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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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soleil perça, comme le jour du couronnement.
    À midi, la Garde impériale russe avait été écrasée par la Garde impériale française et les mamelouks.
    À 17 heures, la cavalerie et l’artillerie russes qui avaient échappé au massacre battirent en retraite. Sur leur chemin se trouvait un lac gelé. Napoléon donna l’ordre de tirer à boulets rouges. La glace se brisa et les Russes sombrèrent dans les eaux noires. Présage d’un monde ancien qui naufrageait.
    Drapé dans son manteau, le soir, Napoléon s’assit sur une botte de foin et dit à Méneval, successeur de Bourrienne :
    — C’est le plus beau jour de ma vie.
    Il retourna à Vienne et s’installa au château de Schönbrunn pour considérer la nouvelle Europe. Il prit le temps d’écrire à Joséphine, le 18 novembre :
    J’écris à M. de Harville pour que tu partes et que tu te rendes à Bade, de là à Stuttgart et de là à Munich. Tu donneras à Stuttgart la corbeille à la princesse Paul. Il suffit qu’il y ait pour quinze à vingt mille francs ; le reste sera pour faire des présents, à Munich, aux filles de l’Électeur de Bavière.
    Tout ce que tu as su par Mme de Serrant est définitivement arrangé.
    Porte de quoi faire des présents aux dames et aux officiers qui seront de service auprès de toi. Sois honnête, mais reçois tous les hommages. L’on te doit tout et tu ne dois rien que par honnêteté… Je serai bien aise de te voir du moment que mes affaires le permettront. Je pars pour mon avant-garde. Il fait un temps affreux ; il neige beaucoup. Du reste toutes mes affaires vont bien.
    Adieu, ma bonne amie.
    Napoléon
    Lettre quasi militaire elle aussi, mais qui, en seconde lecture, est étonnante : Napoléon vient de remporter une victoire éclatante contre des ennemis plus nombreux que lui (quatre-vingt mille Autrichiens et cent mille Russes) dans des circonstances détestables, crue du Danube, terres détrempées, neige et pluie ininterrompues, froid cruel, troupes mal ravitaillées et affamées. Il sait que ce n’est pas seulement une victoire militaire, mais également politique. Il a intimidé le roi de Prusse, contre lequel il livrera bataille un an plus tard. Et il prend le temps d’écrire à Joséphine, non une de ces ardentes lettres d’amour d’antan, mais un ordre de marche pour qu’elle remplisse ses devoirs d’État. Une recommandation ne peut manquer de faire sourire : « Sois honnête, mais reçois tous les hommages. » Autrement dit : « Reçois les hommages des hommes, mais pas d’aventures ! » Pour le prestige de l’Empire, en effet, il faut éviter de faire jaser. Même épuisé par cette campagne au cours de laquelle il n’a dormi qu’épisodiquement, deux heures par-ci et trois par-là, il conserve une conscience aiguë de son personnage sur la scène européenne. Et il entend être servi par celui de cette femme dont il songe à divorcer depuis des années, mais qui est pour le moment l’Impératrice.
    Quant à ce que Joséphine a appris de Mme de Serrant, cela touche au mariage du prince Eugène. Car, non content d’en avoir fait le vice-roi d’Italie, Napoléon dispose évidemment de la vie privée de son beau-fils. Cela n’est pas par disposition autoritaire, comme ce fut le cas avec d’autres, mais parce qu’il s’est pris d’affection pour Eugène, jeune homme bien fait et aimé de tous.
    Le plus remarquable était que, douze jours avant le triomphe d’Austerlitz, qui lui conférerait pendant plusieurs années un ascendant inouï sur l’Europe, l’Empereur calculait déjà ses alliances avec les cours d’Allemagne. Il était déjà sûr de sa victoire.
    En ce qui touchait Joséphine, toutefois, la lettre de son époux n’était donc pas de celles qu’eût espérées une femme de quarante-deux ans se morfondant dans la frivolité et la solitude du coeur, soumise à l’homme qu’elle avait tant contribué à forger. Mais l’heure n’était pas aux soupirs de la nostalgie. Elle commença ses préparatifs pour le voyage en Allemagne.
    Le fait est significatif, elle ne répondit à aucune des deux lettres expédiées de Vienne.
    Elle était arrivée à Munich quand elle reçut une lettre datée du 4 décembre, deux jours après Austerlitz :
    J’ai conclu une trêve. Les Russes s’en vont. La bataille d’Austerlitz est la plus belle de toutes celles que j’ai données : quarante-cinq drapeaux, plus de cent cinquante pièces de canon, les étendards de

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