Je n'aurai pas le temps
conclusions.
Le but d’un cours universitaire, d’une conférence grand public, ou d’une conversation du grand-père que je suis avec les enfants de ma fille Évelyne, c’est toujours le même : apprendre quelque chose à quelqu’un . Les deux termes de la proposition sont les éléments indispensables à la réussite de l’opération. Toujours les garder simultanément en mémoire est une clef du succès.
Le grand arbre de la connaissance
Au fil des années, depuis notre plus jeune âge, de nouvelles connaissances nous arrivent de sources diverses et sur les sujets les plus variés. Archivées dans notre mémoire, ces connaissances s’intègrent dans une structure mentale comparable à un grand arbre aux multiples branches maîtresses : celle de la géographie, celle de l’histoire, celle des arts avec ses ramifications nommées musique, littérature, peinture… et celle des sciences, ramifiées en physique, chimie, astronomie, biologie. De branches en rameaux et de rameaux en branchettes, la ramure se développe et l’arbre grandit. Notre stock de connaissances croît d’une façon analogue. Ainsi, la branche Musique développe les rameaux des compositeurs se ramifiant en leurs œuvres. Musique – Mozart – La Flûte enchantée . Peinture – Van Gogh – Les Tournesols . La branche Chimie se prolonge en rameaux des constituants atomiques, celle de la Géographie génère par exemple Argentine, qui se ramifie pour contenir des données sur sa capitale… Et l’on trouvera la date de la bataille d’Azincourt dans une ramification de la branche Histoire.
On admet généralement qu’une nouvelle connaissance ne sera convenablement mémorisée que si elle peut trouver un lieu d’accueil précis et s’intégrer ainsi dans la ramure. En d’autres termes, à celui qui n’a encore aucune donnée sur l’Histoire de la Chine, la période Han qu’on lui narre tout à coup ne trouvera aucun support où se greffer. Celui qui ignore tout de la physiologie animale ne pourra incruster nulle part l’action du diphényle sur la rate. Inversement, tout document qui trouve un lieu préparé à son arrivée enrichit la culture et l’érudition de la personne.
L’édification de la mémoire par additions successives, dont l’ordonnancement se développe harmonieusement, est attestée par des résultats d’expériences récentes en sciences cognitives. Il importe donc pour l’enseignant de déceler l’état des connaissances des étudiants au moment où il a mission d’assurer leur accroissement. De même, le conférencier ne doit pas ignorer le niveau de savoir de ses auditeurs.
Quelques recommandations pratiques avant la conférence
Faire une enquête auprès des organisateurs pour connaître le profil des personnes attendues. Il s’agit de pouvoir estimer, même approximativement, le niveau de leurs connaissances. Si l’assistance comprend des esprits de formation intellectuelle très différente, essayer d’établir une fourchette des niveaux de chacun. Il faut que chaque auditeur y trouve quelque chose. Prendre en compte le niveau le plus bas en début de conférence pour atteindre graduellement le plus haut, celui des « initiés », sans s’interdire de le dépasser… pour un court instant, si lesujet l’impose. La frustration de ne pas tout comprendre est souvent compensée chez l’auditeur par la gratification de se sentir admis dans une assemblée de haut niveau intellectuel… et par la conviction qu’on ne le prend pas pour un ignorant…
Préparation de la salle
Une minutieuse inspection préalable du lieu de la séance est indispensable. Je me suis imposé d’accéder à la salle, accompagné d’un technicien, au moins une heure avant l’ouverture des portes. Aux organisateurs qui objectent : « Ne vous inquiétez pas, normalement tout marche bien », je réponds : « “Normalement” est un mot dont je me méfie particulièrement. » Pour détériorer l’ambiance d’une causerie, rien de tel que des techniciens tentant fébrilement d’installer le matériel ou de procéder à une réparation devant une salle remplie de spectateurs impatients…
Vérifier personnellement l’état de fonctionnement des appareils sans oublier de s’assurer d’une ampoule et d’un micro de rechange. La sono est-elle audible du fond de la salle ? Régler les éclairages : pas de spots qui aveuglent le conférencier et l’isolent. Si possible, pas de lampes
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