Indomptable
geste de la main.
— Eadith est inutile au chevet d’un malade. Lorsque le
patient vomit, elle en fait de même. Partez à la chasse. Je
vous accompagnerai la prochaine fois.
469
ELIZABETH LOWELL
Dominic hésita.
Perchée sur la pointe des pieds, Meg parla tout bas à
l’oreille de Dominic :
— Partez sans moi, mon guerrier. C’est pénible pour
Marie que vous la voyiez dans cet état.
En étouffant un juron, Dominic se tourna et quitta la
pièce d’un air furieux. Quelques minutes plus tard, dans
la cour, les fracas et les cris de départ d’une partie de chasse
se propagèrent dans le château.
Meg s’en rendit à peine compte. Elle était occupée à
administrer un médicament à l’aide d’une cuillère entre les
lèvres pâles de Marie. Cette tâche demandait de la patience,
car la moitié du temps, les gouttes n’allaient pas plus loin
que la langue de la catin qui était de nouveau malade. Marie
finit par avaler suffisamment de médicament, car elle com-
mença à vomir moins fréquemment. Finalement, elle poussa
un soupir chevrotant et s’endormit.
Un coup d’œil sur l’inclinaison du soleil fit comprendre
à Meg que la partie de chasse devait être bien trop éloignée
pour qu’elle puisse les rejoindre sur son palefroi âgé.
Lorsqu’elle aurait rejoint Dominic, la chasse serait terminée,
et ils seraient sur le chemin du retour vers le château. Meg
poussa un soupir et reporta son attention sur Marie.
— Madame ! cria Eadith depuis le couloir.
L’urgence dans la voix de sa servante poussa Meg à se
relever.
— Qu’y a-t-il ? demanda Meg au moment où Eadith
entrait dans la pièce.
— Le cheval de Lord Dominic est tombé et votre époux
est gravement blessé. Ils craignent qu’il ne survive pas si
vous ne les rejoignez pas rapidement !
470
INDOMPTABLE
Pendant quelques secondes, le monde s’obscurcit autour
de Meg. Ensuite, elle se força à faire entrer l’air dans ses
poumons et se mit à penser, l’esprit vidé par la terreur.
« S’agit-il du danger qui m’effrayait ? »
— Quelles sont ses blessures ? demanda Meg, la voix
tendue.
— L’écuyer ne l’a pas dit.
— Demandez à ce qu’on prépare mon palefroi…
— C’est fait, l’interrompit Eadith.
— Gwyn l’Ancienne ? demanda Meg en quittant préci-
pitamment la pièce.
— J’ai demandé à une fille des cuisines d’aller la
chercher.
— Restez avec Marie. Si elle se remet à vomir, donnez-
lui douze gouttes de ceci, dit Meg en lui tendant une bou-
teille bien fermée à l’aide d’un bouchon.
S’ensuivit le cliquetis sauvage de grelots alors qu’elle
dévalait l’escalier en colimaçon qui menait à son herbo-
risterie. Elle attrapa des médicaments, les enveloppa de
morceaux de tissus pour les protéger durant la difficile che-
vauchée et quitta la pièce en courant. Lorsqu’elle arriva
dans la cour, Harry était là. Il la fit monter sur son palefroi
d’un mouvement puissant qui démentait son ancienne
blessure.
— Ce stupide écuyer a filé à toute vitesse pour rejoindre
le groupe parti à la chasse immédiatement après m’avoir
délivré le message, dit Harry sans ménagement. Il n’est
même pas resté pour vous servir de guide.
— Je connais les terres bien mieux que n’importe quel
écuyer qui vient d’arriver chez nous, dit Meg. Où se trouve
mon époux ?
471
ELIZABETH LOWELL
— Le jeune garçon a dit que l’accident a eu lieu dans le
marais au nord, juste au sud de la route à chariots, là où
le ruisseau de la Sainte-Croix quitte le marécage.
— Si loin, dit Meg, effrayée.
— C’est absurde d’aller chasser là-bas pour du gibier
d’eau. Tout le monde sait que c’est trop couvert pour qu’un
faucon pèlerin puisse y chasser convenablement.
Mais Harry parlait pour lui-même, car Meg avait sur-
pris son palefroi en l’obligeant à se mettre au petit galop et
se dirigeait bruyamment vers la sortie en passant sur le
pont. Elle remonta le chemin à une allure qui dispersa aussi
bien les poules que les gens. Lorsque les vassaux l’appelè-
rent, elle les ignora.
Une seule chose comptait pour Meg. Son époux gisait
gravement blessé quelque part devant elle. Il avait besoin
d’elle, et elle n’était pas là.
Avec acharnement, Meg garda le cheval à l’allure qu’il
pouvait le mieux supporter alors que des champs et des clô-
tures en pierres sèches défilaient des deux côtés. Au
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