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Je n'aurai pas le temps

Je n'aurai pas le temps

Titel: Je n'aurai pas le temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Reeves
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fluorescentes (néons et autres), mais une lumière tamisée incitant à la concentration tout en laissant voir les yeux des auditeurs. Les regards sont les moniteurs de l’intérêt suscité par la causerie.

    Le quart d’heure académique
    Ce décalage tacitement programmé du début d’une conférence porte, dans le monde universitaire, le nom de « quart d’heure académique ». Je l’ai vécu dans la presque totalité des universités où j’ai pris la parole. Les organisateurs le prévoient et en informent le conférencier avantson entrée en scène. Cette coutume intègre le nom de l’endroit où elle a cours : « Le quart d’heure de Prague, de Turin, de Chicago, de Stockholm », etc. À ma grande surprise, elle existe aussi en Allemagne prussienne. Dans les pays méridionaux, c’est plutôt « la demi-heure académique ». Mais au Japon, on commence à la minute près…

    Concentration des auditeurs
    Ne pas commencer à parler avant que tout le monde soit entré et les portes fermées. Chacun doit être installé, avoir trouvé son calme, voire échangé quelques mots avec ses voisins. Si des personnalités sont annoncées, maire ou adjoint de service, attendre patiemment leur arrivée. Les entrées en cours de séance ont le plus mauvais effet sur la concentration des auditeurs.

    « Je sais que vous êtes là »
    À la fin d’une de mes premières conférences, j’ai demandé : « Est-ce qu’il y a des questions ? » On m’a répondu : « On entendait rien ! » Personne n’avait osé protester. Timidité ? Réserve ? Peur de se faire remarquer ? J’ai donc pris l’habitude de demander en introduction si l’on m’entend bien jusqu’au fond de la salle. Cette simple question installe la rencontre sous le signe de la convivialité. C’est comme un signe « Je sais que vous êtes là » qui engendre la confiance dont chaque auditeur a besoin pour se mettre dans une attitude d’écoute. Les réponses (un « oui », un geste de la main) attestent la réactivité de chacun.
    Comme une session de jazz, une conférence est un « happening ». La concentration mentale, les efforts pour suivre et assimiler des raisonnements quelquefois ardus, sont favorisés par l’instauration d’un climat affectif établissant un lien entre l’orateur et les auditeurs. La conférenceest un non-événement si le conférencier, installé devant son micro, lit imperturbablement son texte sans un regard vers l’auditoire. Mieux vaudrait distribuer l’écrit pour une lecture ultérieure.
    Conseil particulièrement important : avant de prononcer un mot, ne jamais omettre de se demander si son sens est connu et familier ; à la moindre incertitude, ne pas hésiter à fournir une définition limpide. Trois mots incompris suffisent à perdre un auditeur ; il « zappe », s’évade, pense à autre chose (« j’ai le chèque du loyer à faire »), bouge, tousse, perturbe les voisins… son inconfort mental se propage. Ce souci exige du conférencier une vigilance constante : un effort continuel pour se mettre « dans la tête des gens ».
    Si l’agitation gagne, il faut réagir et, selon le cas, ralentir, revenir en arrière, reprendre certains éléments, ou, au contraire, accélérer. L’ennui est un obstacle redoutable à l’échange.
    La qualité du silence est le véritable révélateur du niveau d’écoute. Quand ça marche bien : pas un bruit, pas une toux.

    Transparents, diapositives, PowerPoint
    Ces adjuvants sont à utiliser avec prudence et parcimonie. Il est difficile de lire et d’écouter en même temps, surtout si le document visuel est chargé de signes et de mots. Trop d’informations simultanées bouchent les canaux de l’entendement. À éviter aussi : le passage accéléré de figures et schémas présentant des lettres et des chiffres, de surcroît s’ils sont petits et illisibles du fond de la salle (signifiant aux spectateurs qu’on n’a pas tenu compte de leur existence). Ne mettre que quelques phrases courtes qui résument les propos énoncés. Attention aussi aux coordonnées des diagrammes. Et sur les documents « PowerPoint », se méfier des couleurs, les verts et les jaunes ne ressortent pas.

    Période de questions
    C’est la phase la plus exigeante du point de vue psychologique, la plus fatigante, celle qui m’épuise toujours rapidement. Voir la personne qui s’exprime est important pour capter son regard. En quelques

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