Je Suis à L'Est !
pendant la Première Guerre mondiale, tandis que, pour mes collègues, « spa » était tout à fait autre chose. Jâavais également beaucoup de mal à comprendre pourquoi les gens aiment passer leur temps dans des établissements où on vous envoie de lâeau chaude sur vous. Jâétais bluffé par les conversations de mes collègues : elles parlaient acteurs, maquillage. Des choses nouvelles que jâécoutais au début avec un mélange dâémerveillement et de stupéfaction.
Finalement, mon passage par cette agence a été une expérience assez intéressante, quoique difficile. Elle montre que lâon peut avoir des activités dans des domaines insoupçonnables à première vue. Et que les autistes peuvent travailler plus ou moins partout.
Rendez-vous à la mairie
Des années difficiles ont passé. Quelques traductions et surtout beaucoup de semaines dâinaction plus tard, jâai eu rendez-vous avec celui qui est maintenant lâun des adjoints au maire de Paris, et qui à lâépoque était conseiller technique du maire au handicap, Hamou Bouakkaz. Nous devions avoir un entretien associatif, fin 2006, sur lâautisme.
Lâentretien a finalement surtout porté sur moi. à la fin, Hamou mâa dit : « Je te garde ! » Il avait commencé par me demander de rédiger des petites choses, au début très peu, une fois par mois environ. Quand il a vu que cela pouvait marcher, je suis devenu son assistant à lâAgefiph. LâAgefiph, Association de gestion de fonds pour lâinsertion professionnelle des personnes handicapées, est un organisme parapublic que les entreprises connaissent bien, car elles doivent lui verser une certaine somme quand elles ne respectent pas les quotas dâembauche de personnes handicapées. Pendant deux ans et demi, jâai été lâassistant de Hamou à lâAgefiph, dont il était lâun des administrateurs.
Ensuite, je suis devenu son assistant à la mairie. Je dois avouer que je ne sais pas trop quel est mon titre officiel ; de fait, cela nâa aucune importance. Mon poste a été dessiné sur mesure. Sans cela, jâaurais rapidement échoué. Concrètement, je fais essentiellement un travail de rédaction, parfois de conseil, de résumé des données. Il faut aussi faire des revues de presse spécialisées, et souvent mon patron me demande mon avis. Les thématiques les plus fréquentes sont le handicap, les exclus et défavorisés, et la vie associative à Paris. Il nây a pas de règle stricte.
Parfois on me demande pourquoi je persévère à ce poste. Me voilà dâailleurs, et de loin, le plus « ancien » dans lâéquipe de mon patron. En termes purement financiers, je crois quâavec le seul RMI ou RSA, je parviendrais à vivre, nâétant pas fort dépensier et nâayant pas de loyer à payer. Je continue dans mon petit job parce que jâapprécie mon patron, qui est également devenu un ami. Quand on est comme lui aveugle de naissance, fils de parents kabyles analphabètes, on ne peut penser comme les autres hommes politiques. Et travailler avec un aveugle câest bien, il ne critiquera ni ne moquera jamais votre tenue, ne vous reprochera pas un problème de cravate.
Mon petit travail mâoffre quelques avantages. Premièrement, la souplesse des horaires. Je peux rédiger les textes à 1 heure du matin ou le dimanche. Je peux aller en cours quand je veux ou presque. Deuxièmement, mon patron a toujours veillé à ne pas dépasser mes limites de résistance. Il mâenvoie mon travail par email plutôt que par téléphone. Troisièmement, le travail me permet de découvrir nombre de grands auteurs, de personnages historiques. à ce titre, jâaime bien écrire les discours dâinauguration ou de vÅux. Une petite remarque amusante peut être faite. En général, les rédacteurs de la mairie ne savent écrire que des vÅux franco-français, ceux de Noël par exemple, mais pas ceux de lâAïd ou de Rosh Hachana, réservés à des personnes issues de la confession en question. Alors que la chose est si simple : il suffit de se documenter un peu avant dâécrire quelques lignes. Câest à ces moments-là que
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