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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Tanneguy et Passavant qui, l’oreille aux aguets, écoutaient…
    Au premier coup qui, de nouveau, retentit sur la porte, ils se baissèrent ensemble, saisirent l’énorme meuble par en bas, et se raidirent.
    – Attention ! dit Passavant.
    – Pourvu que cela passe ! gronda Tanneguy.
    – Cela passera, puisque nous avons démoli la fenêtre qui vous a coûté…
    La poutre tonna sur la porte. Au même instant, d’un même, furieux effort, les deux assiégés soulevèrent par sa base le bahut qui bascula, oscilla une seconde sur l’appui et tomba…
    Un long hurlement monta de la rue. Passavant se pencha et rentra aussitôt.
    – Cinq, dit-il.
    – Hors de combat ? haleta du Chatel.
    – Assommés, écrasés, aplatis, je ne sais quoi, mais ils sont cinq qui se tortillent sur la chaussée comme des vers de terre. Continuons !
    Dans la rue, les imprécations forcenées couvraient la plainte des cinq écrasés qu’on emportait hors de la zone dangereuse. La grosse poutre qui servait de bélier gisait abandonnée ; les assiégeants avaient reflué en désordre. Ocquetonville criait à tue-tête :
    – Recommençons, mort-dieu ! Saisissez-moi cette poutre ! Ah ! chiens maudits, vous avez peur !…
    – C’est cela, dit Passavant, recommençons.
    En bas, une dizaine d’hommes soulevaient le bélier, le balançaient, et à toute volée le lançaient sur la porte.
    – Hurrah ! Hurrah ! mugit la frénétique acclamation.
    La porte était fendue, l’un des battants à demi disloqué. À ce moment, l’ouverture de la fenêtre se trouva bouchée par quelque chose de vaste et de luisant dont on voyait les sculptures ; une tête de démon tirait la langue aux gens de la rue ; c’était un coffre magnifique et pesant que les deux assiégés venaient de placer debout sur l’appui de la fenêtre, énorme projectile prêt à l’écrasement. Il y eut une débandade. De nouveau, la poutre fut abandonnée. Et encore retentirent, parmi les jurons, les ordres furieux de Scas et d’Ocquetonville.
    Dix hommes s’avancèrent, non sans un vrai courage, car ils savaient ce qui les attendait ; ils soulevèrent le bélier, le précipitèrent sur la porte. Au même instant, le coffre s’abattit ; le tumulte des cris exaspérés couvrit le fracas, et on vit alors que trois des travailleurs gisaient inanimés parmi les débris du projectile ; mais la porte était à bas. Scas et Ocquetonville, les premiers, s’élancèrent, la hache au poing. Leur troupe les suivit en vociférant.
    Puis il y eut une reculade soudaine : la porte était enfoncée, oui, mais derrière se dressait le rempart qu’avaient échafaudé les assiégés ; de la fenêtre pleuvaient les lourds escabeaux, les masses de fer ; pendant quelques minutes, il y eut une confusion de gestes affolés, un conflit de rumeurs violentes d’où jaillissaient des jurons, des hurlements de douleur, et brusquement la bataille cessa.
    – L’assaut est repoussé, dit Passavant.
    – Oui, fit Tanneguy, je commence à croire…
    Ocquetonville se disposait pour une nouvelle attaque ainsi combinée : se ruer tous ensemble sur l’obstacle sans se soucier des projectiles de la fenêtre, démolir le rempart à coups de hache, – et monter !
    À ce moment, le chevalier de Passavant parut à la fenêtre. Il était couvert de sueur. Dans la pâleur de son visage étincelaient ses yeux, et son sourire était effrayant à voir… Une bordée d’insultes l’accueillit, mais il leva la main et on se tut. Il y avait de la curiosité dans cette foule, il y avait de la terreur, et aussi peut-être de l’admiration parmi ces rudes hommes d’armes qui n’estimaient rien que la force et le courage. On vociféra donc des injures. Passavant fut comparé à un chien galeux, à un porc qu’on grille, et autres de ce genre, mais lorsqu’il leva la main, si calme et si flamboyant, tous se turent. Il cria :
    – Sire de Scas ! Sire d’Ocquetonville !
    – Qu’as-tu fait de Courteheuse ? rugit Ocquetonville.
    – Ce que je ferai de vous, dit Passavant. Tôt ou tard, vous mourrez de ma main. Or, voici que je veux vous proposer. Je vais descendre dans la rue. Les braves qui vous accompagnent donneront leur parole de ne pas me charger. Et je me battrai contre vous deux…
    – Pardon ! grogna Tanneguy, je veux ma part…
    – Silence ! dit Passavant d’une voix si glaciale que Tanneguy recula. Ici, ce n’est pas moi qui parle. Scas ! Ocquetonville !

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