Jack Nicholson

adaptation cinématographique du Monstre des Hawkline de Richard Brautigan ; puis que Jack allait jouer un détective de fiction sur les traces d’un tueur en série dans l’adaptation de Cercueils sur mesure de Truman Capote mise en scène par Ashby ; puis qu’il interpréterait l’homme d’affaires qui finit par devenir chef d’une tribu africaine dans le roman Le Faiseur de pluie de Saul Bellow mis en scène par Ashby.
    Cependant, aucun de ces films ne passa le cap de l’annonce, et Ashby se mit à se replier de plus en plus sur lui-même, ce qui fut l’une des raisons pour lesquelles Nicholson, presque à contre-cœur, s’ouvrit à des réalisateurs jeunes et nouveaux.
    Nicholson n’avait pas l’habitude de dilapider son argent en investissant dans des projets hasardeux, mais il pouvait lui arriver d’acheter les droits d’adaptation cinématographique d’un texte qui l’intéressait – et tel fut le cas de The Murder of Napoleon de Ben Weider et David Hapgood, œuvre traitant des années d’exil de Napoléon.
    Si sa maîtrise du français était médiocre, Nicholson avait toujours le désir d’incarner Napoléon, désir qui découlait de son projet avorté avec Kubrick et de son amour pour la France. The Murder of Napoleon était un mélange de récit historique et de récit policier qui contait le supposé empoisonnement de Napoléon sur l’île Sainte-Hélène. Les journaux de la profession disaient que le vieil ami de Nicholson et scénariste de Chinatown allait adapter le projet pour Nicholson.
    « Je le voyais (le film sur Napoléon) comme Shaw, Nietzsche, ce genre de penseurs qui envisageaient Napoléon, "l’homme", l’auraient vu », déclara Nicholson à l’occasion d’une interview.
    « Quand je pensais à lui, je me sentais proche de lui – là encore, en termes de poétique – liés au fait que cet homme avait conquis deux fois le monde. Et était devenu le symbole même du mal. C’est comme ça qu’on le décrit en Angleterre. Mais il s’agit quand même de l’homme qui a renversé le féodalisme. Jusqu’à cette époque, tout tournait autour de la famille. Après lui, on pouvait simplement être qui on était. »
    Faute de Napoléon, pourquoi pas Howard Hughes ? Jacob Brackman, le scénariste de The King of Marvin Gardens, travailla au début des années 1980 sur un script traitant de Hughes et conçu pour Nicholson et la Warner Brothers. Il devait s’agir d’un portrait du Hughes vieux et fou, et non du Hughes jeune et entreprenant, la période des ongles longs et des gants blancs où l’homme vivait isolé, solitaire et en proie à une profonde paranoïa.
    Bert Schneider devait faire son grand retour dans la production de films. Nicholson était fasciné par Hughes, un homme qui avait tout mais qui ressentait un vide au fond de lui-même. « Nicholson s’identifiait à lui et pouvait accaparer sa sensibilité de façon immédiate et effrayante », se souvient Brackman.
    Puis Warren Beatty eut vent du projet. Beatty s’était mis dans l’idée que si un acteur devait un jour incarner Hughes au cinéma, ce serait lui. Il en parla à Nicholson. Par déférence pour Beatty, Nicholson fit marche arrière.
    Où était l’époque où les membres du cercle d’amis de Jack rêvaient de concevoir des rôles pour eux-mêmes ? Le fait est qu’aucun des films de Nicholson depuis Easy Rider n’avait été amorcé par Nicholson. Le fait est que Nicholson n’écrivait plus de scripts.
    « Je n’arrive plus à me poser », déclara l’acteur à un journaliste de Rolling Stone en 1984. « La vie ne me le permet plus – c’est l’un des problèmes quand on a un vaste choix. Au tout début, l’écriture était ma vie. »
    Moins d’écriture, donc, mais aussi moins de lectures. Les livres, il les achetait puis les mettait de côté. Il confia à Rosemary Breslin du New York Daily News au cours d’une interview réalisée en 1985 qu’il avait du mal à venir à bout d’Ironweed de William Kennedy, un roman dense mais plutôt court. Ironweed « ne tenait pas ses promesses », disait l’acteur. « Je peux commencer par le milieu. Je n’ai pas l’impression de manquer quoi que ce soit. »
    Nicholson avait développé une théorie qui lui permettait de façon bien pratique de considérer la comédie comme un art en tout point opposé à celui de l’écriture. John Wayne, le grand acteur de westerns, avait exercé plus d’influence sur