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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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mois de novembre. Comme d’habitude, Napoléon se plaignit que sa femme lui écrivît peu. Sans doute un brin de mauvaise foi se mêlait-il aux récriminations de Napoléon, car, dans une lettre à Méneval, datée du 26 novembre, Joséphine protesta qu’elle écrivait à son mari « au moins trois fois par semaine ». Puis, dans une lettre du 27, Napoléon annonça qu’il allait « faire un tour en Pologne ».
    Elle s’énerva et protesta, l’accusant d’infidélité. Il allégua que, « dans les déserts de Pologne, l’on songe peu aux belles ». Elle voulait le rejoindre, il évoqua l’état des routes, argua que les quartiers d’hiver n’étaient pas prêts. « Il faut te calmer », recommandait-il. Mais l’on entrait dans le coeur de l’hiver, les routes seraient de moins en moins praticables. « Je t’aime et te désire beaucoup », écrivit-il le 9 décembre, en chemin vers Varsovie.
    Ce feu nourri de reproches d’une part et d’assurances d’amour de l’autre se prolongea sans plus d’effets jusqu’au 15 décembre où Napoléon écrivit que, si sa campagne durait encore, « [il verrait] avec plaisir [qu’elle retournât] à Paris où [elle était] désirée ».
    Mayence, pour Joséphine, avait trop longtemps rimé avec patience.
    Elle tirait les tarots pour elle tous les soirs. Ils ne lui annonçaient rien de bon.

 
    33
 
« Je voudrais qu’elles fussent
de jolis boutons de roses… »
    Le 7 janvier 1807, le couperet tomba :
    Rentre à Paris pour y passer l’hiver. Va aux Tuileries ; reçois et fais la même vie que tu as l’habitude de mener quand j’y suis. C’est ma volonté. Peut-être ne tarderai-je pas à t’y rejoindre ; mais il est indispensable que tu renonces à faire trois cents lieues dans cette saison, à travers des pays ennemis et sur les derrières de l’armée. Crois qu’il m’en coûte plus qu’à toi de retarder de quelques semaines le bonheur de te voir ; mais ainsi l’ordonnent les événements et le bien des affaires.
    Il le lui répéta dans une lettre datée du lendemain :
    Ton séjour à Mayence est trop triste. Paris te réclame, vas-y, c’est mon désir.
    Mais elle ne bougeait pas. Le 16, il écrivit :
    Pourquoi des larmes, du chagrin ? N’as-tu donc plus de courage ? Je te verrai bientôt ; ne doute jamais de mes sentiments, et si tu veux m’être plus chère encore, montre du caractère et de la force d’âme.
    Rentrer à Paris équivaudrait pour elle à se résigner à leur séparation. Mais à prolonger ainsi la situation, ils mettaient tous deux leurs attachements réciproques à l’épreuve de la souffrance. Sa jalousie et ses reproches incessants devenaient un poids insupportable pour Napoléon, tandis que les protestations d’amour associées à l’évidente volonté de la tenir à  distance engendraient de l’amertume et du ressentiment chez Joséphine.
    Le 26 décembre, elle reçut des nouvelles de Paris : le 13 de ce mois-là, Éléonore Denuelle avait donné naissance à un garçon, qu’elle avait appelé Léon : la moitié de Napoléon. Caroline l’avait gratifié du titre de comte.
    Quatre jours plus tard, à la veille de la nouvelle année, Caroline en informa son frère, alors à Varsovie. Y crut-il ? On sait qu’il s’en vanta, mais c’est une autre affaire. Le « comte Léon » était-il bien son fils ? Quelque temps plus tard, Napoléon fit lui-même avouer la complaisante Denuelle : elle avait aussi reçu dans son intimité surveillée le beau Joachim Murat, toujours prompt à sauter sur le premier jupon qui passait. Il n’était donc pas du tout certain que le « comte Léon » fût le fils de l’Empereur. Il reconnut plus tard ce fils présumé dans son testament, ce qui ne vaut évidemment pas un certificat biologique.
    Toujours est-il qu’à ce moment-là, la nouvelle de sa naissance raviva les craintes de Joséphine sur sa propre sécurité.
    Outre ses affaires militaires, Napoléon avait alors d’autres soucis en tête.
    La Pologne à l’époque n’existait quasiment plus que dans l’esprit des Polonais : depuis 1660, l’Autriche, la Prusse et la Russie n’avaient cessé de lui arracher des territoires et l’avaient réduite au cinquième de sa superficie d’antan. Napoléon avait donc promis de restaurer son autonomie, mais il avait assorti sa promesse d’une condition : que les Polonais se joignissent à la Grande Armée contre les Russes. Aussi loin qu’il eût

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