Jack Nicholson
était de retour dans le New Jersey, se vantant sur la plage en citant les noms de toutes les célébrités qu’elle avait rencontrées sur sa route.
Parmi ces célébrités figurait Gay Orlova, une danseuse à éventail de l’ Earl Carroll’s de la côte ouest qui avait fait la tournée avec June. Orlova était la maîtresse de Lucky Luciano, et June racontait aux personnes de son entourage qu’elle était amie non seulement avec elle, mais aussi avec le célèbre gangster. Les apparitions de June avec des célébrités furent remarquées par William J. Pratt, journaliste de la rubrique théâtre du New Jersey Record, qui écrivit que June, 18 ans, avait été « vue en compagnie » de James J. Braddock, alors champion du monde poids lourd.
Bien que June ait pu circuler dans les marges du monde du théâtre, sa carrière resta limitée à la danse. C’est d’ailleurs dans la rubrique « Danseurs » que l’annuaire de Neptune mentionnait son nom. À l’époque d’Ethel May, sous le règne suprême de Broadway et du vaudeville, une vie de danseuse semblait être la promesse d’opportunités illimitées. Mais le monde du show-business avait traversé une période difficile, et avait changé.
Les feux de la rampe du vaudeville s’étaient doucement éteints, et la plupart des théâtres s’étaient transformés en cinémas. Les rares établissements qui avaient conservé une scène se contentaient d’insérer de petites pièces et de petits numéros de chant entre deux programmations de film. Pour une danseuse, la plus grande de toutes les ambitions était de rejoindre les rangs anonymes des Broadway Babes, des Hollywood Honeys ou des Gay Paree Girls et de faire claquer ses talons entre deux projections.
Après avoir fait le point avec son agent à la fin de l’été 1936, June découvrit qu’elle était reléguée dans les rangs des choristes qui faisaient l’ouverture des films dans les villes de l’Est. En octobre 1936, elle resta quelque temps au Fay’s de Baltimore, se produisant dans l’un des « huit grands numéros de super vaudeville » accolés aux projections de Star for a Night, avec Claire Trevor. Le petit rôle qu’elle obtint ensuite dans le numéro de Pinky Lee intitulé « The Sailor and the Girls » amena certains journalistes et auteurs à citer June Nicholson comme la numéro deux des spectacles du comique zozotant aux pantalons trop larges et à supposer que c’était son amitié avec Pinky Lee qui la pousserait, quinze ans plus tard, à traverser le pays pour s’installer en Californie.
Mais il se trouve que Pinky Lee, contacté pour les besoins de cet ouvrage, n’a aucun souvenir de June Nicholson. Pour lui, June n’était que l’une des danseuses anonymes du chœur.
L’été 1936 marqua un tournant décisif dans la vie de June Nicholson.
Les journées étaient des invitations à se prélasser au soleil sur les plages du New Jersey ; les nuits des invitations à la danse et à l’amour. June trouva cela en la personne de Don Furcillo-Rose. Ce nom à trait d’union vient s’ajouter à l’abondance de patronymes qui est l’une des caractéristiques de cette histoire : le « Rose » était un pseudonyme professionnel, le véritable nom de Don étant Furcillo. En tant que Rose, il dansait et chantait, parfois en qualité de principal chanteur de groupes qui se produisaient un peu partout sur les côtes du New Jersey. Curieusement, Furcillo-Rose avait beaucoup de spécialités en commun avec Eddie King – y compris celle, douteuse, qui consistait à apparaître occasionnellement dans des spectacles maquillé de sorte à ressembler à un Noir.
Furcillo-Rose, qui avait quelques années de plus que June, n’avait jusqu’ici jamais vraiment prêté d’attention à la jeune danseuse au doux visage. Pourtant, June et Furcillo-Rose provenaient tous deux de familles originaires de Neptune-Ocean Grove et avaient beaucoup de choses en commun. Ils appartenaient à la même paroisse. Le père de Don avait été coiffeur, tout comme Ethel May. Victoria Rose, la mère de Don, était amie avec Ethel May. Et à l’époque où June commença à fréquenter Don, sa sœur Lorraine eut une amourette d’adolescente avec le frère cadet de Don, Victor.
Don et June s’immergèrent totalement dans une relation amoureuse qui dura tout l’été. Il existe des photographies de l’époque sur lesquelles on peut voir les deux familles en train de pique-niquer ensemble
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