Jack Nicholson

Paramount réussit à produire.
    Parmi les regrets d’Evans figurait la mauvaise attitude qu’il avait eue lors des querelles intestines liées à la production de The Two Jakes en 1985. « Avec le recul, déclara-t-il tristement à un journaliste, je me dis que j’aurais dû me retirer du projet quatre ans plus tôt, mais j’étais trop en colère. »
    Pendant les années de malchance, Nicholson s’était montré d’une loyauté sans égal vis-à-vis d’Evans. À un moment, Evans avait dû vendre sa maison, une demeure de style régence anglaise dotée d’un court de tennis et d’une piscine. Nicholson adorait la maison d’Evans, à laquelle il se rendait régulièrement pour jouer au tennis ou visionner des films qui venaient de sortir. Nicholson prit les choses en main. En mars 1989, l’acteur se rendit à Monte-Carlo afin de rencontrer l’agent immobilier qui avait racheté la demeure. Jack se débrouilla pour la récupérer et la rendre à Evans.
    Parallèlement, Jack avait essayé de recoller les morceaux avec Towne. La carrière de Towne était restée obstinément iconoclaste. Après la première production de The Two Jakes, Towne avait écrit et mis en scène un autre film, Tequila Sunrise, qui était assez bon, mais qui n’avait été qu’un succès modeste. À une certaine époque, le personnage joué par Kurt Russell, un policier cynique de L.A. , aurait pu sembler parfait pour Nicholson. « Kurt a un rôle à la Bogart : il perd la fille, sauve son ami, et c’est lui qui a le dernier mot, la dernière réplique », avait dit Towne.
    Lors de l’une de ses mauvaises passes, Towne avait essayé de remettre sur pied le projet de The Two Jakes avec une autre star dans le rôle de J.J. Gittes – Harrison Ford ou Roy Schneider – et Dustin Hoffman dans celui du second Jake. Il s’agissait là d’une mauvaise idée qui, fort heureusement, n’aboutit jamais à rien. Tout était désormais oublié, et Towne et Evans – forcés par la nécessité et leur position de faiblesse – se montrèrent réceptifs vis-à-vis de Nicholson.
    Une nouvelle société de production fut fondée, 88 Production Company, dont la Paramount était actionnaire. Robert Evans serait le producteur et Harold Schneider le coproducteur. Nicholson jouerait son rôle de star pour 5 millions de dollars, et braderait ses services de réalisateur en acceptant le minimum syndical. Il n’était plus question de « un pour tous et tous pour un » : Towne devrait se contenter de n’être « que le scénariste ».
    Harvey Keitel, survivant du casting du premier The Two Jakes, fut promu. Il allait jouer le rôle de Jake Berman, le personnage trahi sur le plan professionnel et privé par son associé. Berman prend son associé en flagrant délit et le tue, ce qui déclenche une série d’évènements complexes qui finissent par renvoyer J.J. Gittes dans les mystères du passé (et les souvenirs de Chinatown). La piste des indices mène à l’infâme magnat du pétrole et à la pollution de la terre.
    Meg Tilly fut embauchée pour jouer le rôle de la femme de Jake Berman, la « sœur-fille » d’Evelyn Mulwray, dont la véritable identité était cachée. Madeleine Stowe se vit attribuer le rôle de l’épouse de l’associé mort, une minable bimbo. Richard Farnsworth interpréterait le magnat du pétrole, un personnage qui avait de forts accents de Noah Cross.
    Hors champ, les amis, la famille et les maîtresses se rassemblèrent. Jennifer – une blonde aux yeux bleus de 1,68 m, qui ressemblait aussi bien à sa mère qu’à Jack – fut embauchée en qualité d’assistante du chef décorateur. Rebecca Broussard, la mère du futur enfant de Nicholson, jouerait la secrétaire de J.J. Gittes.
    (« En tant que réalisateur, déclara sérieusement Nicholson à un journaliste du New York Times, j’établis des fondations très solides. J’ai informé tous les acteurs des relations que leurs personnages entretenaient les uns avec les autres. J’ai dit à ma secrétaire que son fiancé était mort à la guerre et qu’il était dans mon unité. Vous ne pouvez pas le voir à l’écran, mais cela donne une base émotionnelle et cela permet d’effacer toutes les interférences romantiques liées à notre relation. »)
    Les autres rôles secondaires furent attribués à des acteurs que Jack avait connus dans sa jeunesse et à des amis de l’époque Jeff Corey. « Il n’oublie pas les types qu’il a