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Joséphine, l'obsession de Napoléon

Joséphine, l'obsession de Napoléon

Titel: Joséphine, l'obsession de Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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n’existerait plus que par ses fantasmes et sa gloire. Mais il était désormais comme une bête en chasse, à la recherche d’un ventre féminin d’ascendance royale.
    Le 30 novembre au soir, le dîner en tête à tête fut particulièrement sinistre. Joséphine avait les yeux gonflés et rouges et Napoléon n’articula pas un mot. Le café fut servi comme à l’ordinaire : un page présenta à l’Impératrice le plateau portant deux tasses, la cafetière et le sucrier. Selon le cérémonial, elle emplirait la tasse de l’empereur et la lui tendrait. Mais là, il emplit lui-même sa tasse, la but et fit signe à Joséphine de le suivre dans le salon contigu. Il déclara sa décision.
    Elle éclata en sanglots, cria, manqua s’étouffer et s’écroula sur le tapis. Napoléon appela Bausset, le préfet du palais, qu’il pria de conduire Joséphine dans ses appartements, à l’étage en dessous. Il fallait pour cela emprunter un escalier étroit. Bausset entraîna l’épouse répudiée tout en la soutenant.
    — Vous me serrez trop, gémit-elle. Hortense accourut pour consoler sa mère.
    Le divorce n’était cependant pas officiel. Le couple impérial devait donner l’impression de l’alliance jusqu’au jour où l’annonce du divorce serait faite. Ce fut ainsi que, le 11 décembre, quatre jours avant la pathétique soirée du 15, l’Empereur et l’Impératrice se rendirent à la fête que le maréchal Berthier donnait dans sa propriété de Grosbois, en l’honneur des rois de Naples, de Westphalie et de Wurtemberg, autrement dit, de Joseph, de Jérôme et de Frédéric II de Wurtemberg.
    Puis vint l’affreuse soirée.
    Le lendemain, Napoléon vint à la Malmaison. Ils se promenèrent dans le parc gris et glacé, arbres noirs et sol blanc, comme si la couleur avait déserté le monde. Elle avait froid, elle serrait sa pelisse contre sa poitrine, et son visage avait presque disparu sous le châle. Ils ne dirent quasiment rien. Ils assistaient chacun aux funérailles de l’autre. Ils contrôlaient chacun de leurs gestes. Ils savaient que, derrière les fenêtres, des dizaines d’yeux les observaient. Le soir même, elle reçut ces lignes :
    Mon amie, je t’ai trouvée aujourd’hui plus faible que tu ne devrais être. Tu as montré du courage ; il faut que tu en trouves pour te soutenir ; il ne faut pas te laisser aller à une funeste mélancolie ; il faut te trouver contente et surtout soigner ta santé qui m’est si précieuse.
    Si tu m’es attachée et si tu m’aimes, tu dois te comporter avec force et te juger heureuse. Tu ne peux pas mettre en doute ma constante et tendre amitié, et tu connaîtrais bien mal tous les sentiments que je te porte si tu supposais que je puis être heureux si tu n’es pas heureuse et content si tu ne te tranquillises.
    Adieu, mon amie, dors bien, songe que je le veux.
    Amour, amitié, quel était le sens de ces mots ? Et maintenant, il dictait le sommeil ?
    Suivirent les souffrances de la dissolution du mariage religieux, puis de l’enregistrement du décret impérial de divorce par le Sénat, en séance solennelle… Le cardinal Fesch, qui avait pourtant célébré le mariage, déclara que celui-ci ne pouvait être valide, aucun prêtre de la paroisse n’y ayant assisté ; il n’avait, prétendit-il encore, célébré le mariage que sous la pression de Joséphine. Ce boniment fit évidemment rire les mauvais esprits, car il était difficile de s’imaginer Napoléon traîné à l’autel et marié malgré lui, n’eût-il même été que le Premier consul Bonaparte.
    Mais tels étaient les faits : Napoléon dictait ses ordres même à l’Église.
    L’affection d’Hortense et d’Eugène occupait désormais le premier plan. Ils ne sauraient faillir, eux.
    Elle conservait son rang d’impératrice et reine, ses privilèges, l’attelage à huit chevaux, l’écusson impérial sans brisure, sommé de la couronne à l’aigle, posé sur le manteau semé d’abeilles, oui, mais cela ressemblait trop aux honneurs que l’on rend aux défunts, comme s’ils étaient encore vivants.
    Tous les témoignages concordent sur la dignité sans ressentiment que Joséphine garda dès lors en dépit de l’humiliation et du chagrin. Peut-être furent-ils même avivés par les attentions que Napoléon lui prodiguait : elle était comme un condamné à mort que le peloton d’exécution aurait raté et s’évertuerait ensuite à panser. Et il écrivait

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