Jack Nicholson
ou deux fois, ne fais jamais plus d’une ou deux prises, et dépêche-toi de passer au prochain plan. D’ailleurs, à mon avis, tu pourras travailler seulement le week-end et ne manquer aucun de tes cours. »
Avec un budget ridicule et un chef opérateur en qui Corman avait toute confiance – Taylor Sloan –, Berman commença le tournage à la fin du printemps 1960. La grande majorité des acteurs étaient des jeunes de la région, recrutés dans les comtés de Sonoma et de Contra Costa. Mais le script était entièrement composé de scènes en extérieur, et le réalisateur novice se vit confronté à un inhabituel mauvais temps. Immédiatement, la production prit du retard. Après avoir vu les rushs, Corman ordonna à Berman de suspendre le tournage de The Wilde Ride et d’attendre ses vacances d’été pour recommencer.
Entretemps, Corman prendrait quelques précautions. Il trouva un conseiller de production digne de confiance en la personne de Monte Hellman. Deux scénaristes resteraient sur le plateau pour fignoler le script (l’une d’entre eux, Marion Rothman, abandonnerait bientôt son activité de scénariste pour devenir la monteuse de films aussi remarqués que L’étrangleur de Boston, Tombe les filles et tais-toi, Funny Lady, Starman et Mystic Pizza).
Certains des amateurs de Berman furent renvoyés, et le premier rôle fut réassigné à un acteur qui avait fait une bonne prestation pour Corman dans le tout récent La Petite Boutique des horreurs : Jack Nicholson.
Corman dut également trouver une autre héroïne. Or, Jack Nicholson était venu accompagné de Georgianna Carter, qui devint la première petite amie de Jack à avoir été enrôlée dans l’un de ses films. Georgianna se vit confier le rôle de la gentille fille, fidèle à Dave, mais très amie avec le conducteur de hot rods Johnny Varron. Le rôle de Johnny Varron, la mauvaise graine de la bande, revint à Nicholson.
De l’aube au crépuscule, ils tournèrent pendant deux semaines au début de l’été, vivant en communauté dans des maisons qu’ils avaient louées à Concord, dans le comté de Contra Costa. Il faisait horriblement chaud. Comme toujours avec Corman, les pressions liées au temps et à l’argent étaient intenses : le film devait être bouclé en deux semaines car il fallait ensuite expédier les caméras et le reste du matériel dans les Caraïbes pour le tournage de Creature from the Haunted Sea.
Du fait de ces pressions, il n’y eut pas de répétitions, et le réalisateur n’eut même pas le temps de relire les dialogues et de coacher les acteurs. Ce fut l’habituel : « Mettez-vous directement au travail et jouez vos scènes en vous fiant à votre intuition. »
« Je trouvais qu’il était beau garçon », dit le réalisateur Berman au sujet de Nicholson. « Je l’aimais bien. La chose qui m’a frappé chez lui, c’est qu’il avait une intense volonté de réussite. Il voulait vraiment que tout fonctionne à la perfection. »
« Il me faisait penser à mon ancien camarade de classe James Dean, qui avait été à l’ UCLA pendant un semestre. Je connaissais bien Dean. Jack jouait de façon très sobre, et Jimmy Dean était lui aussi un représentant de l’ underplaying : il posait sur la scène un regard biaisé, et il entrait dedans. Jack avait tendance à faire la même chose. C’était très efficace. »
D’après l’histoire, Johnny Varron est le « tombeur » d’une bande de jeunes fêtards. Il fait une dangereuse course sur l’autoroute et pousse joyeusement un motard de la police à quitter la route. La course mortelle sur l’autoroute avait bien sûr été empruntée à La Fureur de vivre, mais The Wilde Ride s’inspirait aussi sans scrupules d’autres œuvres. Quand Johnny Varron gagne un trophée d’ hot rod et l’attache à son pare-chocs, l’un de ses acolytes dit en plaisantant : « Comme dans L’Équipée sauvage, mec, comme Marlon Brando. » Malgré sa personnalité soupe au lait, Johnny Varron entretient des liens amicaux inexplicables avec un jeune homme convenable, Dave (Robert Bean, l’un des étudiants de Berman), qui a décidé de quitter la bande.
« Jack voulait connaître toutes les motivations de son personnage pour chaque moment de chaque scène, pour pouvoir rendre les choses plus crédibles, se souvient Berman. Pour vous donner un exemple, le premier jour du tournage, alors qu’on travaillait sur une scène, Jack m’a
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