Jack Nicholson
l’un de ses enfants), mais le Nicholson de 1992 avait parcouru un long chemin.
L’acteur maintenait la fréquence des interviews et semblait en tirer parti ; il aimait discuter, débattre, mais préférait encore les monologues et utilisait ses sourcils, ses mains et ses cigarettes comme des armes blanches.
En décembre 1992, l’acteur de 55 ans accorda une interview au Los Angeles Times et fuma quatre Camel Light durant l’entretien (il emportait avec lui un cendrier de poche pour ce type d’occasions publiques).
« Bien que moins libéré dans ses conversations qu’il ne l’était autrefois », faisait observer Hilary DeVries, Nicholson semblait « parfaitement à l’aise avec la position exceptionnelle qu’il occupait au sein de l’industrie du cinéma et pas au-dessus de quelques bribes d’auto-suffisance. La première d’entre elles, qui n’était pas la moindre, étant son aptitude à éluder les questions directes en se lançant dans des histoires décousues, digressives, du quasi n’importe quoi – sur la comédie, la politique, la philosophie – qui vous laissaient bouche bée bien après que vous ayez compris qu’elles avaient depuis longtemps perdu leur cohérence, bien que conservé leur valeur divertissante, jusqu’à ce qu’il réalise lui-même qu’il avait fini par perdre son public. »
Alors qu’un journaliste lui demandait si les personnages qu’il avait joués dans Des Hommes d’honneur et Hoffa étaient des « personnages limites » du type de ceux qu’il avait à une époque juré de toujours interpréter – des héros BBS qui attaquaient le public –, Nicholson déclara qu’il pouvait « rendre limite » le colonel Nathan Jessep et Jimmy Hoffa, mais qu’il s’agissait surtout de « deux anachronismes iconoclastes ». Jack se définissait aussi comme un personnage « anachronique » dans un monde hollywoodien « post-littéraire ».
Nicholson cherchait toujours à défendre The Two Jakes et Man Trouble. Il disait penser que les studios n’avaient pas laissé leurs chances à ces films. Il reprochait aux cadres des studios d’avoir trop parlé aux médias des problèmes qui avaient eu lieu sur les plateaux, corrompant ainsi la réception des deux films. « Roman Polanski a trouvé que The Two Jakes était la suite parfaite de l’un de ses meilleurs films », déclara l’acteur à un journaliste d’ USA Today. « C’est le genre de critique dont j’aime discuter. » Malgré une réception extrêmement négative, Nicholson trouvait par ailleurs toujours que Man Trouble était un film « charmant, vraiment charmant ».
Nicholson admettait que Batman lui avait rapporté beaucoup d’argent, même s’il refusait de préciser la somme exacte. Les producteurs ne lui avaient pas demandé de jouer dans le second volet, Batman, le défi, déclara-t-il au Los Angeles Times, mais avaient rempli leur part du contrat en lui versant son pourcentage sur le licensing et les droits subsidiaires du film originel.
« Il a fallu que je m’en mêle et que je fasse quelques recherches par-ci par-là, mais c’est assez normal », ajoutait Nicholson.
Un peu plus tôt en 1992, Nicholson avait annoncé qu’il allait prendre deux années sabbatiques et rechercher une maison dans le sud de la France pour pouvoir se reposer et regarder grandir ses enfants. Mais les nobles idées de famille et de paternité (rien de tout cela dans Hoffa) étaient désormais en suspens, à l’instar de l’avenir incertain de sa relation avec Rebecca Broussard.
Jack allait donc peut-être se remettre tout de suite au travail.
« Si je continue à travailler – vous savez, je crois que quand je travaille, je le fais deux fois plus que toute autre personne dans ma position –, je voudrais faire plusieurs choses. Par exemple plonger l’acteur d’âge mûr dans une sensualité bouillante. »
On disait que Nicholson pourrait brièvement reprendre le personnage qu’il avait joué dans Ironweed, Francis Phelan, dans un film adapté de l’un des premiers romans de William Kennedy, Jack « Legs » Diamond. Shirley MacLaine déclarait qu’elle espérait que Nicholson accepterait de jouer dans la suite de Tendres passions, Étoile du soir. On disait que Robert Towne avait commencé à écrire le troisième volet de la saga de Jake Gittes. De temps en temps, Peter Fonda et Dennis Hopper parlaient d’une suite d’ Easy Rider, suite qui devrait sans doute se
Weitere Kostenlose Bücher