Histoire Romaine
haut de laquelle les orateurs parlaient aux citoyens (les rostres , rostra , plus tard) furent dressées sur la place même, qui, en se
prolongeant vers la Vélie, devint le Marché neuf ( forum Romanum ).
A l’ouest, sous le Palatin, s’élevait la maison publique, demeure officielle
des rois d’abord ( Regia ), renfermant et le foyer sacré de la cité,
et la rotonde du temple de Vesta. Plus loin, au sud, s’élevait un second
bâtiment, aussi de forme ronde, le trésor de la cité , ou le temple
des Pénates , debout encore, et qui sert aujourd’hui de vestibule à l’église
des SS. Cosma e Damiano . La pensée qui présida à l’organisation de la
ville neuve, si différente de l’ancienne association des habitants primitifs
cantonnés sur les sept monts, fut donc une pensée essentiellement unitaire. A
côté et au-dessus des foyers sacrés des trente curies que la Rome palatine s’était
contentée de réunir sous un même toit, la ville servienne, par une institution
caractéristique de la fusion et de l’unité opérées, avait construit un foyer
central et commun [95] .
Aux deux côtés longs du Forum, étaient les boutiques des marchands et les
étalages dés bouchers. Entre l’Aventin et le Palatin avait été réservé un vaste
emplacement pour les courses : là, fut le Cirque. Sur tous les sommets se
voyaient des temples et des sanctuaires : sur l’Aventin, notamment, s’élevait
le temple fédéral de Diane, et sur la hauteur du Capitole, le temple dominant
au loin, de Diovis , père des Romains ( pater
Diovis , Diespiter ), auteur de la grandeur de son peuple, et
qui, de même que Rome levait la tête au-dessus des nations environnants, triomphait,
lui aussi, au-dessus de leurs dieux vaincus. – Les noms des hommes qui
présidèrent à ces constructions grandioses se sont perdus dans la nuit des
temps, comme aussi les noms des généraux qui commandaient les armées romaines
aux jours de leurs premières et plus anciennes victoires. La légende a voulu
les rattacher successivement aux divers rois : la Maison du conseil ,
ou Curie à Tullus Hostilius ; le Janicule et
le pont de bois à Ancus Marcius ; le grand égout, le cirque,
le temple de Jupiter à Tarquin l’Ancien ; le temple de Diane,
la nouvelle enceinte, à Servius Tullius . Il peut y avoir là
beaucoup de choses vraies : la nouvelle enceinte et le nouveau système
militaire, si importants pour la défense des murailles de la ville, appartiennent
sans doute à un même temps et à une même main. Mais il serait téméraire de
demander à la tradition au delà de ce qu’elle peut donner : qu’on se
contente de voir Rome se refondre et se renouveler au moment même où sa
puissance s’étend dans le Latium, et où sa milice civique vient d’être
réorganisée. Une seule et même grande pensée a bien dirigé tous ces changements ;
mais ils n’ont été ni l’oeuvre d’un seul homme, ni l’oeuvre d’un seul siècle. Notons
un autre fait considérable : l’influence hellénique a visiblement marqué
tous ces travaux de son empreinte. Il n’est pas possible d’en douter un seul
instant ; alors cependant qu’on ne saurait dire ni comment, ni jusqu’où, elle
s’était fait jour au sein de la cité romaine. Déjà nous l’avons vue se
manifester dans le système militaire de Servius ; nous la verrons plus
loin inspirer jusqu’aux détails des jeux du cirque. Le palais du roi avec le
foyer de la cité n’est autre que le Prytanée des Grecs ; le temple de
Vesta, avec sa rotonde tournée à l’est, et que les augures n’ont jamais
consacrée, n’offre rien d’italique dans l’ordonnance sacramentelle de sa
construction : ici, les rites grecs ont été certainement suivis. Enfin, suivant
une antique et vraisemblable tradition, la ligue romano-latine se serait
modelée sur la ligue ionienne de l’Asie-Mineure ; et le nouveau temple
fédéral de l’Aventin n’aurait été qu’une imitation de l’ Artemisium d’Éphèse.
Chapitre VIII – Les
Races ombro-sabelliques – Commencements des Samnites.
Les migrations des races ombriennes paraissent avoir
commencé plus tard que celles des Latins. Comme ces derniers, les Ombriens ont
marché vers le sud, mais en se tenant davantage au centre ou le long de la côte
occidentale de la Péninsule. On éprouve un sentiment de tristesse en parlant de
ces peuples, dont le nom nous arrive comme le son des cloches d’une ville
engloutie sous les flots.
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