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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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l’espoir
de toute cette province. Tant que cela restera en mon pouvoir, je ne vous
abandonnerai pas.
    Puis je l’aidai à monter sur le pont, où il se tint, les
joues trempées de larmes. En acteur chevronné qu’il était, je savais qu’il
pouvait simuler n’importe quelle émotion à volonté, mais je suis certain que,
ce jour-là, ses sentiments n’étaient pas feints. Je me demande même, avec le
recul, s’il ne pressentait pas qu’il ne reverrait jamais cette île. Les rames
plongèrent et nous emportèrent dans le chenal. Les visages s’estompèrent sur
les quais, les silhouettes rapetissèrent puis disparurent alors que nous
franchissions lentement l’entrée du port pour prendre le large.

VIII
    Le voyage de retour de Regium à Rome s’avéra plus aisé que
ne l’avait été l’aller. C’était en effet le début du printemps et le climat
plus doux rendait le continent accueillant. Non que nous ayons eu beaucoup l’occasion
d’admirer les fleurs et les petits oiseaux. Cicéron travailla pendant tout le
trajet, bien calé, secoué et ballotté à l’arrière du chariot couvert, dressant
les grandes lignes de son accusation contre Verres. J’allais chercher les
documents dans la charrette à bagages à mesure qu’il en avait besoin et courais
derrière sa voiture en écrivant sous sa dictée, ce qui n’était pas un mince
exploit. Son projet, tel que je le comprenais, était de diviser l’ensemble des
preuves en quatre séries d’accusations : corruption en tant que juge,
extorsion par le biais de taxes et impôts divers, pillage de biens privés et
publics et enfin châtiments illégaux et tyranniques. Les dépositions des
témoins et les archives furent classées en conséquence, et, alors même qu’il
tressautait sur le chemin, Cicéron rédigea le brouillon de passages entiers de
son discours d’ouverture. (Tout comme il avait entraîné son corps à porter le
poids de ses ambitions, il s’était, par sa seule volonté, guéri des nausées
dues aux cahots et devait, au fil des années, effectuer une masse de travail
considérable au cours de ses voyages du nord au sud de l’Italie.) De cette manière,
pratiquement sans remarquer où il se trouvait, il effectua le voyage en moins
de quinze jours et arriva à Rome pour les Ides de mars, soit deux mois
exactement après notre départ. Pendant ce temps, loin de rester inactif,
Hortensius avait monté toute une procédure d’accusation élaborée. Bien entendu,
comme l’avait soupçonné Cicéron, il s’agissait en partie d’un leurre visant à
lui faire quitter la Sicile au plus vite. Dasianus n’avait pas pris la peine de
se rendre en Grèce pour collecter des preuves. Il n’avait même jamais quitté
Rome. Mais cela ne l’avait pas empêché de trouver des charges contre l’ancien
gouverneur d’Achaïe devant le tribunal des extorsions, et le préteur, Glabrio,
qui n’avait rien à faire avant le retour de Cicéron, s’était retrouvé contraint
de le laisser agir. Ce personnage insignifiant, depuis longtemps oublié de
tous, revenait donc jour après jour ronronner interminablement devant un jury
de sénateurs visiblement assommés, avec Hortensius à ses côtés. Et dès que la
loquacité faisait défaut à Dasianus, le Maître de Danse se levait avec grâce et
pirouettait sur la scène du tribunal, exposant ses propres arguments choisis.
    Quintus, en fidèle chef d’état-major bien rodé, avait,
pendant notre absence, préparé un programme de campagne quotidien et avait tout
exposé dans le bureau de Cicéron. Celui-ci s’empressa d’aller l’étudier dès son
retour. Un seul coup d’œil suffisait à comprendre le projet d’Hortensius. Des
taches de teinture rouge indiquaient les fêtes pendant lesquelles la cour ne
siégerait pas. Une fois ces jours retirés, il ne restait plus que vingt jours
ouvrables avant la vacance du Sénat. La vacance durait en elle-même vingt
autres jours, et était immédiatement suivie par les cinq jours des fêtes en l’honneur
de Flore. Venaient ensuite les fêtes en l’honneur d’Apollon, les jeux
tarentins, les fêtes de Mars et ainsi de suite. Il y avait pratiquement un jour
sur quatre qui était férié.
    — Pour dire les choses simplement, annonça Quintus, à
en juger par la façon dont ça se passe, Hortensius n’aura aucun mal à
monopoliser la cour jusqu’aux élections consulaires de la fin juillet.
Toi-même, tu devras préparer les élections des édiles au

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