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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Isabeau, les ermites s’appellent Bruscaille, Bragaille et Brancaillon.
    – Ah ! ah ! fit Bois-Redon les yeux écarquillés. Ces drôles…
    – Ces ermites vont tenter l’exorcisme. Quand ? Demain ? Dans huit jours ? Tu le sauras. Tu te tiendras prêt à tout. Quand ils donneront le signal, quand on viendra te chercher, tu accourras, tu frapperas la demoiselle de Champdivers, d’abord… Et puis s’ils ont peur, s’ils hésitent…
    – S’ils hésitent…
    – Oui. Tu frapperas, toi !… Tu frapperas le roi !…
    Isabeau leva les yeux sur le capitaine.
    Elle le vit livide.
    Elle comprit ce qui se passait dans l’âme de ce soldat dressé à considérer le roi comme la représentation de Dieu sur terre.
    Isabeau leva les mains, les posa sur les épaules du géant, et gronda :
    – Jure de frapper !…
    Bois-Redon la vit contre lui. Le parfum de ses cheveux l’enivra. De nouveau, la passion se déchaîna, hurla en lui. Ses yeux s’ensanglantèrent. Sa tête tourna.
    D’une étreinte furieuse, il saisit la reine dans ses bras et haleta :
    – Jurez d’être toujours à moi !…
    – Toujours ! dit-elle. À toi ! À toi seul désormais ! Tes jalousies, je les apaiserai. Ton amour, je l’élèverai si haut que nul ne pourra plus te porter ombrage… Allons, à ton tour, jure de frapper !… Elle d’abord… et puis le roi !…
    – Le roi ! râla Bois-Redon fou d’amour, le roi de France, je le tuerai d’un coup ! d’un seul coup au cœur !…
    Elle s’abandonna. L’étreinte du capitaine fut plus violente. Il la souleva jusqu’à lui, et ses lèvres, d’un rude baiser, cherchèrent les lèvres de la reine…
    Au bas de l’escalier, il y eut un cri sourd…
    * *
    *
    Nous avons dit que nous serions obligé de revenir à la séance d’exorcisme qui se poursuivait chez le roi Charles VI. Elle fut à peu près pareille à celle que nous avons essayé de décrire, avec cette différence, pourtant, que le prieur des Célestins fut d’abord présent à ces étranges exercices.
    C’était un homme d’aspect plus guerrier que religieux, plus rude que vénérable. Il abordait la soixantaine, mais si sa barbe avait grisonné, il se tenait droit et ferme, et son regard brillant donnait à son visage une apparence de jeunesse. Le rôle qu’il joua dans ces aventures nous échappe. Nous savons seulement que Charles VI le tenait en singulière vénération. Il témoigna son respect et son amitié pour le prieur en comblant le couvent des Célestins de présents innombrables et riches. La célèbre chapelle fastueuse par son architecture et par les joyaux qu’elle contenait, fut presque entièrement l’œuvre de ce roi.
    Comment et pourquoi le prieur fut-il amené, dans la grande tragédie de ces temps, à prendre parti pour Jean de Bourgogne et Isabeau de Bavière ? C’est ce que nous n’avons pu savoir.
    Le premier était donc venu examiner les nouveaux ermites. Il les regardait faire, avec un sombre sourire de mépris. Parfois, d’un mot bref, il rectifiait un geste. Parfois aussi, il couvrait de sa voix psalmodiant une prière, la voix de Brancaillon psalmodiant des jurons.
    – Eh bien, sire prieur, demanda Charles, que pensez-vous de ces guérisseurs ?
    – À merveille, sire roi, ils s’en tirent à merveille.
    – Surtout celui-là, hein ?
    Il désignait Brancaillon.
    – Oh ! celui-là mérite toute votre confiance, bien que les deux autres ne soient pas non plus à dédaigner, Sire, vous pouvez être tranquille. Jamais Votre Majesté n’aura mis son mal en meilleures mains.
    – Je les aime, dit Charles. Ils m’ont fait rire. Surtout ce gros-là !
    Le prieur, quelques instants, contempla d’un œil rêveur ce roi, ce pauvre roi bafoué, à qui l’on jouait la comédie. Peut-être songeait-il à ce qu’il y avait de vraiment hideux en cette comédie bientôt sanglante. Peut-être son intelligence, supérieure à celle de Jean sans Peur, s’indigna-t-elle qu’on bafouât la majesté royale en même temps que le roi. Il fronça ses sourcils touffus sous lesquels luisaient des yeux profonds. Mais, sans doute, la condamnation était irrémissible. Le prieur s’inclina devant le pauvre fou et insista :
    – Sire roi, adieu. Je reviendrai. Mais Votre Majesté a-t-elle vraiment confiance ?
    – Oui, dit le roi avec fermeté. Surtout en ce gros compère-là ! J’ai confiance parce qu’ils ont un talisman.
    – Un talisman ? fit le prieur avec

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