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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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l’entrée en scène de la Duchâtel.
    Il en était temps. L’on arrivait à moins de deux semaines du sacre et les sinistres débris d’un bonheur brisé risquaient de rouler jusqu’au pied du trône.
    Napoléon était superstitieux. Joséphine avait protégé son étoile. Divorcer avant le sacre eût été un mauvais présage. Les gens du clan ignoraient ces choses-là. D’ailleurs, les Bonaparte semblaient désormais si sûrs d’avoir gagné et ils se rengorgeaient avec tant de suffisance qu’il eut le sentiment d’avoir été le dindon de leur farce.
    Un soir, il déboula chez Joséphine, la prit dans ses bras et la caressa comme il l’aurait fait avec un enfant.

 
    29
 
La pompe, le fracas et la solitude
    Joséphine serait sacrée et couronnée. Élisa, Pauline et l’épouse de Joseph, ainsi que Caroline et Hortense porteraient sa traîne. Ainsi en avait décidé Napoléon.
    Le tollé des Bonaparte fut assourdissant. Joseph déclara d’un ton plein de componction que son épouse étant une femme honnête, elle ne saurait porter la traîne de… cette femme. Les autres soeurs ne furent pas moins turbulentes, arguant que même Marie-Antoinette n’avait pas été couronnée. Napoléon en perdit le sommeil. Le clan subit donc sa défaite sans grâce. Mais enfin, à trop en faire, il risquait d’y perdre encore plus qu’il n’avait cru y gagner. Le pape était en route et chacun briguait le privilège d’une audience. Or Napoléon était capable, dans une de ses sacrées colères, de priver de cet honneur ceux qui avaient cru le manipuler et l’avaient contrarié.
    Pie VII arriva à Fontainebleau le 25 novembre et Napoléon se porta à sa rencontre à la croix de Saint-Hérem. Trois jours plus tard, le pontife s’installait aux Tuileries. La vanité ranima l’antique dévotion que la déesse Raison avait, dix ans plus tôt, menacé de balayer : une foule immense attendit chaque jour que le Saint-Père apparût à sa fenêtre pour donner sa bénédiction. Mais, dès le petit matin, son antichambre débordait de fidèles, y compris d’anciens athées et massacreurs de prêtres, qui venaient faire allégeance. Thérésa Cabarrus y fut aussi, espérant faire annuler ses mariages pour épouser le comte de Caraman. On ne fabriquait plus de rosaires en France depuis la
    Révolution, aussi présenta-t-on au pape les objets les plus incongrus à bénir, lunettes ou ciseaux.
    Joséphine, qui fut la première à être reçue, eut le privilège du cadeau d’un rosaire, dont le pape avait emporté une petite provision. Puis, lors d’une audience privée, le 1 er décembre, veille du sacre, elle avoua à Pie VII que son union avec Napoléon n’avait été que civile. Habile confession : elle déclenchait ainsi une crise. Pie VII déclara, en effet, qu’il ne pouvait oindre de l’huile sainte un couple vivant dans le péché. Il exigeait donc que l’Empereur et l’impératrice fussent mariés avant la cérémonie.
    Le mariage rendrait le couple indissoluble.
    Mis au pied du mur, Napoléon dut céder. Le départ du pape offensé aurait bouleversé le cérémonial du sacre au terme de tant de mois d’efforts ; cela aurait dangereusement compromis son prestige. La nuit même du 1 er décembre, un autel fut hâtivement dressé dans l’étude impériale. Le cardinal Fesch, archevêque de Lyon et primat des Gaules depuis 1802, grand aumônier et oncle de Napoléon, unit le couple en présence de deux témoins, le maréchal Berthier et Talleyrand.
    Après la cérémonie, Joséphine demanda au cardinal une copie de l’acte de mariage et l’obtint. Elle avait gagné la partie. Peu lui importeraient désormais les liaisons parallèles de Napoléon, dont celle qu’il entretenait avec l’épouse de son propre ministre de la Police, Félicité Savary, ou avec celle du ministre des Relations extérieures, Marie-Madeleine Maret.
    Les maris étaient consentants : le premier avait été fait duc de Rovigo, le second, duc de Bassano. Grands prix pour de petites cornes.
    Joséphine n’y pensait presque plus : dans quelques heures elle serait sacrée impératrice.
    Elle portait une robe à traîne de brocart d’argent, sans taille, ornée devant et au bas de feuillages en fil d’or tressés ; les épaules étaient nues, mais les bras couverts de longues manches également brodées d’or et de diamants. Un ruban d’or serti de pierres roses serrait la robe sous les seins. Les bijoux : un diadème de

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