Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
Vom Netzwerk:
Manrique qui faisait ainsi parvenir à son compagnon la
piste du « Tau ». Ce détail éclairait un autre fait : Sara, dont
j’étais certain qu’elle ne savait pas lire comme elle me l’avait dit, reconnaissait
parfaitement l’écriture de son cher Manrique. Ce qui expliquait son désir de ne
conserver que ces deux documents.
    — Le signe de l’or ! s’exclama Jonas.
L’or des Templiers !
    — En effet, affirmai-je en reprenant le fil
de la conversation, ils ont dû cacher leur or ou une partie du moins tout au
long du chemin de l’apôtre. Evrard, qui connaissait probablement les cachettes
ou la manière de les trouver, était autorisé à utiliser ces richesses pour
parvenir en parfaite condition au Portugal, avec l’aide de ses frères qui
vivent sans office ni bénéfice, non loin de leurs anciens châteaux, forteresses
ou commanderies en faisant semblant de se maintenir en marge des conflits qui
ont abouti à la destruction de leur ordre alors qu’en réalité ils protègent ces
trésors.
    — Quand le pape et votre grand maître vont
savoir tout ça... ! s’écria Jonas, les yeux brillants.
     
    Jean XXII et Robert d’Arthus Bertrand
m’écoutèrent avec beaucoup d’attention durant la longue heure que dura mon
récit. De temps en temps, mes deux interlocuteurs m’interrompaient d’un
commentaire qui ne m’était pas destiné. J’appris ainsi qu’à leurs yeux la
lettre de Manrique accusant son ordre des crimes, la preuve fondamentale que le
pape m’avait demandée, devait être détruite au plus vite. Comme je m’y attendais,
après avoir pris connaissance des faits, Jean XXII décida qu’il lui fallait
absolument donner son approbation à la création du nouvel ordre militaire
sollicité par le roi du Portugal.
    Apparemment, en mon absence, les Hospitaliers et
le pape avaient resserré leurs liens et s’étaient découvert un intérêt
commun : l’or du Temple. Je suppose que mon étonnement puis mon évidente
indignation devant certaines de leurs questions contraignirent frère Robert à
me donner une petite explication.
    La bulle Ad providam dictée par
Clément V lors du procès des Templiers ordonnait à l’ordre des Hospitaliers,
principal bénéficiaire des biens Templiers après la suspension de leur ordre,
de verser, grâce aux revenus procédant de ces mêmes biens, d’importantes rentes
aux principaux responsables Templiers qui s’étaient réfugiés dans d’autres
royaumes chrétiens que la France pour échapper aux persécutions. Ainsi,
m’expliqua frère Robert, l’ordre de l’Hôpital devait verser à vie d’importantes
sommes d’argent à des centaines d’anciens Templiers sans que l’ordre, l’Église
ou la royauté n’aient reçu la totalité des biens qui leur revenaient puisque
les Templiers les avaient fait disparaître.
    Jean XXII songeait donc sérieusement à édicter
une nouvelle bulle qui annulerait celle de Clément V en échange d’une
importante quantité de fonds versée au trésor pontifical. Trouver l’or du
Temple, cet or qui, selon mes informations, se trouvait partiellement caché
tout au long du chemin de Compostelle revêtait une importance vitale.
    Jamais je n’aurais cru, pas même dans mes pires
cauchemars, trouver des hommes aussi cupides à des postes aussi sacrés et
importants. Dans leurs yeux brillaient l’avarice, le désir d’accumuler des
richesses. L’ordre des Hospitaliers était pourtant devenu le plus puissant
d’Europe après la disparition des chevaliers du Temple de Salomon. Ce n’était
pas ainsi que je concevais l’idéal d’une confrérie mise au service des
nécessiteux et des malades dans un esprit de générosité universelle. Bien sûr,
depuis que j’avais quitté ma retraite de Rhodes, j’avais eu vent de la renommée
d’usurier et d’avare que s’était gagnée Jean XXII. Il avait rempli la ville
d’Avignon de banquiers, de commerçants et de changeurs. On disait qu’il était
entouré d’une cour bien plus somptueuse et riche que celle de tout autre
monarque. On l’accusait de vendre ses bulles en échange de fortes rétributions.
Je n’avais pas voulu prêter attention à ces rumeurs, mais l’avidité qui se
reflétait dans les yeux du pape me laissait penser que j’avais eu tort. Le
pire, c’est que l’on pouvait en dire tout autant du grand commandeur de France.
Pendant un instant, mon indignation me conduisit à envisager très sérieusement
d’écrire au sénéchal de

Weitere Kostenlose Bücher