Il fut un jour à Gorée
anti-esclavagiste. En revanche, le Sud, comprenant entre autres le Mississippi, l’Alabama, la Géorgie, la Caroline, le Texas, pratiquait l’esclavage.
En 1860, l’élection d’Abraham Lincoln à la présidence des États-Unis mit le feu aux poudres : cet homme était un anti-esclavagiste réputé ! Très vite, sept États du Sud refusèrent cette élection et firent « sécession » : ils se séparèrent de l’Union et se constituèrent en une Confédération indépendante possédant son armée et son drapeau. La cause de l’esclavage avait coupé le pays en deux.
La guerre de Sécession – c’est le nom que l’Histoire lui a donné – éclata en avril 1861. Très vite, quatre autres États vinrent se joindre à la sécession sudiste. Vingt-trois États nordistes se trouvaient face à onze États sudistes.
Ce fut une guerre violente, qui ravagea le Sud. Dans les troubles du conflit, les esclaves désertèrent en masse les plantations, cherchant à gagner le Nord où ils espéraient mener une vie plus digne. On pense qu’ils furent un demi-million à rejoindre les troupes du Nord afin de se battre, aux côtés des Blancs, contre les États esclavagistes. On vit se lancer dans la bataille des régiments entiers formés de soldats noirs. Les armes à la main, ces esclaves libérés retournaient dans le Sud qui les avait tant fait souffrir… Les esclavagistes luttaient pour maintenir intact un monde qui s’effondrait dans le feu et la poudre ; les troupes noires pour imposer un monde nouveau. Les affrontements furent sanglants.
Malgré l’horreur des combats, Lincoln ne céda pas. En pleine guerre, le 1 er janvier 1863, fut mise en place l’émancipation des esclaves dans les États rebelles. Les propriétaires restés fidèles aux Nordistes, et disposés à libérer leurs esclaves, recevaient une indemnité de trois cents dollars par tête. Enfin, le 31 janvier 1865, un amendement à la Constitution américaine rendait l’esclavage illégal sur tout le territoire des États-Unis.
Le Sud était épuisé par un conflit qui avait ravagé ses terres et abattu sa vieille manière de vivre. Le 9 avril suivant, il abandonnait la partie, vaincu. Cinq jours plus tard, dans un théâtre de Washington, Lincoln était assassiné par un acteur sudiste qui n’avait pas accepté la défaite des siens.
La guerre avait réglé le problème de l’esclavage, elle n’avait pas offert une solution à la question de l’émancipation des Noirs. Ceux-ci restaient encore, et pour longtemps, des exclus, relégués hors de la société blanche.
Certes, les États du Sud devaient obligatoirement approuver et appliquer l’amendement constitutionnel mettant fin à l’esclavage, mais le nouveau président des États-Unis, Andrew Johnson, les autorisait à adopter des Constitutions locales nettement moins généreuses.
De nombreux gouvernements sudistes en profitèrent pour rédiger des « Codes noirs » qui limitaient le droit d’expression des Américains à la peau sombre, leur déniant même le droit de vote. De plus, tout chômeur noir devait être mis au régime du travail obligatoire.
On inventait ainsi deux sortes de citoyens : les Blancs dominants et les Noirs soumis à des règles particulières.
Henry MacNeal Turner, aumônier militaire noir, entra au gouvernement de Géorgie en 1867, mais un an plus tard il en fut chassé… Avant de quitter son poste, il s’adressa à ses collègues blancs : « Bien que nous ne soyons pas blancs, messieurs, nous avons accompli de nombreuses choses. Nous avons été ici les pionniers de la civilisation ; nous avons construit votre pays ; nous avons travaillé dans vos champs et fait vos récoltes pendant deux cent cinquante ans ! Et que vous demandons-nous en retour ? Demandons-nous des compensations pour la sueur que nos pères ont versée pour vous, pour les larmes que vous avez fait couler et les cœurs que vous avez brisés et les vies que vous avez sacrifiées et le sang que vous avez répandu ? Demandons-nous vengeance ? Non, messieurs. Nous vous demandons maintenant nos droits. »
Le Congrès des États-Unis ne pouvait pas rester sourd à ce genre d’appel. Le droit de vote fut finalement accordé aux Noirs sur tout le territoire du pays.
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Les trois enfants qui ont écouté mon récit paraissent soulagés. Au fond, cette histoire finit bien. Malgré les douleurs, le sang et les larmes. D’autant plus qu’après la guerre
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