Jack Nicholson

dérouler au paradis puisque tous les personnages principaux avaient été tués.
    À Hollywood, la rumeur disait que le réalisateur exilé Roman Polanski essayait de convaincre Nicholson et Anjelica Huston de jouer dans une adaptation de La Jeune Fille et la mort d’Ariel Dorfman (qui avait été mise en scène à Broadway par Mike Nichols). Aussi impossible que cela pût paraître, personne ne trouvait cela complètement inimaginable. Même l’amour pouvait avoir une suite.
    Finalement, Nicholson se laissa tenter par un script dont on parlait beaucoup traitant d’un loup-garou et écrit par un ami, le poète et romancier Jim Harrison (Légendes d’automne). Tous les noms des vieux réalisateurs furent cités, mais Jack préférait Mike Nichols, qui s’était révélé être un guide très sûr dans certains de ses précédents films mais qui était un candidat improbable pour la mise en scène d’une fantasy d’épouvante. Jack jouerait le rôle d’un éditeur new-yorkais trahi par la vie moderne dont la poursuite symbolique d’un loup devenait une excuse pour déterrer le mythe classique du loup-garou.
    Wolf laissait présager un mélange de la période ancienne et terre à terre de Jack et de sa période fantastique plus récente. Du fait du complexe déguisement de loup que porterait la star et des effets spéciaux qui prolongeraient la post-production, le budget s’élevait à au moins 40 millions de dollars hors média lorsque le tournage débuta à la fin du printemps 1993. Army Arched, dans Variety, expliqua que Nicholson avait un « contrat exceptionnel (hors média) ». Le journaliste ajoutait : « Il doit être vraiment exceptionnel car Nicholson m’a un jour dit qu’il avait plus d’argent qu’il ne pourrait jamais en dépenser. »
    Tous les journaux et les magazines interrogeaient Jack sur son cachet qui ne cessait d’augmenter – surtout depuis Des Hommes d’honneur et Hoffa, films pour lesquels on disait qu’il avait touché entre 10 et 13 millions de dollars. Jack se rebiffait lorsque quelqu’un laissait entendre qu’il faisait grimper les coûts de production de l’industrie du cinéma. « Laissez-moi vous expliquer les choses, dit-il un jour d’un ton sec à un journaliste. Cet argent, on ne vous le donne pas si vous ne le valez pas. Point. »
    Si Hoffa, dont le budget était de 42 millions de dollars, avait été un échec au box-office, le film de Rob Reiner finit par faire un chiffre d’affaires de plus de 100 millions de dollars. Aucun autre acteur de son époque, à l’exception de Clint Eastwood, ne pouvait se vanter d’avoir un succès si régulier auprès du public, succès qui s’était maintenu sur plusieurs décennies, d’ Easy Rider à Des Hommes d’honneur, et ce n’était pas fini. Aucun autre acteur n’avait reçu autant d’argent. D’après certaines sources, Nicholson était l’un des deux comédiens les plus riches de Hollywood, l’autre, dans les années 1990, étant Arnold Schwarzenegger. La fortune de Jack fut estimée à plus de 300 millions de dollars.
    Pour sa prestation dans Des Hommes d’honneur, il fut nominé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, la quatrième nomination de Nicholson pour un second rôle et sa dixième en tout. Seule Katharine Hepburn avait été nominée davantage (douze fois). Mais 1992 était aussi l’année du très admiré western révisionniste de Clint Eastwood, Impitoyable, et ce fut Gene Hackman qui, pour sa prestation dans ce film, fut couronné meilleur second rôle à la cérémonie des Oscars de 1993.
    Nicholson fut davantage peiné de ne pas avoir été nominé au titre de meilleur acteur pour sa prestation dans Hoffa. Il pensait s’être aventuré plus loin et avoir creusé plus profond qu’il ne l’avait fait avec ses autres rôles et regrettait que les gens ne s’en soient pas rendu compte. Certains critiques avaient fait l’éloge de son interprétation du chef du syndicat, mais d’autres avaient tiré à boulets rouges sur le film. Jack pensait qu’il avait marqué un nouveau point, donné tout ce qu’il avait, mais que Hollywood avait changé les règles du jeu pour lui rendre la tâche plus difficile.
    1994, qui marqua le vingt-cinquième anniversaire d’ Easy Rider , se révéla être une année mouvementée.
    En février, Jack fit l’actualité de façon inattendue : il fut accusé d’avoir vandalisé une Mercedes qui avait frôlé la sienne en tournant à