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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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Pour en revenir à Atlas, il fut condamné par Zeus, dieu de l’Olympe,
à soutenir la voûte du ciel sur ses épaules.
    — Mais tout ce dont vous êtes en train de
me parler, n’est-ce pas de l’hérésie ? m’interrompit Jonas. Comment
osez-vous affirmer que ces êtres étranges, ces géants, étaient des dieux ?
Il n’existe qu’un seul Dieu véritable, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui mourut
sur la croix pour nous sauver.
    — Certes, mais avant que notre Rédempteur
ne s’incarne dans le ventre de la Sainte Vierge, les hommes croyaient
sincèrement, avec la même foi que nous, en d’autres dieux tout aussi puissants.
Bien avant les dieux grecs ou romains, il en existait d’autres encore dont on a
à peine gardé le souvenir, et avant cela, mon cher Jonas, il n’existait qu’un
seul Dieu.
    — Notre-Seigneur Jésus-Christ.
    — Mais non ! Un dieu qui en réalité
était une déesse : Megalas matros, Magna Mater  : la Terre
que l’on vénère encore aujourd’hui en secret dans beaucoup d’endroits sous le
nom d’Isis, Tanit, Astarté, Déméter...
    — Mais que dites-vous là ? s’écria
Jonas, effrayé, s’écartant de moi. Vous ne parlez pas sérieusement ! Une
femme !
    Je souris sans rien ajouter. Cette première
leçon me paraissait suffisante.
    — Revenons à notre message. Manrique
indique à Evrard de suivre le chemin de la Voie lactée pour arriver aux
royaumes d’Atlas. Mais ce n’est pas si simple. Comme le dit le message même, la
Voie lactée se divise en deux avant de disparaître dans l’océan Atlantique.
Comment lui fait-il savoir lequel des deux il doit suivre ?
    — Est-ce que cela a quelque chose à voir
avec le « grand pardon » ?
    — En effet. Le grand pardon est ce Chemin
que des milliers de pèlerins parcourent en suivant une des « queues »
de la Voie lactée, le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, apostolus christi iacobus.
    — Evrard devait quitter la France par les
Pyrénées et parcourir le chemin de Compostelle ?
    — Voyons, réfléchis un peu. Les Templiers
ont fui en masse au Portugal. Je pense d’ailleurs que Manrique doit s’y trouver
actuellement. Il n’y a que deux manières d’arriver au Portugal : par mer
ou par terre en traversant les Pyrénées et les royaumes chrétiens d’Espagne.
Evrard n’était pas en condition d’affronter un long voyage hasardeux en bateau
risquant de brusques coups de tempête. Cela l’aurait achevé. Par contre, malgré
la lenteur et les incommodités de la voie de terre, il aurait pu s’arrêter pour
se reposer quand il en avait besoin ou être soigné par de bons médecins, et
même mourir entouré de ses propres compagnons. Car les Templiers qui ont
apparemment renoncé à leurs voeux pour pouvoir rester près de leurs anciennes
commanderies sont fort nombreux.
    — Bien. Manrique se trouve au Portugal et
Evrard, qui n’a pas pu s’échapper, doit l’y retrouver ; cela ne me dit
toujours pas pourquoi il fallait utiliser le chemin de Saint-Jacques ?
    — À cause du « Taureau » bien
sûr.
    — Que vient faire un taureau dans cette
histoire ?
    — Le taureau, cher enfant, est la réponse à
la seconde mission que je devais remplir : découvrir l’or des Templiers
qui s’est volatilisé si mystérieusement. Mendoza fait savoir à son compagnon
qu’il ne s’inquiète de rien, il le supplie de fuir, de sortir rapidement de
France en utilisant la voie qu’il estime la plus sûre : le chemin de
Saint-Jacques-Evrard l’aurait sans doute fait déguisé en pèlerin malade en
quête d’un miracle. Chemin tout au long duquel le taureau, le Taurus, c’est-à-dire le Tau aureus, l’aurait protégé.
    — Tau aureus  ? répéta
Jonas d’un ton perplexe.
    — Le Tau, ou « T » grec,
expliquai-je, le signe de la Croix et le signe de Vaureus, de l’or.
    Uimago mundi dessiné par
Evrard prenait subitement tout son sens. Ce parchemin, qui était resté entre
les mains de Sara malheureusement, ne contenait pas, comme je l’avais d’abord
pensé, des signes d’une importance vitale pour comprendre le message. Ce qu’il
présentait mis en évidence, c’était la clé du code, cette terre divisée en
forme de « T », de Tau. C’était ça le signe. À la lumière de ce
nouveau détail, je compris que je m’étais trompé : la main qui avait tracé
la carte du monde et écrit la liste de dates en hébreu n’était pas celle
d’Evrard mais celle de

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