Interdit
de
sourire.
— Je pense… je crains que vous ne soyez mon ennemi
si la mémoire vous revient.
— Et je pense que vous craignez que je force les portes
du paradis.
209
ELIZABETH LOWELL
— Ce n’est pas… commença-t-elle.
Ses mots finirent en un cri de surprise. Duncan l’avait
soulevée de sa selle pour la poser sur ses genoux. Malgré
l’épaisseur de sa cape, elle sentait contre elle l’arête dure et
abrupte de son désir.
— N’ayez crainte, dit-il. Je ne vous prendrai que
lorsque vous le demanderez. Non, lorsque vous me sup-
plierez ! Vous emmener sur ce terrain sera un délice doux et
insoutenable.
Le sourire de Duncan était à la fois tendre et brûlant
d’excitation. Le cœur d’Ambre se remplit d’émotions qu’elle
avait peur de nommer, plus encore qu’elle n’avait peur d’en
parler.
— Je n’ai ni famille ni haute condition, dit-elle d’une
voix désespérée. Et si vous aviez les deux ?
— Alors je les partagerai avec mon épouse.
Entendre son rêve prononcé à voix haute ne fit rien pour
arrêter le flot de larmes chaudes qui coulaient le long de ses
joues.
« Est-ce possible ? Duncan peut-il m’aimer suffisamment
pour me pardonner s’il retrouve la mémoire ?
» Une vie si riche peut-elle émerger d’un commencement
si sombre ? »
Duncan se pencha vers elle et attrapa les larmes en sus-
pens sur ses cils avec de tendres baisers. Puis, il effleura ses
lèvres des siennes dans un baiser étonnamment chaste.
— Vous sentez le vent marin, dit-il. Frais et légèrement
salé.
— Vous aussi.
— Ce sont vos larmes sur mes lèvres. Me laisserez-vous
goûter aussi à votre sourire ?
210
INTERDIT
Ambre ne put s’empêcher de sourire. Et Duncan ne put
s’empêcher de sceller sa bouche sur la sienne dans un baiser
aussi profondément sensuel que le premier avait été modéré.
Lorsqu’il releva la tête, elle rougissait, tremblait, et sa
bouche suivait la sienne aveuglément.
— Oui, damoiselle. Ce sera ainsi. Vos lèvres entrou-
vertes, pleines, rougissantes de désir pour moi.
Duncan se penchait de nouveau vers elle, lorsque les
hors-la-loi sortirent de toutes parts.
211
c 11
Les hommes étaient armés de couteaux, de bâtons de
bois et d’une lance improvisée. Entravé par la présence
d’Ambre sur ses genoux, Duncan ne pouvait pas se battre
efficacement. Bondissant et grognant comme des loups, les
hors-la-loi tirèrent Duncan à terre, et Ambre avec lui.
Lorsque l’un des hors-la-loi referma sa main sur le bras
d’Ambre tandis qu’il attrapait ses précieux colliers, elle
poussa un terrible cri. C’était en partie un cri de douleur du
fait qu’il la touche. Mais c’était surtout un cri de rage. Un
hors-la-loi osait prendre le pendentif sacré de son cou !
L’éclat et la lame de la dague d’Ambre tirèrent un cri à
l’homme. Il retira brusquement ses mains, mais seulement
un court instant. Elle vit son poing s’abattre sur elle et
réussit à le dévier lorsqu’il la frappa. Mais malgré sa rapi-
dité, elle fut si choquée par le coup qu’elle tomba et s’étala
de tout son long sur le sol.
La deuxième fois, ce ne fut pas son poing, mais un poi-
gnard que le hors-la-loi brandit devant elle. Alors qu’elle se
retournait pour éviter son attaque, elle entendit l’inquiétant
gémissement d’acier du fléau d’armes déchirer l’air. Il y eut
un terrible craquement lorsque l’acier rencontra la chair. Le
hors-la-loi tomba comme une pierre.
Lorsque sa main inerte toucha Ambre, elle ne sentit
rien. L’homme était mort.
ELIZABETH LOWELL
Elle retira sa main et entreprit de se relever. Une pres-
sion inattendue la maintint au sol, mais elle ne ressentit
aucune douleur. C’était Duncan qui la touchait.
— Non ! ordonna-t-il, debout au-dessus d’elle. Restez à
terre !
Elle n’avait pas besoin qu’il lui explique pourquoi le sol
était plus sûr pour elle pour l’instant. Le bourdonnement
meurtrier du fléau avait repris.
Ambre regarda la scène à travers le voile de ses cheveux.
Les hors-la-loi s’élançaient de nouveau pour charger, leurs
bâtons dressés comme des piques. Le bois épais se brisa
comme du vulgaire fusain. La lance fut détruite. Un autre
hors-la-loi tomba. Il ne bougeait plus.
Le lourd fléau de guerre dessinait des cercles troubles et
meurtriers autour de la tête de Duncan. Les hors-la-loi res-
tants hésitaient. Puis, ils se
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