de consacrer aux funérailles des hommes ayant bien
mérités de la patrie, le produit d’une collecte spéciale ; comme s’il y
avait eu là rien qui ressemblât au convoi du pauvre ! – Ajoutez à cela les
récits fantastiques imaginés par les chroniqueurs à l’occasion de l’origine des surnoms (V. par ex. Serranus ), surchargeant d’une multitude d’ineptes
contes les annales sérieuses de l’histoire de Rome. [Le surnom de Serranus ,
suivant la tradition, avait été donné à C.
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