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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Reeves
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politiques des deux nations ennemies. En 1986, Gorbatchev et Reagan se rencontrèrent à Reykjavik, en Islande, pour entreprendre le démantèlement des bases de lancement terrestres et sous-marines. En 1989, l’éclatement de l’URSS mit fin à cette crise.
    Aujourd’hui, bien que l’arsenal atomique existe encore, le déclenchement d’une guerre nucléaire mondiale paraît de moins en moins vraisemblable. Les bombes artisanales et les avions de ligne semblent être les armes de notre époque. Mais, pour alimenter notre réflexion, supposons malgré tout qu’un échange nucléaire ait eu lieu. Que quelques rares survivants, examinant la séquence des événements responsables de ce désastre – évolution du cerveau humain, développement des connaissances scientifiques et de la technologie, découverte de l’énergie nucléaire, fabrication des missiles, etc. –, se posent cette question : l’intelligence serait-elle un cadeau empoisonné ? Dans ce scénario, force serait de constater que l’espèce animale qui en a été dotée recevait en même temps le moyen de s’exterminer elle-même, sans pour autant avoir reçu les garde-fous nécessaires pour éviter de passer à l’acte. Prenons conscience du fait qu’entre 1950 et 1980 l’humanité a bien failli disparaître. Nous sommes une espèce éminemment périssable.

Chapitre 30
    Défense de l’environnement
    O n peut voir l’astronomie et l’écologie comme deux volets d’un même thème : notre existence. L’astronomie, en nous racontant l’histoire de l’Univers, nous dit d’où nous venons, comment nous en sommes venus à être ici aujourd’hui. L’écologie, en nous faisant prendre conscience des menaces qui pèsent sur notre avenir, a pour but de nous dire comment y rester.
    Quand j’étais étudiant, hormis sur le plan politique avec la guerre froide, l’avenir de l’espèce humaine était envisagé avec optimisme. Les réacteurs nucléaires promettaient de l’énergie à bas prix et la fin de la pauvreté dans le monde… Les progrès de la chimie dans le domaine des fertilisants laissaient entrevoir un accroissement considérable du rendement des terres cultivées. La « révolution verte » empêcherait la famine… Les développements et les applications de la médecine, en particulier en matière d’antibiotiques, allaient permettre de guérir un grand nombre de maladies mortelles et d’écarter tout risque de pandémie… Les scientifiques œuvrant dans ces secteurs vivaient dans l’euphorisante conviction de préparer activement l’avènement du bonheur pour l’humanité.
    Pourtant, au cours des années 1970, 1980 et surtout 1990, des nuages sombres ont progressivement assombri ce ciel idyllique.
    Ce fut d’abord la suspicion d’un réchauffement climatique planétaire (effet de serre) engendré par le rejet de gazcarbonique dans l’atmosphère, du fait de la combustion du pétrole, du gaz naturel et du charbon. Elle fut étayée par les premiers calculs effectués à l’aide de modélisations mathématiques. Les Nations unies confièrent alors à un groupe constitué de plus de 2 500 spécialistes parmi les meilleurs à l’échelle internationale (le GIEC) la mission d’étudier cette question. Le réchauffement fut confirmé et l’industrie humaine identifiée comme en étant la cause principale.
    Le Saint-Laurent en péril
    Ce fut ensuite la pollution. L’accroissement du gaz carbonique dans l’air (un gaz incolore, inodore et présent sans grand dommage dans le champagne) restait cependant pour moi relativement abstrait. Je n’en sentais pas directement les conséquences. Il n’en était pas de même des effets de la pollution chimique.
    D’année en année, j’ai constaté sur le buddleia (l’arbre à papillons) de notre jardin de Malicorne la diminution dramatique des populations de papillons. Auparavant, l’été, je pouvais les compter par dizaines d’espèces différentes, sur les grappes de fleurs odorantes. Aujourd’hui, il en reste très peu. Même constatation pour les hirondelles qui nidifient dans nos vieilles granges, et pour les grenouilles qui coassent dans l’étang…
    Mais ce qui m’a le plus profondément affecté, ce sont les mauvaises nouvelles en provenance du Québec sur l’état de santé du fleuve Saint-Laurent. Enfants, nous nous y baignions. Quel choc quand j’ai appris, il y a quelques dizaines d’années, qu’il était devenu « la poubelle de

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