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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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d’organiser une liaison avec Napoléon. C’était une réédition de l’opération déjà tentée avec la Duchâtel. La donzelle avait été brièvement mariée à un militaire qui s’était révélé être un escroc et qui avait fini en prison ; mais elle en savait assez pour n’être plus une béjaune et ne pas ennuyer l’Empereur par des mines effarouchées. Caroline l’avait cependant mise sous stricte surveillance, afin de s’assurer qu’elle ne recevrait pas d’autres galants. Seul l’Empereur venait de Saint-Cloud, à cheval, la voir nuitamment, avant la campagne du Danube.
    Il n’était guère de secrets qu’on pût conserver longtemps à Saint-Cloud : quelques semaines plus tard, les familiers de la cour se gaussèrent de ce qu’ils appelaient la « conscription de boudoir ». Joséphine ne pouvait plus l’ignorer.
    L’évidence était qu’Éléonore Denuelle était maintenant enceinte et tout Paris le savait aussi. Pendant plusieurs semaines, la naissance future d’un bambin fut brandie comme une menace sous le nez de Joséphine.
    Le troisième fait, enfin, était que le nouveau protocole imposé par Napoléon avait transformé la cour en caserne. Tous les moments de la journée étaient strictement réglementés par ses lubies, jusque dans la démarche et l’expression qu’on devait avoir. Les dames présentées à la cour devaient, par exemple, faire une révérence à la porte, une seconde quelques pas plus loin, puis une troisième quand la présentation avait été faite ; ensuite, elles devaient s’éloigner en faisant trois autres révérences. Aucun homme ne pouvait être admis dans les appartements de l’impératrice, à moins qu’il n’appartînt à sa maison, et il ne devait plus toquer à la porte, mais la gratter et se faire annoncer par l’une des dames de la suite impériale quand elle l’aurait entendu.
    Piqué par l’exemple des cours étrangères qu’il avait visitées, Napoléon avait décidé d’ériger la sienne en modèle surpassant toutes les autres, nonobstant l’origine roturière de la plupart de ses propres familiers. Mais la prétention l’avait enflé et, à l’instar des Bourbons, il nomma un grand aumônier, un grand maréchal de la Cour, un grand écuyer, un grand veneur et un grand maître des cérémonies. Il surveillait jusqu’aux notes des blanchisseuses et, les ayant trouvées trop élevées, il décréta que les employés de la maison impériale ne changeraient de draps qu’une fois par mois et qu’on ne leur donnerait que deux serviettes.
    Cela devenait étouffant. Ces dames revêtirent désormais des expressions compassées, car elles auraient dérogé au bon ton impérial en riant librement comme autrefois. Joséphine éprouva le plus grand mal à conserver sa grâce naturelle.
    L’Impératrice endura huit mois le carcan, privée de sa dernière confidente par le départ d’Hortense pour la Hollande. Le 15 juillet 1806, elle lui écrivit une lettre qui reflète bien sa situation :
    Depuis ton départ, j’ai toujours été souffrante, triste et malheureuse ; j’ai même été obligée de garder le lit, ayant eu quelques accès de fièvre. La maladie est tout à fait disparue, mais le chagrin me reste. Comment n’en pas avoir d’être séparée d’une fille comme toi, tendre, douce et aimable, qui faisait le charme de ma vie ?
    On ne pouvait dire plus clairement qu’elle ne trouvait guère de consolation auprès de Napoléon. Dans ses lettres de cette époque, même à Hortense, elle désigne celui-ci sous le nom de « l’Empereur ». Cependant, quand il repartit en campagne, le 25 septembre, elle le supplia de l’accompagner. « Plus je serai près de l’Empereur, écrivit-elle dans une autre lettre à Hortense, moins j’en aurai [de crainte], et je sens que je ne vivrais pas si je restais ici. »
    Ces derniers mots aussi sont révélateurs : la cour était devenue étouffante pour l’oiseau des îles.
    Des incidents grotesques ou émouvants survenaient parfois, certes comme dans toutes les cours, qui servaient de distraction. Ainsi de l’affaire du diamant de la maréchale Lefebvre. Ayant perdu un fort beau diamant, celle-ci s’en ouvrit à l’Impératrice, qui soupçonna un domestique. La maréchale convoqua le suspect et le fouilla ; elle ne trouva rien. Ancienne vivandière, puis blanchisseuse, passablement vulgaire, elle n’avait pas froid aux yeux. Celle qui fut le modèle de Madame Sans-Gêne

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