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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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apparemment insignifiant lorsqu’il est pris isolément. Mais s’il s’ajoute à d’autres violations mineures, négligeables en tant que telles, c’est toute l’organisation d’une traversée transatlantique qui peut être remise en cause. Et sa sécurité prise en défaut.
    À l’affaire des jumelles on peut ajouter le départ précipité de Belfast, qui a contraint d’écourter les essais en mer. Signée dans la précipitation, la précieuse autorisation de naviguer donnée par les experts du Board of Trade n’a pas permis de mesurer certaines insuffisances dont souffrait probablement le navire : la taille du safran, par exemple, et sa manœuvrabilité relative en raison de sa longueur et de son déplacement. Là encore, cette transgression n’impliquait pas de faire courir des risques inconsidérés aux passagers, sauf à s’additionner à d’autres impondérables, de façon sournoise et improbable a priori .
    La licence privée donnée à la société Marconi pour toutes les communications radiotélégraphiques du bord est l’une des raisons qui bloquèrent la transmission normale et régulière des informations dans les jours et les heures qui précédèrent la collision. Certes, le cahier des charges de la société stipulait que la sécurité du navire l’emportait sur toute considération économique et financière. Mais c’était faire bien peu de cas de la réalité et des usages en vigueur
depuis l’embarquement de la TSF à bord des paquebots commerciaux. La suite des événements l’a prouvé.
    D’autres erreurs liées au manque d’organisation à bord du Titanic lors de son voyage inaugural contribuèrent sans doute à ce qu’un accident, contestable d’un point de vue statistique, survînt au cours de la traversée. On ne peut inclure dans cette liste les questions climatiques ou de cap, qui n’entrent pas dans la mésaventure spécifique du Titanic  ; elles sont en effet génériques et concernaient l’ensemble de la navigation maritime dans l’Atlantique Nord durant la semaine du 10 avril 1912. En revanche, l’interprétation de ces conditions incombait au commandant et à ses officiers dans les deux heures qui précédèrent la collision, puis au moment du choc.
    Dans un registre différent, le fait qu’on ait omis de calculer la position du navire le dimanche de l’accident ne fut pas sans conséquences. Contraint de faire le point dans la précipitation au moment de lancer le premier message de détresse, le lieutenant Boxhall s’était en effet trompé dans ses estimations. Cette imprécision sur la localisation du Titanic aurait pu se révéler gravissime pour la survie des naufragés, si les secours avaient tardé à les trouver. Cette négligence n’eut pas en elle-même une portée dramatique, mais elle dénonce une nouvelle faille dans l’organigramme de la traversée, un maillon faible de plus à imputer au commandement. Surpris que la traditionnelle réunion journalière des officiers n’ait pas eu lieu le dimanche 14 avril, Henry Lang reste convaincu que la menace des icebergs aurait dû pousser le capitaine Smith à plus de vigilance 280 . Et ce spécialiste du management d’ironiser sur le fait qu’on n’oublia pas, en revanche, de se réunir pour discuter de la composition des menus…
    L’insouciance et la légèreté semblent donc avoir prévalu durant la courte navigation qui conduisit le Titanic à sa perte. Nous ne reviendrons pas sur le comportement des
officiers de quart à la passerelle au moment de la collision : il a suscité de nombreux commentaires, sur les ordres de barre en particulier. Mais on soulignera l’absence du capitaine Smith à ce moment critique de la journée : s’il ne constituait pas une faute caractérisée au regard des usages, ce comportement concède à la rumeur bien des critiques sur son insouciance. Certains parleront même d’indolence et de désinvolture aggravée.
    Ce fut peut-être à l’heure la plus grave, celle où tout pouvait encore se jouer, durant les minutes interminables de mise à la mer des canots de sauvetage, que les hommes du Titanic dans leur ensemble perdirent la dernière occasion de tromper la marche du destin. À cet exercice non plus l’équipage n’était pas entraîné. C’est à peine s’il savait manier les bossoirs qu’on venait d’installer. D’une conception résolument moderne, ils étaient d’une robustesse à toute épreuve et pouvaient aisément supporter le poids

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