Indomptable

fleurs
    séchées. Les étagères ne révélèrent rien d’inattendu
    lorsqu’elle les fouilla avec empressement, déplaçant les
    fioles à la recherche du remède manquant.
    — C’est étrange, finit par dire Meg.
    Fronçant les sourcils, elle se dirigea vers l’allée, se saisit
    d’une bougie de cire sur son support et revint dans l’herbo-
    risterie. Gwyn l’observa, les yeux plissés, tandis que Meg se
    mettait à fouiller de fond en comble les recoins, les étagères,
    les casiers et les bassines de la pièce.
    Lorsque Meg abandonna enfin, la peur qu’elle avait res-
    sentie dans la chambre de Lord John revint, deux fois plus
    forte.
    — Elle n’est plus là ? demanda Gwyn.
    — Non. Et l’antidote non plus. Peut-être Duncan est-il
    venu chercher les deux ? John a eu une crise de quintes de
    toux, et j’étais aux fauconneries.
    La vieille femme dit quelque chose dans une langue
    ancienne. S’il s’agissait d’un sort ou d’une prière, Meg
    n’aurait su le dire. Elle n’avait pu entendre les mots assez
    clairement.
    — Je n’aime pas cela, murmura finalement Gwyn.
    Elle regarda Meg.
    — N’en parle à personne. Nous n’avons pas besoin de
    plus d’ennuis.
    Meg hocha la tête.
    — Oui.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Peux-tu en préparer plus ? demanda Gwyn.
    — Pour ce qui est du remède, oui. J’ai une réserve
    suffisante de graines. L’antidote sera bien plus difficile à
    remplacer. La plante pousse uniquement sur un sol non
    retourné. Cette année, toutes les terres ont été labourées
    dans l’espoir d’une bonne récolte.
    Gwyn grogna et frictionna ses articulations endolories.
    — Le vent humide te fait du mal, dit doucement Meg.
    As-tu pris le médicament que j’ai fait pour toi ?
    La vieille femme sembla ne pas entendre.
    — Gwyn ?
    — Mes rêves ont été perturbés, mais pas à cause d’en-
    gelures, murmura-t-elle.
    Un souffle froid d’inquiétude parcourut la colonne ver-
    tébrale de Meg. Sans un mot, elle attendit d’entendre ce que
    la vieille femme des Druides de la Vallée avait glané dans le
    monde uniquement visité pendant le sommeil.
    « Ce qui a été écrit dans le passé prendra place dans le
    futur. Personne, seigneur ou vassal, n’y échappe. Le vent du
    changement souffle, transportant avec lui l’appel du cor de
    guerre et le hurlement du loup. »
    Gwyn cligna des yeux tandis que la vision s’effaçait. Elle
    vit l’expression sur le visage de Meg et soupira.
    — Parle-moi de ton père, dit Gwyn à voix basse.
    — Il nie être mon père.
    Étrangement, Gwyn sourit.Il y avait pourtant peu de
    chaleur ou d’humour dans la courbe de ses lèvres. Malgré
    son âge avancé, la vieille Druide de la Vallée avait toute
    une rangée de solides dents blanches. Elles brillaient tout
    comme étincèlent les dents d’un loup, en avertissement.
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    INDOMPTABLE
    — A-t-il menacé de te rejeter et d’installer Duncan à ta
    place ? demanda Gwyn.
    — Uniquement si je ne me marie pas avec Duncan.
    — Et qu’en est-il de Dominic le Sabre ?
    — Il doit être tué alors même que nous nous tiendrons
    devant le prêtre, dit Meg sans mâcher ses mots.
    Gwyn relâcha l’air de ses poumons en un long sifflement.
    — L’Église ne tolèrera pas cela.
    — L’Église recevra une abbaye.
    — Une bien petite récompense pour une si grande
    trahison.
    — Pas vraiment, dit Meg d’un ton grave. L’Église
    cherche des moyens pour diminuer le pouvoir d’Henri.
    Duncan sera redevable à l’Église plutôt qu’au roi. Aucun cri
    d’excommunication ne sera élevé. Si moi je peux saisir cela,
    John, bien sûr, le peut également.
    — Du plus profond de l’enfer, John est un homme intel-
    ligent, murmura Gwyn. Si seulement il pouvait aussi avoir
    de la compassion.
    — À présent, il ne reste plus en lui que le besoin brû-
    lant de voir son fils hériter de ses terres.
    Gwyn siffla à nouveau, secouant la tête.
    — Que comptes-tu faire, fille des Druides de la Vallée ?
    Vas-tu prendre Duncan pour époux ?
    — J’ai refusé.
    — Bien.
    — Alors John a ordonné à Duncan de commencer le
    massacre immédiatement…
    La vieille femme tendit l’oreille comme si elle écoutait
    quelque chose.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Je n’entends rien dans la cour, si ce n’est des jeunes
    filles parlant entre elles de leur bien-aimé.
    Meg prit une profonde inspiration et tendit les mains.
    — Je lui ai dit que je ferais ce que je devais