Jack Nicholson
Monsieur Tout-le-monde dans Monsieur Schmidt, qui fut projeté au Festival de Cannes au printemps 2002 (où le scénariste-réalisateur Alexander Payne fut nominé à la Palme d’or) et qui fit partie de la sélection du New York Film Festival en septembre, avant sa sortie nationale en décembre. Envoûtés par la « déjackisation », la plupart des critiques multiplièrent les superlatifs. « L’une de ses meilleures performances », s’extasiait Philip French dans The Guardian (Londres). « Nicholson au sommet du courage et de la prise de risques », acquiesçait Peter Travers dans Rolling Stone. « Une prestation monumentale qui pulvérise toutes les attentes et maltraite les cœurs. »
« Le fait que Jack ait rendu ce personnage intéressant est non seulement un tribut à son art, mais aussi à sa légende, expliquait Roger Ebert. Jack est tellement différent de Schmidt que sa prestation engendre un sentiment de crainte mêlée de respect. Interprété par un autre acteur, ce personnage aurait pu être trop tragique, ou passif, ou vide, mais Nicholson a réussi à trouver en Schmidt une envie qui se développe lentement, le désir de commencer à vivre alors que son temps est presque terminé. »
Entre autres récompenses, Nicholson remporta le Golden Globe du meilleur acteur, ce qui en faisait un candidat favori pour les Oscars, quand sa douzième nomination fut annoncée, de même que celles d’Adrien Brody (Le Pianiste), Nicolas Cage ( Adaptation ), Michael Caine (Un Américain bien tranquille) et Daniel Day-Lewis (Gangs of New York). « L’une des plus puissantes listes qu’on ait eu l’occasion de voir ces derniers temps », put-on lire dans le magazine Variety.
Mais l’Amérique envahit l’Irak le 20 mars 2003, soit trois jours avant la soixante-quinzième cérémonie des Oscars, et certains nominés et célèbres présentateurs, inquiets des répercussions terroristes et politiques que pouvait avoir l’événement, se décommandèrent au dernier moment. Nicholson organisa un déjeuner avec les quatre autres candidats au titre de meilleur acteur, auxquels il demanda leurs points de vue sur la question. Brody – le seul nominé qui ne possédait pas d’Oscar – déclara que rien ne l’empêcherait de participer à la cérémonie. Brody, l’outsider vainqueur, avait eu le nez creux : il donna à la présentatrice Halle Berry un long baiser qui figurerait dans tous les résumés des meilleurs moments de la cérémonie.
Si Le Pianiste était un triomphe tout particulier pour l’homme qui l’avait dirigé d’une main de maître dans Chinatown – Roman Polanski, toujours considéré comme un fugitif aux États-Unis, mais nommé meilleur réalisateur ce soir-là –, Nicholson fut, paraît-il, extrêmement déçu. C’était l’une des meilleures prestations de Jack, et l’Academy avait une nouvelle fois repoussé les objectifs. Ou peut-être était-ce cette nouvelle image tape-à-l’œil qui avait influencé le vote.
Sorti dans les salles en avril, Self-Control irrita la plupart des critiques qui avaient fait l’éloge de Monsieur Schmidt, telle Marjorie Baumgarten de The Austin Chronicle, qui écrivit méprisamment : « C’est probablement une bonne chose que Jack Nicholson n’ait pas remporté l’Oscar le mois dernier pour sa prestation dans Monsieur Schmidt, car à ce moment même, il aurait eu beaucoup de choses à nous expliquer. » Mais Nicholson savait ce qu’il faisait, comme le prouvèrent les 133 millions de dollars de recettes qui ne tardèrent pas à s’accumuler. Les scores finaux de Monsieur Schmidt étaient presque aussi impressionnants : ce film de « petit homme » fut un grand succès et finit par rapporter 65 millions de dollars. Ce qui n’était déjà pas mal – et Jack avait une troisième corde à son arc.
Environ un an plus tôt, Nicholson avait fait la connaissance de Nancy Meyers, l’une des rares scénaristes-réalisatrices de Hollywood, et avait accepté sur une poignée de main de jouer dans la comédie romantique sur l’âge mûr qu’elle souhaitait expressément mettre en scène pour lui et Diane Keaton. Nicholson n’avait jamais encore été dirigé par une femme, mais il déclara que si « Special K » était d’accord, il l’était aussi. Quoique pas particulièrement proches l’un de l’autre, Nicholson et Keaton étaient restés en bons termes depuis leur dernière apparition commune à l’écran dans
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