Indomptable
moment
où les dernières terres cultivées furent derrière eux et où
plus aucune chaumière isolée n’apparut, le palefroi suait.
Quand le chemin se fit plus escarpé et qu’ils s’approchèrent
de la forêt, la respiration du cheval était devenue profonde
et difficile. De l’écume s’était formée sur ses flancs et ses
épaules.
À contrecœur, Meg laissa le cheval ralentir sur les col-
lines les plus abruptes. Dès que possible, elle lui demanda
d’aller plus vite. À une allure normale, il aurait fallu che-
vaucher au moins une heure pour rejoindre l’endroit où
avait eu lieu l’accident. Elle n’avait pas l’intention de mettre
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INDOMPTABLE
autant de temps. Les paroles d’Eadith déchiraient son esprit
comme un poignard.
Le cheval de Lord Dominic est tombé et votre époux est grave-
ment blessé. Ils craignent qu’il ne survive pas à moins que vous ne
les rejoigniez pas rapidement !
L’inclinaison la plus abrupte se tenait juste devant elle.
Le chemin était cahoteux, et la forêt s’y immisçait des deux
côtés de la route à chariots. Meg dut, malheureusement,
ralentir de nouveau son cheval.
Les mercenaires quittèrent leur cachette dans la forêt et
arrivèrent sur elle au galop. Ils l’encerclèrent avant qu’elle
ne puisse fuir. Elle tira d’un coup sec sur les rênes vers la
droite, lançant le palefroi vers une ouverture entre deux
chevaliers.
Le vieux cheval fut trop lent. Les mercenaires firent
tourner de côté leurs chevaux de combat de manière à
fermer l’ouverture avant que le palefroi ne l’ait atteinte. Bien
que Meg incita tout de même sa monture à avancer, les éta-
lons de combat des mercenaires se préparèrent comme ils
avaient été entraînés à le faire, prêts à endurer le choc de
l’assaut du palefroi.
Du coin de l’œil, Meg vit que d’autres hommes s’appro-
chaient d’elle par derrière. Dans une dernière tentative
désespérée pour arriver à se libérer, elle tira brusquement
les rênes vers la gauche. Avant que le palefroi essoufflé n’ait
eu le temps de répondre, un destrier bondit en avant et
cogna le vieux cheval de côté.
Le palefroi tomba sur les genoux et, au même instant,
un mercenaire arracha Meg de son cheval et la jeta à cali-
fourchon devant sa selle.
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ELIZABETH LOWELL
— Non ! cria Meg, se retournant pour griffer les yeux
sans protection de son ravisseur. Mon époux est blessé ! Il
faut que j’aille le rejoindre !
Un coup nonchalant du revers d’une main gantée de
cotte de mailles assomma Meg. Lorsqu’elle reprit ses esprits,
elle était immobilisée, la tête baissée, sur les cuisses d’un
mercenaire, tandis que le destrier faisait un bruit de ton-
nerre en galopant à toute allure à travers la forêt.
« Dominic ! Mon époux, mon guerrier, que vous ont-ils
fait ? »
Aucune réponse ne lui parvint à part le roulement de
tambour produit par les sabots et la prise de conscience que
le rêve d’une Druide de la Vallée était devenu réalité, à
savoir le danger partout, et qu’il glaçait Meg jusqu’au plus
profond de ses os.
Au plus profond de son âme silencieuse, Meg appela à
maintes reprises l’homme qui était devenu une partie
d’elle-même.
* * *
— Bon sang ! dit Simon d’un ton hargneux à Dominic. Tu
ressembles à un chat qui marche sur de l’herbe mouillée.
Qu’est-ce qui ne va pas ? Fatima a magnifiquement bien
volé.
Dominic jeta à son frère un regard en oblique, les yeux
plissés, puis reprit sa contemplation du marais à l’est. Fatima
était paisiblement installée sur un perchoir fermement
attaché à la selle de Dominic. Le soleil se reflétait dans le
délicat chaperon estampé d’or du faucon, animant et
enflammant les motifs turcs sur le cuir.
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INDOMPTABLE
— Je ne peux me défaire du sentiment qu’il aurait
mieux valu que nous montions des étalons de combat et que
nous portions des hauberts, dit Dominic au bout d’un
moment.
— Pourquoi ? Penses-tu qu’il soit possible que Duncan
revienne sur son serment ?
— Si j’avais pensé cela, je l’aurais tué il y a deux jours.
Simon grogna.
— Lorsque Duncan est parti hier pour rejoindre ses
propriétés au nord, il a emmené ses meilleurs chevaliers.
Les mercenaires ne valent pas mieux à présent que des
bandits.
— Oui.
— Rufus n’est pas un chef, poursuivit Simon. D’ici
quinze jours, les mercenaires se seront
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