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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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chouettes. La petite lueur de ma chandelle de suif vacillait
sous la brise froide qui secouait le bosquet par rafales. J’avais beau porter
sur moi la dague que le comte m’avait laissée sur l’oreiller, je n’en menais
pas large et me sentis soulagé en parvenant enfin au vieux monastère et à la
tombe de santa Oria.
    Quelques planches de bois couvraient l’entrée de
la crypte maintenant ouverte puisque le mur avait été abattu. Des tas de
décombres s’amoncelaient autour, et l’endroit était désert, comme si un
maléfice avait vidé la terre de tous ses habitants. Le sol était creusé à l’intérieur
de la cellule, et quelques échelles de bois avaient été apposées contre les
parois. Je me penchai et pus voir une petite salle complètement vide excepté
quelques cordes de chanvre abandonnées. Ce maudit comte n’avait pas voulu
attendre pour s’emparer du trésor !
    — Geoffrooooooy ! hurlai-je à pleins
poumons dans la nuit, submergé par un sentiment de rage et d’impuissance.
    Mais j’avais beau suffoquer d’indignation,
étouffer de colère, seul le silence me répondit.
     
    À mon retour, je ne donnai aucune explication à
mes compagnons qui mouraient d’envie pourtant de savoir ce qui s’était passé et
quelle était la cause de ma mauvaise humeur ; je les ignorai et m’enfermai
dans un mutisme hermétique. C’est en silence que je repris le Chemin le
lendemain. Je ne cessais de réfléchir à ce qui s’était passé. Le pape et mon
ordre valorisaient-ils si peu ce que je faisais ? Avait-on donné des
instructions à cet idiot de comte pour qu’il agisse dans mon dos, me méprisant
et me traitant comme un laquais ? Que s’imaginaient-ils, que j’allais
voler l’or ? Je me retrouvais donc comme au début : les mains vides à
cause de l’aveuglement et de l’avarice de ceux qui attendaient confortablement
à Avignon le résultat de mon travail. Peut-être n’y avait-il rien parmi les
richesses trouvées dans la cellule qui eût pu servir mon enquête, mais si tel
n’était pas le cas ? Et si ce stupide comte avait détruit un détail
important ? Ma colère ne servait à rien. De toute façon, le mal était
fait.
    Je m’arrêtai à Santo Domingo de la Calzada pour
prier avec Jonas devant le sépulcre du saint comme le voulait la tradition du
pèlerinage. La sérénité qui régnait dans l’église ramena le calme dans mon coeur
agité. Je profitai de cette brève séparation d’avec Sara pour mettre Jonas au
courant des événements. Après m’avoir écouté sans m’interrompre, il demeura
silencieux tout en contemplant le poulailler où étaient enfermés un coq et une
poule au plumage blanc en commémoration d’un miracle réalisé par le saint qui
ressuscita un innocent injustement pendu. Puis, il baissa la tête et me
dit :
    — Je le regrette, mais vous avez
raison : le comte n’est qu’un laquais aux ordres du pape. D’après ce que
nous savons de lui, il serait incapable de faire le moindre geste sans en avoir
reçu l’ordre. Que Dieu me pardonne de penser du mal du pape, mais je crois que
le comte n’a fait qu’obéir aux ordres !
    Jonas était vraiment étonnant ! En
l’écoutant ainsi parler, j’avais le sentiment d’avoir un homme en face de moi
et non un adolescent. Il pouvait si bien passer de l’un à l’autre sans
prévenir ! Pourvu que le résultat final de ce cycle de transformations
soit aussi admirable que ce que je pouvais en pressentir maintenant.
    — Ce qui démontre une fois de plus,
ajoutai-je en poursuivant son raisonnement, que l’on nous utilise pour mener
une entreprise peu digne et peu honorable.
    À cet instant, de manière inespérée, le coq se
mit à chanter. Une rumeur qui enfla peu à peu se fit entendre dans l’église. Je
regardai Jonas, étonné, puis tournai la tête, cherchant la cause de ce brouhaha
soudain. Un vieux Lombard vêtu en pèlerin nous sourit :
    — Le coq a chanté ! s’exclama-t-il
dans sa langue natale. Tous ceux qui l’ont entendu auront de la chance sur le
Chemin !
    Le vingt et un septembre, jour de l’équinoxe,
nous quittions la ville par le pont qui enjambait le fleuve Oja pour nous
diriger vers Redecilla del Camino. Il nous fallut passer Belorado, Tosantos,
Villambistia, Espinosa et San Felices en pataugeant dans des flaques, avançant
péniblement sur un chemin pierreux qui détruisit nos sandales de cuir pour
arriver, après avoir passé le fleuve Oca, à

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