Jack Nicholson

celui de Jack/Schmidt. Par ce moyen et par d’autres, Jack avait effacé sa personnalité habituelle. « C’est vraiment une prestation assourdie », déclara-t-il à un journaliste du New York Times. Il rencontra quelques actuaires en assurance pour étudier leur insipidité. « Celle (la chose) dont je me souviens bien, c’est qu’ils m’ont dit qu’un actuaire regardait toujours ses pieds quand il parlait à quelqu’un et était gêné, expliqua la star. Et l’autre chose, c’est que quand vous demandez à un actuaire quelle heure il est, il vous répond d’aller vous fabriquer une montre. »
    Comme Omaha elle-même, le rôle était l’incarnation de l’Amérique moyenne. « Waouh, il doit bien y avoir 900 nuances de marron », aurait dit Nicholson au printemps 2001, le premier jour du tournage, après avoir regardé autour de lui. Autant que faire se pouvait, Payne utilisa de véritables habitants d’Omaha et de véritables employés de Dairy Queens. La star remercia en public son réalisateur de lui avoir rappelé, dès le début, qu’il interprétait dans Monsieur Schmidt un « petit homme » si bien que Payne avait dû stimuler les rares explosions d’énergie de son personnage, Nicholson se sentant pris au piège dans « les vibrations de ce petit homme aux émotions réprimées et refoulées », d’après les mots de Payne.
    Nicholson, qui faisait partie des acteurs les mieux rémunérés de Hollywood, accepta de baisser son cachet à huit chiffres en échange de garanties d’exploitation pour permettre à ce film au budget modeste d’être produit. « Il vient du milieu du cinéma à petit budget et y conserve ses racines », déclara Payne à l’occasion d’une interview. « Il parle de Corman. Il parle des cours de comédie que lui a donnés Jeff Corey dans les années 1950. Il parle de l’époque où il devait ranger les projecteurs et le reste du matériel. »
    Le tournage fut discret et peu couvert par la presse nationale. Mais les habitants d’Omaha étaient tout excités d’accueillir la célèbre star dans leur ville et rapportèrent ses allées et venues dans la rubrique d’un journal local intitulée « Where’s Jack ? », tandis que quelques-uns prétendirent l’avoir aperçu, de nuit, rôdant nu autour de sa location en dévorant des tartes.
    Rebecca Broussard épousa l’acteur Alex Kelly en 2001, et Lara Flynn Boyle eut une liaison assez médiatisée avec l’acteur Eric Dane, 32 ans, de la série télé Gideon’s Crossing. Bien vite, Boyle quitta la maison de Jack et plusieurs articles de journaux annoncèrent la fin de leur histoire. Mais ces spéculations étaient prématurées, et Nicholson et Boyle se rendirent à Wimbledon en juillet puis, pour la sortie de The Pledge en Russie, furent conduits par le président du Festival international du film de Moscou Nikita Mikhalkov devant le Président Vladimir Poutine.
    De retour dans une Amérique titubante suite aux attaques terroristes du 11 septembre, Nicholson se rendit à Ground Zero, et sortit de sa limousine pour applaudir les secouristes. « À l’instar du personnage de col bleu qu’il avait joué dans Cinq pièces faciles, écrit Edward Douglas dans Jack : The Great Seducer, il prit les commandes d’une immense grue et aida à nettoyer les gravats. » Pendant trois heures, en ce jour de novembre, Nicholson signa des autographes sur les casques des ouvriers puis participa à un téléthon de célébrités et contribua ainsi à rassembler un pactole de 150 millions de dollars pour les familles des victimes (plus tard, cependant, il formula brièvement son soutien à George W. Bush et à l’invasion de l’Irak).
    Accompagné de Boyle, il se rendit ensuite dans le New Jersey pour visiter la Manasquan High School et se remémorer tous les bons souvenirs. Jack avait eu un rôle original dans la pièce jouée à la fin de l’année 1954 ; plus récemment, l’école avait instauré un prix Jack Nicholson récompensant les élèves méritants, et le directeur du théâtre demanda à l’acteur s’il l’autorisait à donner son nom à l’auditorium de l’établissement. « Je suis flatté, aurait répondu Nicholson. Je suis honoré. »
    De plus grands honneurs encore suivirent quand Nicholson, Van Cliburn, Luciano Pavarotti, Julie Andrews et Quincy Jones furent annoncés comme les prochains destinataires des vingt-troisièmes Kennedy Center Honors remis par le Président à Washington