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Jean sans peur

Jean sans peur

Titel: Jean sans peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Seul contre moi, chacun de vous deux tombera…
    – Chien maudit, vociféra Scas livide de fureur, te crois-tu donc invincible ?
    – Descends ! brailla Ocquetonville. Descends que je t’étripe !…
    – Tandis qu’à deux, continua le chevalier, vous pourrez peut-être vous débarrasser de moi…
    – Peut-être ! hurlèrent les deux Bourguignons fous de rage.
    – Acceptez-vous ?… Si oui, vous épargnez la vie de quelques-uns de ces braves. Écoutez, vous autres ! Nous soutiendrons le siège plusieurs jours. Nous avons des vivres. Vous avez vu ce que nous pouvons faire. La porte franchie, l’escalier vous arrêtera deux heures. Puis, il y a d’autres portes à prendre. Il y aura deux étages. Combien de vous vont laisser ici leurs os ? Songez-y et décidez vos maîtres à accepter ma proposition. S’ils refusent, je vous tiendrai, vous, pour des braves, condamnés à l’écrasement, mais eux je les tiendrai pour des lâches.
    À ce mot, qui a aujourd’hui perdu presque toute sa valeur, on vit Ocquetonville délirant s’arracher les cheveux, on vit Scas s’élancer seul sur la porte et essayer de son épaule de démolir le rempart. Puis un tumulte encore s’éleva, et cessa. Passavant avait disparu de la fenêtre. Dans la rue s’établit un silence relatif. Les assiégeants se concertaient et délibéraient sur la proposition du chevalier.
    – Par tous les diables, dit Tanneguy, croyez-vous donc que je vais vous laisser descendre seul ?
    – Oui, s’ils acceptent. Taisez-vous, capitaine. C’est ici la seule et dernière chance qui me reste de tenir le serment fait sur la tête sanglante de Louis d’Orléans.
    – Mais, par le tonnerre du ciel, vous serez tué ! Scas et Ocquetonville sont deux rudes lames !
    – Taisez-vous. Je les tuerai !… Et ne voyez-vous pas qu’alors nous sommes saufs ? Les deux chefs morts, les autres n’oseront porter la main sur nous. Et enfin, mon brave ami, si je suis tué, il vous restera une ressource : à votre tour, vous descendrez, et…
    – Ah ! voilà qui arrange les choses !
    – Bon ! Les voici qui appellent, dit Passavant en se rapprochant de la fenêtre.
    Le conciliabule était terminé. Les gens d’armes s’étaient massés en deux troupes qui, de chaque côté du logis de Tanneguy, barraient la rue, laissant entre elles un large espace vide. Derrière chacune de ces barrières, à perte de vue, une foule de populaire, moutonnante, silencieuse aux premiers rangs attentifs à tout ce qui allait se passer, mais de plus en plus agitée et bruyante dans les lointains, où l’on poussait, où l’on voulait voir coûte que coûte la bataille et le massacre.
    Dans l’espace vide se tenaient Scas et Ocquetonville.
    Tous deux avaient l’épée à la main.
    – Nous acceptons le combat, dit Ocquetonville.
    – L’un après l’autre, dit Scas.
    – Messieurs, dit Passavant, ceci est de la générosité. Je ne l’accepte pas, moi. Je ne veux rien de vous. Donc, je vous combattrai tous deux ensemble, – ou je ne descends pas.
    – Eh bien, soit ! fit Ocquetonville livide, descendez !
    Le chevalier, aussitôt, descendit, suivi de Tanneguy qui répétait : « Attention, diable, attention ! »Le rempart fut démoli tout juste pour laisser place à un homme. Tanneguy voulait absolument sortir, mais Passavant le fit tenir tranquille avec son clair bon sens :
    – Voyons, lui dit-il, si vous m’accompagnez, on pourra croire à une ruse de notre part ; de ce fait, la trêve jurée par les gens d’armes sera rompue, et nous serons massacrés.
    – C’est juste, dit Tanneguy avec regret. Allez donc, et que Dieu vous garde !
    Les deux amis s’embrassèrent. Puis le capitaine se précipita au premier étage pour assister au combat et Passavant, se glissant dans le passage qu’ils venaient de ménager, parut dans la rue. Il dégaina aussitôt, salua ses adversaires et tomba en garde.
    – Enfin ! rugit Ocquetonville, nous le tenons donc enfin !…
    Au même instant, les deux troupes rangées de chaque côté du logis se mirent en marche, resserrant l’étau en deux ou trois secondes, et Passavant se trouva enveloppé avant même qu’il eût tout à fait compris la trahison. Il faut dire que plusieurs de ces hommes refusèrent de marcher et se mirent à l’écart, prétextant la foi jurée. Ceux-là payèrent cher la façon dont ils comprenaient l’honneur : ils furent tout simplement pendus.
    – Trahison !

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