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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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démission.
    Le voyage avait d’ailleurs commencé sous de mauvais augures. La traversée des Ardennes belges avait été un supplice ; à Marche-en-Famenne, les voyageurs avaient dormi dans des auges ou sur des matelas posés par terre. À Aix-la-Chapelle, on n’avait pas trouvé de logement décent pour l’impératrice : elle acheta donc sur-le-champ l’hôtel particulier d’un conseiller de la préfecture, M. Jacoby, pour la coquette somme de 144 000 francs. Mais l’ayant visité, elle ne s’y trouva pas bien non plus et décida d’aller s’installer à la préfecture même : elle était impératrice ou ne l’était pas.
    Comme Aix-la-Chapelle n’était pas une ville riche en divertissements, Joséphine fit venir de Paris la troupe de comédiens de Picart aîné pour jouer la comédie le soir devant elle. Picart eut le mauvais goût de faire interpréter une pièce qui s’appelait La Femme de quarante-cinq ans. Horreur ! Joséphine en avait quarante et un ! Les comédiens furent congédiés.
    Enfin, Napoléon arriva le 2 septembre. La ville lui fit un accueil fastueux, et pour cause : c’était Bonaparte qui y avait ramené les reliques de Charlemagne, enlevées par Frédéric Barberousse. Le chapitre et la ville exprimèrent leur reconnaissance en offrant au couple le talisman que Charlemagne portait accroché à son col pendant ses campagnes. Joséphine n’en voulut pas davantage : quand on lui présenta, cadeau macabre, un morceau de l’os du bras du grand roi, que l’on conservait dans une châsse, elle le refusa gracieusement, disant que le bras sur lequel elle s’appuyait était aussi fort que celui de Charlemagne. Mais elle accepta une statuette de la Vierge qu’on disait avoir été sculptée par saint Luc !
    Ainsi commença le premier voyage impérial de Joséphine et de Napoléon. C’eût presque été un voyage de noces, n’était le cortège de l’Impératrice : quatre dames d’honneur, deux chambellans, deux dames de la chambre, un premier écuyer, un maître d’équipage, un contrôleur, deux huissiers, dix valets de pied, une escouade de cuisiniers et de postillons.
    Le 13 septembre, ils étaient à Cologne. Les routes fatiguaient Joséphine : elle descendit le Rhin sur un yacht offert par le prince de Nassau-Weilbourg, qui n’avançait cependant pas beaucoup en raison de vents contraires. Enfin, elle parvint à Mayence. Le couple y demeura jusqu’au 3 octobre, recevant les hommages des princes d’Allemagne, et l’on en vit de toutes les couleurs, du prince Pic de Bavière, qui avait des jambes si maigres qu’on se demandait comment il tenait debout, au prince de Nassau-Biberich, qui était si gros qu’on se posait la même question. Même le prince-électeur Frédéric de Bade, dont les  troupes françaises avaient violé le territoire, fut des visiteurs courtisans. Il ne mentionna pas le petit incident de l’arrestation du duc d’Enghien, c’eût été déplacé.
    L’Allemagne d’outre-Rhin n’était donc que déférence, adulation et blandices. Cependant, lorsque Joséphine voulut se rendre à pied à Cassel, sur l’autre rive, en compagnie de quelques dames de sa cour, les douaniers se montrèrent tellement indiscrets qu’elles y renoncèrent ; la raison de l’indélicatesse des gabelous était que la région grouillait de commerçants qui faisaient trafic de produits précieux qu’ils dissimulaient sous deux ou trois épaisseurs de vêtements. On avait donc pris ces dames pour des romanichelles.
    Personne dans les suites françaises ne parlant un traître mot d’allemand et personne non plus en Allemagne ne comprenant le français, le résultat en fut que les voyageurs passèrent leur séjour à bouillir ou geler, car les chauffeurs chargeaient les poêles jusqu’à l’enfer ou bien ne les allumaient pas. Tels étaient les petits imprévus des voyages.
    Ce fut donc sans regrets excessifs que Joséphine et sa suite regagnèrent Paris par Mannheim, Trèves et Luxembourg.
    Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et peut-être l’illusion de la félicité éternelle et d’une richesse infinie avait-elle grisé Joséphine.
    Le réveil fut brutal.
    La cour se réjouissait de la naissance du second garçon d’Hortense, le 11 octobre 1804 ; il avait été appelé Napoléon Louis et, pour Joséphine, il semblait renforcer l’ordre de succession au trône voulu par Napoléon ; de ce fait, il consolidait aussi la situation de sa

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