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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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être franc avec vous, dis-je en
posant ma main d’un geste lent et ostensible sur la poignée de ma longue épée.
J’ai besoin d’un renseignement que vous seule possédez, et je suis prêt à tout
pour l’obtenir.
    — En voilà un imbécile !
s’exclama-t-elle en reculant sur sa chaise d’un air ironique. Que vous soyez
bourgeois, chevalier ou même roi de France, vous êtes un sot, monsieur. Si vous
croyez me faire peur avec ce geste infantile ! Ces fanfaronnades sous mon
toit vont vous coûter très cher, croyez-moi, et vous risquez de repartir les
mains vides !
    Son attitude me dérouta. Bien entendu, je
n’avais pensé à aucun moment utiliser mon arme, mais j’avais espéré que ce
geste l’effrayerait et la mettrait dans une position de faiblesse pendant notre
conversation. Je m’étais trompé. Elle profita aussitôt de ma déconvenue.
    — Mais qu’est-ce que vous attendez ?
Parlez donc. Vous ne comptez tout de même pas passer toute la nuit ici ?
    — Ne nous disputons plus. J’accepte ma
défaite, dis-je en souriant, optant pour un rapide changement de tactique.
    Ses traits sémites (yeux noirs et petits, nez
aquilin, front large) se conjuguaient harmonieusement avec tous ses autres
traits surprenants (cheveux blancs, peau laiteuse et taches de rousseur
infinies). Sara était réellement d’une beauté troublante. Je me surpris à
caresser des pensées pécheresses allant contre mon voeu de chasteté qui
m’interdisait tout commerce avec les femmes, et je dus faire un énorme effort
pour les éloigner de mon esprit. Sara me regarda longuement avec mépris, et je
fus de nouveau déconcerté. Je réagis rapidement.
    — Voilà. J’ai appris que vous aviez préparé
la bougie empoisonnée qui a mis fin aux jours de Guillaume de Nogaret.
    Sara ne desserra pas les lèvres. Elle continua à
me regarder de la même façon.
    — Vous m’avez entendu ?
    — Je vous ai entendu. Et alors ?
Qu’est-ce que vous voulez, que je pleure ou que je tremble de peur ?
    Le choucas se mit aussitôt à hurler :
    — Que je tremble de peur ! Que je
tremble de peur !
    Jonas fit un tel saut sur son tabouret qu’il
faillit tomber.
    — C’est l’oeuvre du diable !
s’exclama-t-il en reprenant son équilibre.
    — Votre fils n’est pas très courageux,
dites donc... Avoir peur d’un oiseau !
    Je ne pus m’empêcher à mon tour de sursauter.
Cette maudite femme était-elle une vraie sorcière ? Elle commençait à
m’inquiéter sérieusement.
    — Jonas n’est pas mon fils, madame, c’est
mon écuyer, et si cela ne vous ennuie pas, j’aimerais revenir à notre affaire,
elle me paraît bien plus importante que vos commentaires ou ceux de votre
choucas.
    — Je vous ai déjà dit que je vous écoutais.
    — Très bien, je vais essayer d’être plus
clair. Avez-vous préparé le poison qui a tué Guillaume de Nogaret ?
    — Pourquoi devrais-je répondre à cette
question ?
    — Combien voulez-vous en échange de la
vérité ?
    — Des écus d’or ou des florins du
pape ? demanda-t-elle d’un ton malicieux.
    — Des écus d’or.
    — Deux.
    — Très bien. Avez-vous préparé le poison
qui a tué Guillaume de Nogaret ?
    — Non. Et maintenant posez sur la table les
deux écus.
    Je tirai une bourse de ma ceinture et en sortis
quatre écus que je posai sur la table.
    — Savez-vous qui aurait pu le faire ?
    Sara demeura pensive ; elle regarda les
pièces avec convoitise mais quelque chose semblait la retenir.
    — Reprenez votre argent, monsieur. Je ne
répondrai pas à cette question.
    — Je suis têtu, vous savez.
    Elle sourit puis haussa les sourcils d’un air
sceptique, mais garda le silence.
    — Avez-vous déjà travaillé pour Mahaut
d’Artois ? repris-je.
    — Je travaille pour beaucoup de personnes,
mais si ce que vous voulez savoir est si j’ai un lien particulier avec elle, la
réponse est : « Non ». Tous ceux qui viennent me voir finissent
par s’imaginer, je ne sais pas pourquoi, que je suis à leur service, mais,
ajouta-t-elle en riant, ce n’est pas le cas. Je n’ai ni maître ni maîtresse,
donc je vous le répète : je ne travaille pas pour Mahaut d’Artois. Je lui
ai rendu quelques services, elle m’a généreusement dédommagée, mais c’est tout.
    Je posai de nouveau deux écus sur la table.
    — Parmi ces services, il n’y avait pas
celui d’empoisonner Guillaume de Nogaret ?
    — Non. Mahaut d’Artois est bien

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