Indomptable

le point de perdre.
    — Vous étiez seule avec un chevalier à demi nu, celui-là
    même qui a la réputation de détenir votre cœur, si ce n’est
    votre corps, rétorqua Dominic. Si cela avait été Marie qui se
    tenait entre les cuisses de Duncan, j’aurais applaudi. Mais
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    INDOMPTABLE
    ce n’était pas Marie qui minaudait au-dessus des blessures
    de Duncan. C’était mon épouse !
    — Je n’ai jamais minaudé au-dessus des blessures d’un
    homme. Je suis une guérisseuse, pas une prostituée.
    Dominic grogna.
    — Par moments, il est difficile de voir la différence.
    — Duncan n’éprouve pas cette difficulté. Il sait qui je
    suis, une guérisseuse, pas une traînée. Si seulement mon
    époux pouvait me connaître ne serait-ce qu’à moitié aussi
    bien !
    — J’essaie, chère épouse. J’essaie. Mais je continue à
    tomber sur ce bâtard écossais à chaque coin. Dites-moi…
    Qui avez-vous encouragé, pendant que nous nous
    battions ?
    — Comment pouvez-vous me poser cette question ?
    murmura-t-elle.
    Se retournant, elle commença à rassembler ses médica-
    ments avec des mains qui tremblaient à cause de la colère et
    d’autre chose encore, la peur glaciale qui augmentait un peu
    plus chaque fois qu’elle prenait conscience du peu de res-
    pect que son époux lui témoignait.
    Et pour ce qui était de sa confiance, il ne lui en donnait
    pas.
    — Je vais envoyer Simon vous aider pour votre bain, dit
    Meg.
    — Non.
    L’ordre fut aussi terrassant et froid qu’une épée.
    — Comme vous voulez, monsieur, dit Meg, passant
    devant son époux d’un air furieux. Pourtant, j’aurais pensé
    qu’un homme qui me fait aussi peu confiance aurait eu peur
    d’être poignardé dans le dos.
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    ELIZABETH LOWELL
    Dominic siffla quelques mots turcs entre ses dents et la
    suivit. Il avait conscience d’être d’une humeur massacrante
    et d’avoir la langue aussi acérée que la lame de son épée,
    mais il ne pouvait y faire grand-chose pour le moment. Son
    irritabilité habituelle après un combat s’était transformée en
    furie à la vue de Meg en compagnie de l’Écossais à moitié
    nu.
    Dominic entra dans la salle de bain et tira d’un coup sec
    sur le rideau pour le mettre en place devant la porte
    d’entrée.
    — Aimez-vous ce bâtard écossais ? demanda Dominic
    avec brusquerie.
    — Comme un cousin, un ami, le frère que je n’ai jamais
    eu, oui.
    Avec des gestes rapides et brusques, Dominic com-
    mença à ôter son attirail de guerre.
    — Avez-vous un jour aimé Duncan comme une femme
    aime un homme ? demanda-t-il.
    — Non.
    — Mais il vous aimait.
    Meg émit un son qui était trop triste et furieux pour être
    appelé un rire.
    — Non, monsieur. Pour moi, Duncan ressentait de l’af-
    fection. Pour le château de Blackthorne, il avait un amour
    immense. Tout comme vous, Duncan me voit comme un
    moyen pour devenir un grand seigneur. Contrairement à
    vous, il n’a pas été l’homme que le roi m’a ordonné d’épouser.
    — C’est le noble devoir d’une femme que d’offrir une
    plus grande sécurité à sa famille grâce au mariage.
    — Oui. J’ai accompli mon devoir.
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    INDOMPTABLE
    Dominic ne pouvait argumenter face à la sobre affirma-
    tion de Meg, même s’il aurait aimé le faire. Il aurait voulu
    qu’elle dise que c’était davantage que le noble devoir qui
    l’avait amenée jusque dans son lit, davantage que le devoir
    qui la faisait fondre sous ses caresses, davantage que le
    devoir qui la rendait sensuellement humide de désir.
    Dans un silence pesant, Meg aida Dominic à se débar-
    rasser de son attirail de guerre. Lorsqu’il eut enlevé le der-
    nier vêtement, elle eut le souffle coupé en remarquant sa
    puissante érection. Soudain, elle commença à comprendre
    pourquoi il avait été tellement en colère en la trouvant en
    compagnie de Duncan. L’émotion violente provoquée par le
    combat s’était transformée en une émotion complètement
    différente.
    Meg pouvait comprendre cela, car elle avait ressenti la
    même chose. La peur atroce qu’elle avait connue au moment
    où le destrier de Duncan fonçait sur son époux s’était trans-
    formée en l’espace d’un instant en un désir intense.
    Dominic était en vie. Elle désirait fêter sa survie de la
    manière la plus élémentaire qui soit.
    — Quoi ? Pas de beaux sourires et de caresses tendres
    pour votre époux ? demanda sévèrement Dominic en
    entrant dans son bain.