Jack Nicholson

reflétaient, pour la plupart, les cinéastes, les amis et les projets chers à son cœur qui s’étaient installés dans son esprit durant la décennie où il s’était senti le plus vivant.

6.

Cristaux de vérité 1970
    La santé d’Ethel May Nicholson se mit à décliner rapidement à partir du milieu de l’année 1969. Atteinte d’un cancer, Ethel May avait été admise dans un hôpital du New Jersey, où elle voguait entre phases de lucidité et de coma, ayant à peine conscience de la réussite de « son fils » dans le show-business, qui était allée bien au-delà de ses rêves les plus fous (ou de ceux de June).
    Alors que Jack était à New York pour la promotion d’ Easy Rider , au cours de l’été 1969, la santé d’Ethel May se dégrada encore davantage. Jack vint lui rendre visite plusieurs fois au cours des quelques mois qui suivirent dans l’hôpital géré par des nonnes où elle était, d’après les mots de Jack, une « patiente de charité ». S’il l’entendait crier son nom dans le couloir lorsqu’il la quittait, il dit à ses amis qu’Ethel May ne le reconnaissait pas toujours quand il se rendait à son chevet.
    Tout comme June avant elle, Ethel May allait mourir – au début du mois de janvier 1970, à quelques jours à peine de ce qui aurait pu être son soixante-douzième anniversaire – sans révéler à Jack le secret de sa naissance. Jack revint à Neptune pour la veillée du corps et les funérailles, les premières funérailles familiales, confia-t-il à un journaliste, auxquelles il assista. « J’étais vraiment touché par les évènements », déclara-t-il à l’occasion d’une interview publiée quelques mois plus tard. « J’avais un sentiment de deuil, de vide.
    À un moment, j’ai demandé à tout le monde de partir, quand elle était dans la chambre mortuaire pour ce qu’ils appellent la présentation, et je suis resté une heure et quelques à côté du cercueil. »
    « Il me semble qu’au cours de ma vie, j’ai communiqué mon amour très directement à « ma mère » (Ethel May). On se disputait souvent, comme tous les parents et les enfants, mais j’ai vraiment l’impression d’avoir été compris. Il n’y avait pas de griefs cachés entre nous. J’ai toujours répondu à ses attentes et elle a toujours répondu aux miennes. »
    D’abord John J. et June puis Murray Hawley, et aussi Ethel May. tous avaient été emportés par le cancer. On aurait dit qu’il rôdait dans la famille, qu’il était imprégné dans les gènes. Le cancer était l’un des rares sujets qui faisaient peur à Nicholson, bien qu’il se montrât fataliste à ce propos et qu’il ne décidât pas d’arrêter le tabac.
    Environ un mois après la mort d’Ethel May, on annonça le nom des candidats aux Oscars pour 1969, et l’année de la volte-face professionnelle de Jack fut couronnée par une nomination à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
    Furcillo-Rose était bien sûr au courant du soudain succès de celui qu’il croyait être son fils. Après la mort d’Ethel May, il comprit qu’il ne lui restait plus qu’un seul espoir de voir la vérité éclater au grand jour : Lorraine. Mais soit à cause d’une vieille rancune qu’elle entretenait à son égard soit à cause de ce qui s’était passé entre elle et Victor, Lorraine ne voulait pas entendre parler de Furcillo-Rose. Elle ne citait son nom que rarement, et quand elle le faisait, devant des connaissances mutuelles, c’était sur un ton qui laissait entendre qu’il était son ennemi juré, voire le diable incarné.
    La femme de Furcillo-Rose, Dorothy, enseignait toujours l’art à la Toms River High School. En partie pour apaiser son propre esprit, en partie parce que cela semblait être un bon moyen d’éveiller l’intérêt de ses élèves, elle se mit à dessiner et à peindre des portraits de la star d’ Easy Rider et à montrer ses œuvres à ses étudiants. Parfois, elle ne pouvait s’empêcher de laisser entendre que l’acteur était en quelque sorte un membre de sa famille.
    Pendant ce temps, la fille de Don et de Dorothy, Donna, se rendait à des soirées pyjamas où les autres petites filles la taquinaient au sujet de Jack. Elle admit plus tard qu’elle avait été fière de ce demi-frère aîné qu’elle n’avait jamais rencontré mais qui avait sa photo dans tous les journaux locaux et les magazines nationaux.
    Jack se montrait prolixe lors des