Interdit

inquiéter encore très
    longtemps, dit Simon. Le mariage sera annulé.
    Duncan et Cassandra se tournèrent vers lui d’un même
    geste.
    — C’est un véritable mariage, dit Cassandra. Demandez
    à Duncan s’il n’a pas la connaissance charnelle de sa femme !
    — Qu’elle soit vierge ou non, dit Dominic, cela n’a
    aucune importance. Le mariage a été célébré sous de faux
    prétextes. Aucun évêque ne le maintiendra.
    — Surtout si on offrait à une église ou un monastère un
    geste de respect, ajouta sardoniquement Simon.
    — Vous avez échangé des vœux sacrés, dit Cassandra à
    Duncan. Allez-vous revenir sur votre parole ?
    — Des vœux, souffla Duncan avec douleur ou mépris.
    Non, je ne reviendrai pas sur ma vraie parole.
    Cassandra ferma les yeux, incapable de dissimuler son
    soulagement.
    — Je vais honorer le véritable vœu que j’avais fait lorsque
    j’avais tous mes esprits. Je vais épouser Lady Ariane de
    Deguerre.
    — Et Ambre ? demanda Cassandra.
    Duncan se tourna vers Dominic sans lui répondre.
    — Faites venir ma fiancée, ordonna-t-il. Le mariage
    aura lieu dès que l’Église y consentira.
    — Et Ambre ? répéta Cassandra.
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    ELIZABETH LOWELL
    Duncan se leva et quitta la pièce, sans un regard pour
    elle.
    — Et Ambre ! s’écria-t-elle.
    Duncan entendit l’écho de son cri le suivre alors qu’il
    quittait la pièce. Même lorsque le dernier écho s’évanouit,
    il entendit les mots crier dans le silence noir de son esprit.
    Et Ambre ?
    Votre vœu sacré ?
    Ambre.
    Sacré.
    Ambre. Ambre. Ambre…
    Il n’y avait pas de paix pour Duncan dans le château,
    nulle part. Le cri faisait partie de lui, aussi profondément
    ancré que la douleur de son ancienne mémoire et de sa
    récente trahison.
    Le passé se tournait, se retournait, le tourmentait de la
    voix d’Ambre, puis de la sienne.
    — Je suis vraiment en sécurité avec vous.
    — Toujours, ma sorcière d’or. Je me couperais la main droite,
    celle qui manie l’épée, avant de vous faire du mal.
    Ce souvenir était trop triste, trop sauvage. Il le repoussa,
    l’enterra dans les ténèbres où il ne pouvait plus se cacher.
    Nier la vérité de votre passé ou de votre présent vous détruira
    aussi sûrement que si on vous coupait la tête en deux avec une
    épée.
    Souvenez-vous de ce que j’ai dit lorsque le passé reviendra et
    semblera faire du présent un mensonge. Souvenez-vous-en.
    Longtemps après que tout le monde se fut endormi,
    Duncan marchait toujours dans les couloirs et les escaliers
    de son château. Les voix lui parlaient dans son silence, les
    mots faisant écho dans son esprit bouillonnant. La voix
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    INTERDIT
    d’Ambre décrivait la passion, la fierté, l’honneur, qu’on utili-
    sait comme des armes de guerre.
    Erik savait que vous ne m’aimiez pas. Il savait que vous ne
    m’épouseriez pas si vous retrouviez la mémoire.
    Et il savait combien vous me désiriez.
    Et il la désirait toujours. Mensonge ou vérité, sorcière ou
    femme, amante ou épouse, elle faisait brûler son corps de
    toutes les flammes de l’enfer. La violence de son désir sub-
    mergeait tout.
    Même la trahison.
    Peu à peu, Duncan se rendit compte qu’il était devant la
    porte d’Ambre, les poings serrés. Depuis combien de temps
    était-il là ? Il l’ignorait. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il devait
    être à l’intérieur avec elle.
    La porte ne fit pas de bruit lorsqu’il la poussa. Les bou-
    gies s’étaient consumées presque entièrement. Il n’y avait
    plus que des braises dans la cheminée. Les rideaux autour
    du lit brillèrent d’une lueur sombre lorsqu’il les tira.
    Ambre dormait d’un sommeil agité. Les couvertures
    étaient défaites, et ses cheveux n’étaient plus qu’un nuage
    d’or répandu sur les coussins. Il la revit alors qu’elle était
    dans son bain, les seins dorés d’eau et de feu. Il aurait voulu
    être le feu qui caressait sa peau.
    Il le voulait toujours.
    Il lâcha les rideaux et se débarrassa des lourds vête-
    ments de combat qu’il avait portés toute la journée. Lorsqu’il
    fut aussi nu que la flamme d’une bougie, il tira de nouveau
    le baldaquin et se glissa dans le lit d’Ambre.
    Lentement, il s’approcha d’elle pour la toucher. Mais
    juste avant que ses doigts n’atteignent ses lèvres, il se remé-
    mora ce qui s’était passé dans la grande salle — Ambre pâle
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    ELIZABETH LOWELL
    de douleur, à peine capable de