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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Reeves
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compliqué.
    – Mais non, je suis familier du métro.
    – Il serait fort ennuyeux pour nous d’apprendre que vous avez eu des difficultés. Il en va de notre sens de l’hospitalité. »
    Ces mots sont dits sur un ton autoritaire qui ne permet aucune protestation.
    Ya Zeldovitch
    Le jour suivant, je rencontre le cosmologiste Ya Zeldovitch et son équipe de théoriciens. Nous avons une discussion passionnante sur la théorie du Big Bang à laquelle il est profondément attaché et qu’il a déjà puissamment contribué à développer.
    Il connaît mes travaux sur la nucléosynthèse et promet de m’accorder son appui pour mon projet d’expérimentation nucléaire, reconnaissant qu’il s’agit là de données cruciales pour l’évolution de l’astrophysique nucléaire. Je n’en entendrai plus jamais parler.
    Il me propose de me ramener à mon hôtel dans sa voiture. « Je vais chez mon dentiste », me dit-il. Il a son cabinet privé. Pendant le trajet, nous commençons à parler politique. Lui aussi pense que le communisme est le meilleur des systèmes. Comme je m’étonne du fait qu’il consulte un dentiste privé, il me répond avec un clind’œil : « Je suis peut-être communiste, mais je ne suis pas fou. »
    Sa façon de penser, la vigueur de son esprit, son humour m’ont séduit, et les heures que j’ai passées avec lui ont été les plus fructueuses de mon séjour en URSS. Je l’ai revu en diverses circonstances, plusieurs fois avant sa mort.

Chapitre 19
    À l’observatoire de Pulkhovo
    À Leningrad, je suis accueilli par l’adjoint du directeur de l’observatoire de Pulkhovo, ainsi que par une représentante de l’Intourist. Ils m’interrogent sur mon séjour en Arménie puis m’indiquent mon programme pour les jours qui suivent : conférences, visites de laboratoires et, pour les soirées, le ballet du Bolchoï, des danses folkloriques, l’Opéra, etc.
    Je leur fais remarquer qu’au-delà de ma mission scientifique, j’aimerais rencontrer des gens du pays, et surtout des étudiants. Outre que je ne suis pas fou de ballet, je leur rappelle que je peux aller au théâtre ou au concert tant à Paris qu’à Bruxelles, non sans leur préciser que, ce qui m’intéresse davantage, c’est approcher et faire connaissance avec ce que l’on appelle « l’âme russe », qui m’a toujours séduit à travers les romans et les films.
    Je sens que je viens de toucher une corde sensible et que ma requête pourrait bien recevoir un accueil favorable. Aurais-je trouvé une faille dans ce que j’appelle « le mur de l’Intourist », rideau épais tendu entre les voyageurs et la Russie profonde ? L’agent, peu affable jusque-là, ne peut réprimer un sourire. Le sentiment d’hospitalité si profondément ancré chez les Russes l’emporterait-il sur les directives du Parti ?
    L’occasion est trop belle et j’en profite pour communiquer à l’adjoint du directeur mon désir de revoir Svetlana, Tatiana et Xenia (cheveux rouges et collants mauves) quim’avaient accueilli à l’aéroport. Quelques heures plus tard, elles me rejoignent à mon hôtel. Nous sommes ravis de nous retrouver.
    Je suis dorénavant capable de dire quelques mots en russe, ce qui semble les toucher profondément. Elles ont apporté des cartes des environs de Leningrad et nous mettons sur pied un programme des plus attrayants pour les moments de liberté que j’ai obtenus.
    Je profite de mes conférences à l’observatoire pour présenter à nouveau mon programme de recherches en nucléosynthèse. On me propose une visite à l’université de Leningrad. Déception… Comme à Erevan, les appareils sont désuets et mal entretenus. Rien qui permette le plus petit espoir de réaliser les expériences que j’aimerais voir mener à bien.
    Pendant mon temps libre, je visite le pays avec Svetlana et ses charmantes compagnes. Un matin, en route pour un château voisin, elles sont neuf à prendre le train avec moi. Pas un homme… Je demande : « Mais n’avez-vous pas de maris ? » Réponse : « On voit que vous ne connaissez pas les hommes russes. »
    Le musée de l’Ermitage est l’équivalent du Louvre. J’y découvre les impressionnistes russes de la fin du XIX e  siècle, dont j’ignorais l’existence. Puis nous voilà dans l’aile du « réalisme soviétique ». J’ai à peine le temps d’apercevoir d’immenses tableaux de fermiers rayonnants juchés sur leur tracteur que déjà

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