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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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devait épouser la princesse Augusta, fille de l’Électeur de Bavière. Ces projets n’arrangeaient pas l’Empereur, qui destinait Augusta à Eugène de Beauharnais. Il n’aurait su laisser passer une aussi belle occasion d’affirmer son influence ; aussi décida-t-il de proposer au prince de Bade la main d’une cousine germaine de Joséphine, une demoiselle Tascher. L’impératrice objecta que celle-ci souffrait encore d’une maladie contractée à la Martinique. Ils convinrent donc de reporter leur choix sur une nièce de Joséphine, Stéphanie de Beauharnais, fille de François, le frère du défunt Alexandre. Peu importait que le prince de Bade fût peu séduisant : un grand poupard au teint blanc, fort dodu et passablement gauche. Ce que Napoléon voulait, Dieu le voulait.
    À Stuttgart, capitale de l’Électeur de Wurtemberg, monstre digne d’une foire, car si gros qu’il avait dû faire tailler une anse dans sa table afin de pouvoir s’y asseoir et manger encore, il n’y avait qu’une fille à marier, Catherine. Napoléon décida qu’elle épouserait son frère Jérôme.
    Restait le mariage d’Eugène, à qui l’on destinait Augusta, fille d’un premier lit de l’Électeur de Bavière, et que tout le monde, dans les correspondances, appelle alors « Auguste », de façon souvent divertissante. Les négociations commencèrent mal, Augusta ayant été promise au prince de Bade, comme on l’a vu. De surcroît, la seconde épouse de l’Électeur, ayant d’abord espéré épouser le duc d’Enghien, portait une grande aversion à Napoléon ; enfin l’Électeur objecta qu’Eugène de Beauharnais  n’était rien de plus qu’un gentilhomme français. Napoléon prit alors deux décisions : d’abord il éleva la Bavière au rang de royaume, ensuite il adopta officiellement Eugène. Dès lors les négociations allèrent rondement. Les fiançailles d’Augusta avec le prince de Bade furent rompues. Et quand le joaillier Nitot demanda quel nom il fallait graver sur l’anneau de mariage d’Eugène, Napoléon répondit : « Eugène Bonaparte. » Un esprit délicat se serait étonné que l’on changeât ainsi l’identité d’un homme sans l’en prévenir et qu’on abolît le nom de son père, indignité qui, sous d’autres cieux, n’aurait été lavée que par le sang. Mais il était bien question de délicatesse.
    L’Électeur devenu roi ne pouvait faire mieux que de consentir au mariage avec le fils d’un héros, fût-il adoptif et ne l’eût-il jamais vu. C’était ainsi que se faisaient les unions princières. Napoléon écrivit à Eugène, qui se trouvait en garnison à Padoue :
    J’ai arrangé votre mariage avec la princesse Augusta. Elle est très jolie. Vous trouverez ci-joint son portrait sur une tasse, mais elle est beaucoup mieux…
    Convoqué manu militari, le jeune homme arriva quatre jours plus tard, le 10 janvier 1807, de très bonne heure. Napoléon le conduisit sur-le-champ chez le roi et la reine de Bavière, où le promis vit pour la première fois sa promise. Miséricordieusement, les deux jeunes gens étaient plaisants et se plurent donc.
    Joséphine en pleura. Aussi, elle avait la larme facile, mais cette fois elle était motivée par le fait qu’Eugène n’était pas venu l’embrasser avant d’aller chez Napoléon. Cet excès d’émotivité, voire d’amour-propre, peut paraître aujourd’hui ridicule ; il est pourtant révélateur : toute impératrice qu’elle fût, Joséphine perdait lentement sa substance de mère après celle d’épouse dans la gigantesque machinerie napoléonienne. La puissance et la gloire de son époux la dématérialisaient. Elle devenait de plus en plus semblable à ces statues de saintes que l’on sort de leurs châsses pour les promener dans des processions grandioses.
    Le mariage d’Eugène Bonaparte et d’Augusta de Bavière fut célébré en grande pompe, le 14 janvier 1807, et suscita des fêtes sans fin. Le jeune couple se rendit en voyage de noces en Italie. Napoléon et Joséphine étaient déjà repartis pour Paris.
    Là-bas, en France, le soleil d’Austerlitz avait peut-être doré quelque temps l’image de l’Empereur, mais il avait aussi alarmé la population. Le destin du pays était-il donc pendu à la pointe du sabre impérial ?
    De toute façon, pour Joséphine, ce soleil-là était en fin de compte glacé.

 
    32
 
Mayence et patience
    La puissance et la gloire n’engendraient pas

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