Indomptable

faire.
    S’ensuivit un silence si profond que le faible grésille-
    ment des flammes faisant couler la cire des bougies pouvait
    s’entendre. Après un long moment, Gwyn soupira.
    — Est-ce la vérité ? demanda finalement Meg.
    — Que tu n’es pas la fille de John ?
    — Oui.
    — C’est la vérité, répondit nonchalamment Gwyn. Il
    n’est pas ton père. Son demi-frère était un homme très sou-
    riant, adepte des fous rires. Anna était allée le rejoindre un
    mois avant son mariage.
    — Pourquoi ? demanda Meg, choquée.
    — Elle ne recevait pas d’amour de la part de John, mais
    elle savait que l’héritier du Loup des Druides de la Vallée
    devait naître d’une façon ou d’une autre.
    — L’héritier du Loup des Druides de la Vallée ?
    demanda Meg. De quoi s’agit-il ?
    — Un homme qui serait assez sage pour ramener la
    paix sur nos terres.
    — Aaah, le légendaire mâle des Druides de la Vallée. À
    sa place, c’est moi qui suis née. Une femme. Une déception
    pour tous.
    Gwyn sourit et toucha la joue de Meg d’une main aussi
    douce et sèche que la flamme d’une bougie.
    — Tu étais précieuse pour ta mère, Meg. Elle appréciait
    le demi-frère de John, mais elle ne l’aimait pas. Elle ne res-
    sentait ni passion ni amour non plus pour John. Mais toi,
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    INDOMPTABLE
    elle t’aimait. Pour toi, elle a supporté John jusqu’à ce que les
    vassaux apprennent à t’aimer, eux aussi.
    — Ensuite, elle est partie rejoindre le lieu hanté et n’en
    est jamais revenue.
    — Oui, dit simplement Gwyn. Cela fut une bénédiction
    pour elle, Meg. L’enfer n’avait plus rien à lui apprendre
    après avoir vécu avec Lord John.
    Se détournant, Gwyn regarda l’herboristerie sans réel-
    lement la voir.
    — Puissions-nous être bénis à cet instant, murmura
    Gwyn au bout d’un moment. Je crains que lorsque naîtra
    l’homme capable de porter le Loup des Druides de la Vallée,
    il ne restera plus rien de l’héritage, à part du vent.
    — Qu’est-ce, le Loup des Druides de la Vallée ? demanda
    Meg, perplexe. J’ai entendu, occasionnellement, les vassaux
    en parler à voix basse, mais ils se taisaient lorsqu’ils se ren-
    daient compte que je les écoutais.
    — C’est une broche. Une broche datant de mille ans.
    — À quoi ressemble-t-elle ?
    — Le moulage d’une tête de loup en argent dont les
    yeux sont des pierres précieuses incolores tellement résis-
    tantes que même l’acier ne peut les rayer, répondit Gwyn.
    La broche a la taille de la main d’un homme.
    — Tu ne m’en avais jamais parlé auparavant.
    — Cela n’était pas nécessaire. Il n’y avait rien à faire.
    — Et maintenant ? demanda Meg.
    — Des changements arrivent. Une femme sage espère
    le meilleur et se prépare au pire.
    — Quel est le pire ?
    — La guerre. La famine. La maladie. La mort.
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    ELIZABETH LOWELL
    Meg put à peine contenir un frisson en entendant ses
    pires craintes prononcées à voix haute par Gwyn.
    — Et le meilleur ? demanda-t-elle dans un murmure.
    — Que l’homme qui porte le Loup des Druides de la
    Vallée apporte la paix avec lui.
    Une onde d’espoir parcourut Meg à la pensée qu’un jour,
    les terres ne soient plus déchirées par des conflits. Le senti-
    ment n’était pas différent de celui qu’elle avait connu en
    observant Dominic manipuler avec une douceur parfaite le
    faucon pèlerin.
    — Dis-moi tout ce que tu sais au sujet de la broche,
    demanda Meg.
    — J’en sais bien peu.
    — Ce sera déjà mieux que rien, rétorqua Meg.
    Gwyn sourit légèrement. Le sourire s’évanouit lorsqu’elle
    commença à parler.
    — Le Loup des Druides de la Vallée était porté par le
    chef de notre tribu depuis l’aube des temps. Tant qu’il fut
    porté, la paix régna, ainsi que la prospérité.
    — Que s’est-il passé ?
    — La jalousie d’un frère. Une femme séduite. Un amour
    trahi.
    D’un air grave, Meg sourit.
    — Cette histoire me semble familière.
    — Les Druides de la Vallée sont des êtres humains. Le
    chef de la tribu a été tué lors d’une embuscade. La broche a
    été arrachée de sa cape.
    Meg attendit.
    Gwyn ne dit rien de plus.
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    INDOMPTABLE
    — Que se passa-t-il, alors ? demanda Meg.
    — À partir de ce jour, les conflits régnèrent. Et à partir
    de ce jour, les femmes des Druides de la Vallée conçurent
    peu de bébés, car il y avait peu de plaisirs dans leur vie, et
    sans plaisir, aucune femme ne stimule la