Interdit
poussait et il était à peine assez robuste pour
pouvoir servir d’abri contre une tempête.
En dépit de cela, ses yeux ne cessaient de revenir sur cet
arbre. Gracieux, élégant, le sorbier se tenait tel un danseur
en haut du tertre.
— Qu’y a-t-il ? demanda Ambre, voyant que Duncan
demeurait immobile.
— Cet arbre. J’ai l’impression de… le connaître.
— C’est fort possible. Erik vous a trouvé sous le
sorbier.
Duncan se tourna vers elle. Dans ses yeux, les ténèbres
et les souvenirs se mouvaient.
— Il veillait sur moi quand je dormais, dit-il douce-
ment. J’en suis certain. Le sorbier me protégeait.
Ambre l’observa tandis qu’il descendait de selle pour
marcher jusqu’au sorbier. La peur se saisit de son cœur. Ne
voulant pas le suivre, mais sachant qu’elle le devait, elle
marcha sur ses pas. Le temps qu’elle le rattrape, il se tenait
déjà sous l’arbre, les poings sur les hanches, étudiant le sor-
bier comme s’il pouvait être soit un ami, soit un ennemi.
— Vous souvenez-vous ? demanda-t-elle doucement.
Duncan demeura silencieux. Puis, lentement, il desserra
son poing et lui tendit la main.
— Est-ce que je me souviens ?
À l’instant où elle posa sa main dans la sienne, les émo-
tions complexes, les rêves, les peurs, et les espoirs qu’étaient
ceux de Duncan de Maxwell se déversèrent en elle. Jamais
le contact n’avait été si vif.
La joie intense d’avoir gagné la bataille.
La peur pour la sécurité d’Ambre dans la tempête.
223
ELIZABETH LOWELL
La détermination de se souvenir de son passé.
La rage envers ce qui lui avait fait perdre la mémoire.
Puis, lorsque la chaleur de sa chair s’aligna sur celle de
Duncan, une vague de désir si puissante se déclencha en
elle qu’elle tomba à genoux. Elle ne sentait rien d’autre que
la passion de Duncan pour elle, ne voyait rien d’autre, ne
ressentait rien d’autre. Il emplissait son esprit et son corps
d’un désir sensuel qu’elle n’avait jamais connu auparavant.
« Duncan. »
Bien qu’elle n’ait pas dit son nom à voix haute, il ouvrit
ses yeux embrasés.
Il referma ses doigts sur son poignet comme des bandes
d’acier. Il la tira vers lui avec une force irrésistible. Et elle ne
voulait pas résister. Elle voulait seulement répondre au
besoin primitif qui l’interpellait dans chaque fibre de l’être
de son guerrier.
Lorsque Duncan referma ses bras autour d’elle, elle
n’objecta pas d’impossibilité, bien que le manque d’air
l’étourdisse tant il la serrait fort contre lui.
Bien qu’elle ne dise rien, Duncan s’en rendit compte.
— Je respirerai pour vous, dit-il à voix basse.
Il posa sa bouche sur la sienne. Son baiser aurait pu être
rude, si elle ne luttait pas pour se rapprocher davantage de
lui, pour le goûter plus profondément, pour pénétrer sous
sa peau.
Il en était de même pour Duncan. Il se battait pour être
plus proche d’elle, pour sentir sa douce chair contre la
sienne, pour assouvir le désir ardent de son corps pour elle,
de la seule façon possible.
Il prit vaguement conscience qu’il avait tiré Ambre au
sol et qu’elle se débattait.
224
INTERDIT
— S’il vous plaît, dit-il. J’ai besoin de vous .
Un son sortit de la gorge d’Ambre, un son qui n’était ni
une approbation ni un refus. Il se força à la lâcher, au prix
d’un effort qui le laissa tremblant.
Dès qu’elle fut libre, Ambre cria, comme si elle avait pris
un coup. Il se jeta sur elle pour la réconforter, avant de se
rendre compte qu’il ne se faisait pas confiance.
— Duncan ? dit-elle.
Sa voix tremblait, tout comme la main qu’elle lui
tendait.
— Vous êtes un feu dans mon sang, dans ma chair,
dans mon âme, dit-il férocement. Si je vous touche encore, je
vous prendrai.
— Alors touchez-moi.
— Ambre…
— Prenez-moi.
Longtemps, il regarda les yeux dorés et la main tendue
de la fille qu’il désirait plus que la vie elle-même.
Puis, il la toucha, la sentit brûler, et vit le feu de son
propre désir briller dans les yeux d’Ambre.
Le désir torrentiel de Duncan se déversa sur elle comme
une rivière de feu. Elle était une étincelle prise dans une
tornade, brûlant avec imprudence, montant en spirale,
impuissante, vers un destin inconnu. Avec l’instinct d’une
femme, elle cherchait la chair de Duncan, qui était à la fois
le paradis et le combustible d’un feu encore plus
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