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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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noms ?
    — Je suis Galcerán de Born, pèlerin de
Compostelle, et voici mon fils Garcia. Monsieur est notre compagnon de voyage.
    — Très bien. Attendez-moi ici, dit-il avant
de disparaître derrière des tentures.
    Jonas me regarda, déconcerté. Je levai les
sourcils pour lui indiquer ma perplexité, et il haussa les épaules. Il
terminait à peine sa mimique que le rideau s’écartait devant... Sara, qui nous
contempla, l’air hébété.
    — Mais... mais comment est-ce
possible ! s’exclama-t-elle en criant presque.
    — Sara, enfin ! dis-je dans un éclat
de rire. Mais où avez-vous laissé votre choucas bavard ?
    — Il est resté à Paris, chez une voisine à
qui j’ai vendu tous mes accessoires de magie.
    Elle souriait. Quel sourire charmeur ! Je
la contemplais, ensorcelé. Je remarquai qu’elle portait ses cheveux en chignon
entouré d’une résille, que sa peau nacrée avait acquis un joli ton doré dû sans
doute au voyage, et que ses grains de beauté et taches de rousseur étaient
toujours à leur place. Comme chaque fois que je me trouvais en sa présence, je
devais exercer un terrible contrôle sur mes émotions.
    Je me rendis compte soudain que j’étais
exactement dans la situation que j’avais voulu éviter quand je retrouverais
Sara. Elle savait que Jonas était mon fils mais avait promis de le traiter
comme l’écuyer qu’il croyait être réellement. Mais, d’un autre côté, Personne
croyait, lui, que Jonas était mon fils, comme c’était la vérité. Que
faire ? Je devais rapidement prendre la situation en main avant que ne se
produise un faux pas irréparable.
    — Et voici mon fils Garcia, vous vous
souvenez bien de lui, Sara ?
    Elle me regarda d’un air interloqué, mais
c’était une femme perspicace ; quand elle me vit diriger imperceptiblement
mon regard vers le vieil homme, elle réagit comme je l’espérais.
    — Je suis heureuse de vous revoir, Garcia,
répondit-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour toucher de la main la
tête de Jonas. Je vois que vous avez continué à pousser, vous êtes déjà aussi
grand que votre père !
    — Et moi je suis heureux que vous n’ayez
pas apporté votre sale oiseau, répliqua Jonas.
    Malgré la brusquerie de ses paroles, son sourire
et le rouge vermillon de ses joues montraient toute la joie qu’il éprouvait à
retrouver Sara.
    — Et cet homme, Sara, dis-je en poursuivant
les présentations, est Personne, notre compagnon de voyage. C’est grâce à sa
générosité que nous avons pu vous retrouver.
    — Quel nom curieux ! D’où vous
vient-il ?
    — Don Galcerán m’a ainsi baptisé, répondit
le vieil homme. J’ai un autre nom, bien sûr, crut-il bon de préciser, plus
approprié à ma condition de voyageur et de commerçant. Mais comme celui-là me
plaît, si cela ne vous ennuie pas trop, appelez-moi ainsi.
    — Bien. Chacun est libre de s’appeler comme
il veut.
    — Et vous, Sara ? dis-je sans cesser
de la regarder, que faites-vous par ici ?
    — C’est une histoire bien longue, et
pourtant cela fait si peu de temps que nous nous sommes quittés à Paris. Mais
je vous la raconterai plus tard. Pour l’instant, dites-moi si vous avez dîné et
si vous voulez partager avec moi l’humble table des Ben Maimon.
    — Malheureusement, nous avons déjà dîné,
répondis-je, regrettant amèrement de ne pas avoir laissé mes compagnons à
l’auberge.
    À part proposer de faire ensemble le chemin
jusqu’à Burgos, je n’avais aucune bonne excuse pour prolonger notre entretien
avec Sara. Il était impossible que je lui raconte l’objectif de notre voyage,
pas plus qu’elle ne pouvait m’expliquer le motif du sien. L’unique solution
était de fixer un rendez-vous ultérieur, quand j’aurais réussi à me débarrasser
de mes compagnons. Par bonheur, Sara eut la même idée : alors que nous lui
faisions nos adieux en promettant de nous revoir le lendemain à la porte de la
boutique, elle s’arrangea pour me glisser subrepticement à l’oreille qu’elle
m’attendrait plus tard à la porte du marché quand le garçon et le vieil homme
seraient endormis.
    Peu avant minuit, la respiration régulière de
Personne et les murmures incohérents de Jonas m’indiquèrent que le moment était
venu de quitter la chambre pour me rendre au rendez-vous fixé par Sara. Je
traversai la ville en me cachant des patrouilles nocturnes et parvins aux
portes du marché. Je distinguai alors dans la

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