Il était une fois le Titanic
distinguait avec un taux de 82 %, mais c’était une exception. Et l’auteur de La Nuit du Titanic de souligner la cupidité des compagnies, plutôt que la simple observation d’une réglementation obsolète 278 .
Les armateurs étaient désormais placés devant leurs responsabilités. Et les navigants n’attendirent pas l’adoption d’une nouvelle loi pour exiger les transformations qu’imposait la crise du Titanic . C’est ainsi que, dès l’été 1912, l’ Olympic fut mis sur cale chez Harland & Wolff pour y subir différents travaux, tels que l’augmentation de la hauteur du double-fond ou le prolongement des compartiments étanches jusqu’au pont principal. Le Britannic , encore en construction, fut en outre doté de bossoirs capables de supporter six canots chacun et de ballasts censés le maintenir à flot avec six compartiments inondés. Il sera lancé le 26 février 1914.
On tira bien d’autres leçons du naufrage en matière de sécurité. Tout d’abord, des exercices de sauvetage obligatoires devaient désormais avoir lieu dès le début du voyage pour tous les passagers et membres d’équipage, afin de leur attribuer une place précise à bord des embarcations et d’éviter toute confusion et toute panique à bord. Le 2 juin 1912, on lisait à ce propos dans le supplément du Petit Journal : « Une leçon de prudence s’est dégagée de la catastrophe du Titanic . Depuis lors on fait, sur les paquebots des diverses compagnies européennes, des exercices d’embarquement dans les canots de sauvetage. Et c’est une sage précaution qu’on ne peut qu’approuver. On ne doit pas effrayer les passagers, mais il est plus dangereux de leur cacher le danger que de le leur montrer sans exagération et de les armer contre lui. Agir autrement, c’est imiter l’autruche […].
Les voyageurs ne sont pas des enfants. Ils savent bien que les bateaux, si perfectionnés qu’ils soient, si parfaites que soient leurs cloisons étanches, sont toujours à la merci d’un abordage dans le brouillard ou d’une tempête qui les jettera sur un récif. Mieux vaut donc les conduire à se préparer intelligemment et courageusement en pareil cas, que de les tenir dans une ignorance funeste pour eux-mêmes autant que pour les autres. »
Par ailleurs, des appareils de communication radio équiperaient toutes les embarcations de sauvetage accueillant plus de cinquante personnes.
Une nouvelle route, plus au sud que la précédente, fut en outre adoptée pour la saison des glaces dérivantes dans l’Atlantique Nord. Une patrouille internationale fut également instituée pour prévenir les navires du danger. D’abord dévolue à l’US Navy, cette mission de localisation et d’observation des icebergs dans la région des Grands Bancs de Terre-Neuve reviendra aux gardes-côtes américains à dater de la Conférence de Londres en 1913 279 .
Néanmoins, les mesures prises pour conjurer les conséquences du naufrage du 15 avril ne résolvaient en rien les causes de l’accident. À peine satisfaisaient-elles aux premières revendications d’une opinion traumatisée.
Pour tenter de comprendre la succession des événements ayant conduit à la collision avec l’iceberg, il faut donc se pencher sur d’éventuels manquements lors de l’aménagement du bateau et sur les négligences qu’aurait pu commettre l’équipage du Titanic dans les jours qui précédèrent le drame. Malheureusement, ces erreurs se présentent essentiellement comme une série de questions sans réponses.
Arrêtons-nous un instant sur l’affaire des jumelles que les vigies ne trouvèrent pas à leur place dans le nid-de-pie. Alors
qu’elles devaient être rangées dans une boîte fermée à clé, elles étaient introuvables après l’escale de Southampton. Peut-être emportées, a-t-on dit, par l’officier qui avait quitté le bord après avoir été remplacé à la dernière minute. Or il n’a jamais été répondu à la question de savoir ce qu’elles étaient devenues ou qui les avait subtilisées. Pourquoi ? Le détail était-il jugé sans importance ? Handicapé par la nécessité de scruter l’horizon à l’œil nu, Frederick Fleet aurait peut-être aperçu l’iceberg à temps s’il en avait été pourvu le soir du 14 avril. Mais tout le monde n’est pas d’accord sur le bien-fondé de l’utilisation des jumelles en pareille circonstance.
Il s’agit là de l’infime partie d’un tout cohérent, d’un détail
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